Une cigarette à la main, à l'entrée du service d'urgences de l'hôpital de la Timone, Inès attend les résultats d'examens d'une amie.
"Ça peut être très long, confie-t-elle. Quand on vient aux urgences, on sait qu'on va attendre, au minimum, quelques heures. Il y a peut-être des personnes qui pourraient se diriger vers un médecin. Elles pensent qu'elles seront mieux prises en charge aux urgences, mais c'est aussi la facilité. Financièrement, ça arrange quelques personnes. Il suffit de la mutuelle et de la carte Vitale pour ne pas payer d'avance."
Le docteur Joseph Ingrassia, fort de ses 30 ans d'expérience, a couché sur le papier les épuisements personnels, les surconsommations et les dérives constatées dans les services d'urgences dans son livre "Ce que vous devez absolument savoir sur les urgences" (Dolomites éditions). Pour lui, "les mentalités ont beaucoup changé".
"Les gens consultent beaucoup plus facilement et pour des pathologies beaucoup moins graves, relève-t-il. La santé, aujourd'hui est devenue comme une sorte de supermarché. On consomme de l'échographie, du scanner, de la consultation, au bon vouloir de chacun. La part de vraies urgences est de moins de 50 % et les urgences vitales, il n'y en a pas énormément."
Il cherche à proposer des solutions, comme créer des radars de santé pour repérer les patients qui abuseraient des services d'urgences, mais aussi augmenter l'offre de soins de la médecine de ville. Car il souligne, et il n'est pas le seul, que cette explosion de consultations aux urgences découle aussi d'une offre de soins de la médecine de ville devenue insuffisante.
Un reportage de Stéphane Burgatt pour Sud Radio