À 60 kilomètres au sud de Toulouse et à 30 kilomètres au nord-ouest de Foix, la vallée de la Lèze tombe chaque jour un peu plus dans l’oubli, selon les habitants de cette vallée qui était autrefois un point de passage prisé des Toulousains sur la route des sports d’hiver. L’ouverture de l’autoroute Toulouse-Foix et la fermeture des commerces désespèrent les locaux. À Artigat (Ariège), le chômage touche aujourd’hui 12% de la population.
"Je crois qu’on est vraiment des oubliés. Les restaurants, les cafés… On a l’impression que tout ferme. C’est une vallée qui se meurt", se désole Francine Pont, 56 ans, au chômage depuis janvier 2015. Que pourraient faire Emmanuel Macron ou Marine Le Pen face à cette situation ? "Rien. Je n’y crois absolument pas, et je pense même que la situation va s’aggraver. Que l’on soit dans un monde ou dans un autre, ça ne correspond pas du tout à notre quotidien. Ils sont très très loin de la réalité", déplore-t-elle.
Son mari Laurent (52 ans) est lui aussi au chômage, malgré plusieurs diplômes. "On veut bien profiter de votre expérience, mais on ne veut pas vous payer. On me propose des emplois à 9,76€. Je n’irai pas travailler gratuitement", explique-t-il avant d’envoyer un message aux deux candidats à la présidence de la République. "Qu’ils acceptent de travailler un mois payé au Smig, et qu’ils essaient de vivre avec. Au moins ils comprendront", lance-t-il.
Terre historiquement ancrée à gauche, l’Ariège a porté Jean-Luc Mélenchon en tête au premier tour (26,7%), devant Marine Le Pen (21,6%) et Emmanuel Macron (20,9%). Pour Francine, les deux finalistes ne sont porteurs d’aucun espoir. "On nous propose du vent. Les programmes, on les adapte en fonction de ce que les gens ont besoin d’entendre. Je n’y crois pas un instant, ça ne pourra pas fonctionner. Je n’ai aucun espoir en l’avenir avec ces deux candidats", annonce-t-elle, résignée.
Écoutez le reportage de Vincent Péchaire à Artigat dans l’Ariège, ainsi que l’interview de Laurent Pont, demandeur d’emploi de 52 ans.