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Myret Zaki : "Les indices perdent leur utilité citoyenne"

Myret Zaki, journaliste spécialisée des questions d’économie, auteur de “Désinformation économique - Repérer les stratégies marketing qui enjolivent les chiffres officiels” aux éditions Favre, était l’invitée de “Bercoff dans tous ses états".

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Myret Zaki, invitée d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Pour la journaliste Myret Zaki, le trolling est "une industrie qui est très développée et qui ne fera que s'accroître. C’est la façon dont le marketing fonctionne sur les réseaux sociaux. On va payer des gens pour venir participer à la discussion, montrer leur enthousiasme, alors qu’ils sont payés, parfois ils ont des scripts pour intervenir, explique-t-elle. Cela a été beaucoup pratiqué dans les communautés des cryptomonnaies aussi. Des jeunes qui n’ont pas beaucoup de moyens ont été recrutés pour devenir ‘l’armée marketing’ qui va faire mousser un produit. Mais tout ça n’est évidemment pas spontané".

Selon elle, cela s’inscrit dans "un contexte". "Comme les pays occidentaux sont très endettés et que leur situation décline, on sent qu’il y a une volonté de conserver une image de suprématie économique avec des PIB fantastiques, des taux d’inflation très bas. Ils l’ont été pendant les dix dernières années et ne le sont plus maintenant. Les taux de chômage sont magnifiques, même aujourd’hui", explique l’auteure de Désinformation économique - Repérer les stratégies marketing qui enjolivent les chiffres officiels.

 

"Ils ne nous informent pas sur la vraie situation de l’économie"

"Tout cela sous-estime la réalité économique. Les taux d'inflation ont, en réalité, été sous-estimés depuis des années, les taux de chômage aussi. En France par exemple, il y a tout un halo de chômage, on sait qu’il existe, mais on ne veut pas l’inclure dans les chiffres, ni dans les indices, explique Myret Zaki. Les indices perdent ainsi leur utilité citoyenne. Ils ne nous informent pas sur la vraie situation de l’économie".

"Si je veux connaître mon pouvoir d’achat et que j’ai une inflation qui est sans cesse sous-estimée, par exemple, en France, les prix de l’immobilier ne sont pas inclus. On va vous compter le loyer qui va être de 6% de l’indice d’inflation alors que pour le budget de personnes plus modestes, cela représente 25% de leur budget, juge-t-elle. On va vous exclure les prix des maisons alors qu'aujourd’hui les jeunes n’arrivent plus à acheter de maisons parce qu'elles sont beaucoup plus chères pour eux, que pour les générations précédentes", explique la journaliste au micro de Sud Radio.

 

"Les indices commencent à perdre leur signification"

"Le prix de l’énergie, comme le carburant, est mis à 4% de l’indice d’inflation. Mais c’est trop peu parce qu’il a beaucoup augmenté aujourd’hui et que pour certains cela représente une partie beaucoup plus élevée de leur budget, juge Myret Zaki. Donc, l’indice d’inflation ne vous informe pas vraiment parce qu’il s’agit d’une moyenne et les moyennes c’est pour tout le monde, pour les riches comme pour les pauvres".

"Pour les plus pauvres, ce poste de charges pèse beaucoup plus lourd dans leur budget, explique Myret Zaki. C’est des indices qui commencent à perdre de leur signification. Nous avons utilisé des méthodes statistiques qui vont toujours sous-estimer l’inflation plutôt que la surestimer. Si vous achetez un nouveau smartphone, vu qu’il a de nouvelles fonctionnalités, on va vous compter que vous ne l’avez pas payé plus cher alors qu’en vrai c’est le cas. Comme vous avez gagné en qualité, vous n’avez pas payé plus cher", explique-t-elle.

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 12h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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