Retranscription des premières minutes :
- Le 14 juillet 1993 disparaissait une grande voix, une grande plume de la chanson française Léo Ferré et pour en parler bien sûr Jacques Pessis. Bonjour Jacques.
- Bonjour Laurence. Il n'y a rien de curieux, il est mort le 14 juillet, c'est quand même le comble pour un anarchiste.
- C'est pas faux. Léo Ferré, on l'écoute ? Bien sûr.
- Le piano du pauvre, Léo Ferré pour commencer.
- Oui c'est l'accordéon le piano du pauvre et c'est l'une de ses premières chansons.
- L'accordéon c'est un instrument de musique cher à Léo Ferré parmi beaucoup d'autres parce qu'à 10 ans il se passionne pour la musique, il invente des orchestres.
- Il est à Monaco et il joue devant la mer sur les remparts à inventer des orchestres qu'il dirige.
- Alors grâce à la complicité d'un oncle qu'il aime beaucoup, il travaille au théâtre et il assiste à des répétitions de grands musiciens.
- Et un jour qui vient ? Maurice Ravel.
- Léo Ferré va rencontrer Maurice Ravel et l'apercevoir en train de diriger le boléro et la pavane pour une enfant défunte.
- Et ça c'est le choc de la vie de Léo Ferré parce que Maurice Ravel lui fait un sourire, parle avec lui, en disant tu seras musicien un jour, on ne peut pas rêver mieux comme début.
- Pygmalion.
- Alors ensuite il monte dans les cabarets, il se produit à Paris dans une indifférence quasi générale et un soir il fait la connaissance d'une jeune chanteuse totalement inconnue mais à qui on prédit une belle carrière qui s'appelle Catherine Sauvage.
- Et Catherine Sauvage va enregistrer une chanson qui va être le premier succès de Léo Ferré, Paris Canaille.
- Paris bandit, on m'inquiète plus, t'as pas d'ennemis.
- Dans la police, dans ton corsage de néon, tu n'es pas sage mais c'est si bon.
- C'est si bon Paris Canaille avec Léo Ferré.
- Un classique de la chanson.
- Alors Léo Ferré il est toujours dans les cabarets parce que sa chanson elle marche mais lui ça marche pas très bien.
- On l'écoute d'une oreille très peu attentive mais il y a quand même ses premiers fans.
- Et son premier fan c'est le Prince Régnier qui vient le voir à Paris, qui dîne chez lui avec des fleurs blanches et rouges aux couleurs de Monaco.
- La seconde c'est Louise de Villemont.
- La romancière qui l'appelle le divin Léo et puis un philosophe, Gaston Bachelard, inconditionnel de Léo Ferré qui va lui écrire « On se sent plus vivant après vous avoir écouté ».
- Alors il enregistre des albums au genre toujours très différent, c'est très particulier avec Léo Ferré.
- Il y a des chansons de Jean-Roger Cossimon qu'il a connues au Lapin Agile qui est devenu son complice.
- Il y a un 33 tours tiré des fleurs du mal de Baudelaire et puis des musiques sur des poèmes de Louis Aragon.
- Forcément.
- On ne peut pas faire plus disparate.
- Et puis au début des années 60, il se retrouve enfin à l'affiche des Music Hall et là ça commence à marcher, son tour de chant.
- Il y a des couplets qui résument parfaitement ce début de carrière « Quand c'est fini, ça recommence ».
- « Quand c'est fini, ça recommence, à la loterie chacun s'en va tenter sa chance.
- Bravo Margot, t'as le gros lot, quelle bonbonce, du pétillant à 50 francs, ça c'est du vrai nanon alors ! » « C'est juste joyeux. » « Oui, oui, c'est vrai. » Alors, mai 68, c'est un tournant dans la carrière de Léo Ferré.
- Il se produit à Bobineau et dans la salle, il y a plein de jeunes qui lèvent des drapeaux noirs.
- Il devient, à son insu, un symbole de la jeunesse des barricades.
- On le prend pour un manifestant de mai 68, ce qui lui pose des problèmes parce que dans certaines salles, on lui lance des boulons, des canettes de bière, on le menace du poing alors qu'il n'a jamais manifesté pendant mai 68.
- Et il dira « On me reproche de ne pas avoir été sur les barricades. » Oui.
- « Et moi, les barricades, ça fait 20 ans que je les construis à titre personnel. » Alors, il décide...
Transcription générée par IA