Ce matin, le projet de loi de finances pour 2019 est présenté en Conseil des Ministres. Mais, sait-on déjà tout ? Non, car un projet de budget, ce sont des projections de dépenses (ministères par ministères) et de recettes (donc des impôts) qui sont ajustées jusqu’au dernier moment. Et puis ensuite il y a trois mois de discussion parlementaire qui font que la loi de finances pour 2019 sera assez différente de ce qui sera présenté dans quelques heures. Le plus important, ce sont les paramètres économiques qui servent à établir le niveau des recettes, et l’ampleur du déficit. Si les choix budgétaires sont des choix politiques, ils s’appuient sur des paramètres macro-économiques qui ne sont que des estimations. Et ces estimations sont bien souvent sujettes à caution.
Par exemple, Emmanuel Macron a une obsession depuis son arrivée au pouvoir : c’est de maintenir le déficit budgétaire au dessous de la fameuse barre des 3 % du PIB qu’impose Bruxelles. Cela a été réussi l’an passé. Cela le sera aussi cette année. Mais pour l’an prochain, c’est beaucoup plus compliqué. Car à cause de certains cadeaux fiscaux le déficit devrait atteindre 2,8 % de la richesse nationale. Mais à condition que la croissance atteigne 1,7 % en 2019. Or la Banque de France et l’Insee viennent d’alerter nos dirigeants sur un ralentissement qui pourrait se prolonger l’an prochain. Dans ces conditions les recettes fiscales pourraient être beaucoup plus basses que prévu. Et le déficit s’envolerait bien au dessus de 3 %
Tout cela c’est avec des si, mais l’économie s’observe avec les statistiques et se construit avec des hypothèses. Il y a une autre hypothèque qui est très importante, c’est le niveau des taux d’intérêt. Actuellement ils sont à leur plus bas niveau historique. Formidable ! Mais nous savons tous qu’ils vont remonter. Ils peuvent même rebondir haut si l’Italie, par exemple, n’arrive plus à emprunter. Or nous avons une dette de 2200 milliards d’euros. Si les taux montent de 1 % seulement l’an prochain. Cela nous obligera à payer une dizaine de milliards d’intérêts en plus. Et tout cela n’est pas pris en compte dans le budget. Alors que c’est une dépense plus grande que celle des forces de police et de gendarmerie.
Il y a donc trois leçons à retenir du passé :
- La première, c’est que au cours des 45 dernières années, pas un seul projet de budget n’a été respecté. Ce qui est grave. A l’intérieur d’une famille, ce ne serait pas possible.
- La deuxième, c’est que le problème de ce budget, c’est que la marge de manœuvre est très faible. Sur un budget global de près de 300 milliards d’euros, le gouvernement a tenté de faire bouger le curseur de 5 à 10 milliards d’euros.
- Et puis la troisième, c’est un adage bien connu. Les statistiques ou le budget, c’est comme les bikinis. Le plus important, c’est ce que ça cache. Or tout ce qui ressort de ce projet de loi de finances, c’est que la France reste droguée à la dette, au déficit, et à une dépense publique exorbitante. Et que quelque soit le Président ou le gouvernement nous n’arrivons pas nous passer de ces créances sur l’avenir que payeront nos enfants et nos petits-enfants.