Retranscription des premières minutes :
- « Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Patrick Roger. » « Soyez libres comme chaque matin avec vous, Elisabeth Lévy. Bonjour Elisabeth. » « Bonjour Patrick, bonjour à tous. » « Alors, dites-moi, c'est assez intéressant ce qui vient d'être annoncé par Gérald Darmanin.
- Il dit que les victimes seront maintenant prévenues, notifiées, lorsque leur agresseur sort de prison.
- Prévenues lorsque l'agresseur sort de prison, mais le terme choisi, c'est notifié.
- C'est ça qui vous interpelle.
- « C'est-à-dire, il a dit, elles seront notifiées.
- Ben non, on ne dit pas que les victimes sont notifiées, mais il sera notifié aux victimes quelles.
- Et en fait, pourquoi je le note, pas pour refaire ma bêcheuse, mais parce que c'est un anglicisme et ce n'est pas par hasard si Gérald Darmanin emploie un anglicisme.
- Parce que vous savez, cette idée s'est tout droit sortie des séries policières américaines où vous avez un scénario récurrent qui est, on apprend à la victime justement que son violeur, son agresseur, celui...
- qui a tué un proche, va sortir de prison.
- Alors en général, il sort de prison aussi méchant qu'il y est entré...
- Oui, je vous parle de scénario, là, toujours.
- Ce qui témoigne... Oui, mais ça dit beaucoup, vous savez.
- Ce qui témoigne de la faible confiance dans la capacité de l'être humain à changer et dans celle de la justice à réinsérer, bon, alors...
- Mais si vous voulez, c'est pour ça que ça m'a frappé cette expression.
- Alors bien sûr, attention, il est légitime que les victimes puissent suivre le parcours.
- ... que les victimes puissent suivre le parcours.
- Le parcours judiciaire du coupable, il est aussi légitime que le parquet les reçoive à leur demande.
- Beaucoup disent qu'elles n'ont aucune information et que personne ne s'enquiert de leur sort que la justice s'intéresse plus aux coupables.
- Alors oui, c'est possible d'ailleurs, mais c'est pas complètement anormal parce que le rôle de la justice, c'est d'abord de sanctionner les coupables.
- Et pour ça, c'est ça la première réparation.
- Et pour sanctionner les coupables, eh bien dans un état de droit, il faut prouver, enfin normalement, c'est pas toujours le cas, il faut donc les écouter, conformément à toutes nos règles, le contradictoire, etc., qui sont des principes fondamentaux, c'est pas juste des chichis.
- Alors, ce qui me gêne, en fait, ce ne sont pas les mesures concrètes annoncées par le ministre, c'est très bien de recevoir les victimes, vraiment, c'est l'emballage philosophique.
- Pourquoi ? Parce que, que nous dit Gérald Darmanin ? Eh bien que tout cela doit conduire à mettre la victime, qui serait la grande oubliée du système, au centre du système judiciaire.
- Mais c'est normal après tout, non ? Eh bien non, c'est une espèce de...
- Une fausse évidence, c'est un peu comme l'enfant au centre du système scolaire, vous savez, qui nous a amené beaucoup de catastrophes.
- C'est une erreur, en fait, de point de vue.
- La justice, elle n'est pas rendue au nom de la victime, elle est rendue au nom du peuple français.
- Alors, bien sûr, ce qui déclenche l'action judiciaire, c'est le préjudice, la souffrance causée.
- Mais ce n'est pas la victime qui apprécie cette souffrance.
- C'est pas elle qui dit, voilà ce qu'on me doit.
- C'est pas elle qui fixe la peine, c'est pas elle qui l'exécute.
- Pourquoi ? Parce qu'entre elle et le coupable, ce tiers, c'est l'État, la puissance publique, qui s'interpose.
- Et c'est ça qui fait la différence entre la justice et la vengeance.
- Si vous voulez, parce que sinon, on dirait, tu m'as pris un fils, je vais te prendre le tien.
- Je veux dire, tout le monde a des pulsions comme cela, c'est tout à fait normal.
- Alors, la mission première de la justice, en réalité, c'est d'abord de protéger la société.
- La réparation, elle vient après.
- Et d'ailleurs, l'État poursuit même quand il n'y a pas de victime, Patrick.
- Par exemple, après un attentat raté, le parquet va ouvrir une information, on poursuit, il y a une action publique.
- Ou quand la victime est une personne morale.
- Dans le cas d'abus de biens sociaux, il y a des poursuites, et puis il n'y a pas quelqu'un qu'on...
Transcription générée par IA