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BayrouGate : Nicolas Grégoire, l'employé fictif pour le parti de François Bayrou

Par La Rédaction

Il y a 20 ans, Nicolas Grégoire était rémunéré comme assistant de deux parlementaires de Démocratie Moderne, le parti de François Bayrou. Il travaillait en fait pour le journal du parti, ce qui faisait de lui un collaborateur fictif, rémunéré par l'État. Il était l'invité d'André Bercoff sur Sud Radio, à qui il a raconté cette expérience, qu'il dénonce depuis de nombreuses années.

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André Bercoff : Nicolas Grégoire, vous racontez une histoire qui s'est passée il y a 20 ans et que vous avez relancé il y a un mois et demi. Une époque pendant laquelle vous étiez l'assistant parlementaire d'un député et d'un sénateur, mais dans la réalité, vous n'étiez pas du tout assistant parlementaire ?

Nicolas Grégoire : En effet, j'étais payé par des fonds publics, de l'Assemblée nationale et du Sénat et je travaillais à la place pour le parti de François Bayrou, qui s'appelait Force Démocrate. J'écrivais en fait dans le canard du parti, Démocratie Moderne. J'avais deux employeurs. Ambroise Guellec, député, et Jean-Jacques Hyest, sénateur. Ambroise Guellec, je l'ai vu trois fois, dont une pour signer mon papier et une pour travailler trois heures à l'Assemblée avec lui. Je lui ai dit ensuite que c'était hors de question que je continue et que j'allais travailler intégralement pour le parti. Jean-Jacques Hyest, je l'ai vu deux fois, c'est tout.

Comment est-ce que vous êtes arrivé à ce poste ?

Je cherchais du travail, j'étais fraîchement diplômé d'une école de journalisme. J'ai eu deux entretiens d'embauche, on m'a recruté et on m'a dit : 'On va demander à des parlementaires de nous aider pour votre salaire. Ça vient de la réserve parlementaire, ils peuvent l'utiliser à leur discrétion, c'est tout à fait légal'. J'ai cru, naïvement, que c'était la vérité. Mais en fait, il était déjà formellement interdit à des assistants parlementaires de travailler pour le parti.

Pourquoi avez-vous arrêté ?

Ambroise Guellec n'a pas été réélu député aux législatives suivantes. J'avais une partie de mon salaire qui avait donc disparu. On m'a alors dit : 'Va faire la campagne de quelqu'un d'autre'. On participe à la campagne, mais après, on n'a plus rien à faire pour lui. Là, j'en ai profité pour partir en courant. Ces gens me menaçaient. J'étais en train de devenir quelqu'un d'autre. Même à mon modeste niveau, j'ai été pris par l'ivresse du pouvoir. L’élément déclencheur, c’est quand j’étais à la Poule au Pot, la cantine de l’UDF, rue de l’université, à un déjeuner avec pas mal de gens de l’UDF. Quelqu’un m’a accusé d’être un apparatchik, là uniquement par conviction. Je lui ai répondu ‘Oui c’est vrai, mais au fond du fond, je le fais pour aider la France’. Tout le monde a explosé de rire dans la salle. L’un d’eux avait la larme à l’œil et m’a dit ‘Tu es un idéaliste, c’est bien’.

Cette affaire s'est passée il y a près de 20 ans. Pourquoi en avoir parlé à nouveau ces dernière semaines ? Est-ce que vous avez des motivations politiques ?

Oui, c’est pour une raison politique. Il faut savoir que j’ai essayé, pendant des années, d’alerter la presse. Je l’ai fait sur l’IRFM, sur les emplois fictifs. Personne ne m’a écouté. J’ai choisi, avant le premier tour, de prendre une date qui, politiquement et médiatiquement, ait un sens. Je voulais que Macron soit acculé par ce scandale avant le premier tour et qu’il soit forcé de prendre des mesures fortes pour moraliser la vie politique française, parce que j’estime que si on ne fait rien maintenant, on va se retrouver avec Marine Le Pen à l’Élysée dans cinq ans. François Bayrou était un rouage essentiel de l’équipe Macron. Maintenant un peu moins, mais il n’aurait pas pu accéder au second tour sans l’équipe de Bayrou.

Réécoutez l'intégralité de l'émission André Bercoff dans tous ses états, de 11h à 12h30 sur Sud Radio.

Retrouvez l'enquête du Lanceur.fr sur cette affaire, "François Bayrou est-il vraiment Monsieur Propre ?"

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