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Abdelghani Merah : "Avec cette marche, je veux défendre mon pays, la France"

Par Benjamin Rieth

En mars 2012, Mohammed Merah semait la terreur à Montauban et Toulouse tuant 7 personnes dont 3 enfants. Cinq ans plus tard, son frère Abdelghani a décidé de parcourir la France à pied, une "marche républicaine" pour lutter contre le terrorisme et les salafistes.

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Cinq ans après les attaques de Toulouse et Montauban qui ont fait sept morts dont trois enfants, le frère de Mohammed Merah s’est lancé dans une marche symbolique à travers toute la France. Il veut lutter contre le terrorisme et l’influence des salafistes, dit-il. Son périple doit se terminer ce dimanche dans la capitale, où il compte bien rencontrer le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, afin de lui demander une nouvelle loi et plus de répressions. Nous l'avons rencontré.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette marche ?

Pour dénoncer les intégristes religieux, ces prédicateurs qui volent la jeunesse de France, qui volent leur cerveaux, leurs cœurs. Je me suis aperçu que le salafisme et les Frères musulmans sont partout, même dans certains villages. À travers cette marche, je veux que les Français se réveillent. Il ne faut plus leur laisser la place, il faut récupérer nos valeurs qui sont celles de liberté, égalité, fraternité. Partir en Syrie pour mourir, se battre pour un pays qui ne nous appartient même pas, c’est cela qui est grave.

Pendant cette marche, vous avez rencontré des jeunes. Qu’est-ce que vous leur dites ?

Il y a une question qui revient beaucoup : "comment Mohammed a pu faire pour tuer des enfants ? ". C’est ça qui les choque le plus. Je leur explique que Mohammed était une bombe à retardement et le salafisme a été le détonateur. Mohammed a grandi dans un terreau fertile de haine à travers ses parents qui ont essayé de nous éduquer la haine du juif. Beaucoup me demandent : "comment tu as fait pour ne pas tomber dans le même piège ? ". J’ai eu de la chance. Il y avait la police de proximité qui nous a éduqué dans les valeurs de la République. Il y a aussi eu l’éducation nationale qui m’a presque élevé. Avec cette marche, je ne veux pas rendre la pareille mais je veux défendre mon pays.

Quand vous vous présentez aux personnes que vous croisez, quelle est leur réaction ?

Beaucoup sont touchés par ma démarche. Ils me disent "merci, bravo, merci pour la France". Ça me fait chaud au cœur. Maintenant, on ne m’appelle plus "le frère de Mohammed Merah". On m’appelle Monsieur Merah, c’est différent.

Les attentats de Toulouse et Montauban remontent à cinq ans. À quoi ressemble votre vie depuis ?

J’ai tout perdu. Je ne regrette pas d’avoir perdu ma famille haineuse parce qu’on ne partage pas les mêmes valeurs. Même si demain, ils veulent revenir vers moi, je ne veux pas. Je n’ai plus d’appartement, je me suis retrouvé SDF plusieurs fois. Personne ne m’a aidé, je me suis vraiment retrouvé sur le carreau. Mais je continuerai mon combat, je suis un combattant de la laïcité.

Vous marchez avec un drapeau français accroché sur votre sac à dos. Il signifie quoi ?

Ça signifie que je suis français. Certes, je ne suis pas né ici, je n’ai pas la nationalité française mais beaucoup de personnes d’origine maghrébine aiment la France, se sentent français, défendent la France. C’est mon pays d’accueil qui va bientôt devenir, j’espère, mon vrai pays à travers une carte d’identité.

 

Propos recueillis par Thomas Giraudeau

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