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Laurent Obertone : "Le mode de vie à l’ancienne est raillé"

Par Jean Baptiste Giraud

Laurent Obertone, essayiste, auteur de "Raisonnablement sexiste" (Éditions Magnus), était l'invité d’André Bercoff sur Sud Radio le jeudi 28 septembre 2023 dans "Bercoff dans tous ses états".

Laurent Obertone
Laurent Obertone, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Dans son livre, Laurent Obertone appelle à remettre les femmes à leur place. Qu’entend-il par là ?

 

Laurent Obertone : "Beaucoup d’individus vont se conformer aux schémas suggérés par la production culturelle"

"Remettre les femmes à leur place, c’est leur rendre leur pouvoir de décision et d’indépendance. L’air du temps est à cette tendance. Car il faut se rendre compte que, du moment que vos libertés sont suggérées par le conditionnement médiatique, politique et social, on ne peut plus parler de liberté. On n’assiste pas à une réelle émancipation, bien au contraire, à mon avis. Toute la production culturelle aujourd’hui en témoigne : le monde de vie à l’ancienne est ciblé, ringardisé, raillé. Et je pense que beaucoup d’individus vont se conformer à ces schémas suggérés par la production culturelle", a expliqué Laurent Obertone.

Selon Laurent Obertone, aujourd’hui, on parle beaucoup des droits mais pas des devoirs, on parle des libertés mais pas de responsabilité. "C’est le drame de la société infantilisante où on croit que, quoi qu’il arrive, même si c’est de notre faute, l’État va s’occuper de nous et réparer les conséquences. Et finalement, l’individu se trouve notoirement dépourvu des conséquences de ses actes. Il redevient un enfant qui n’a aucune vision temporelle à long terme et qui va faire tout ce qui lui passe par la tête en se disant : ‘peu importe les conséquences puisque je ne suis pas responsable’. Si on réhabilite la notion de responsabilité, c’est seulement là qu’on va avoir la fierté et l’accomplissement des adultes autonomes. Malheureusement, il n’y en a de moins en moins. Mais je pense qu’une société digne de son nom doit marcher vers des individus fiers, responsables et qui mesurent pleinement les conséquences de ce qu’ils font."

"L’équité d’expression n’existe pas"

Selon Laurent Obertone, aujourd’hui les gens n’ont ni but ni dessein. "Je pense que les grands repères anthropologiques qui structurent la société se sont étiolés, ils s’effondrent les uns après les autre. On parle de l’Église, mais on peut aussi parler de la famille. On sent bien que sans ces repères structurels, sans la transmission, les individus sont perdus. Ils sont dans cette société liquide sans vraiment de but ni dessein. Et plutôt que de s’interroger sur le sens de tout ça, ils préfèrent se divertir massivement et rattraper la récompense là où elle est, que ce soit la drogue, les écrans, les loisirs, le sexe... Tout est bon à prendre pourvu qu’on s’occupe et qu’on oublie pourquoi on est là, ce qu’on veut transmettre, l’image qu’on veut donner… C’est sans doute plus pratique à court terme."

Autre enseignement de ce livre : le progressisme est l’apanage de ceux qui sont audibles dans l’espace public. "Les thématiques progressistes sont majoritaires dans le monde qui compte, qui va parler aux masses : le monde de la culture, les grands médias, les universités… dans ces milieux-là, c’est la bonne couleur idéologique. Il faut être progressiste, woke, militant LGBT, transactiviste, etc. pour avoir la bonne panoplie pour être dans ce monde-là bien à sa place. C’est un laissez-passer. Dans le reste de la société, c’est beaucoup plus compliqué. Le Gaulois réfractaire est bien vivant, mais on ne l’entend presque pas parce que l’équité d’expression n’existe pas. Dans son jardin, monsieur Moyen n’a aucun pouvoir pour s’exprimer sur ces questions, ce n’est pas lui qu’on va choisir pour passer dans les journaux télévisés pour exprimer son point de vue là-dessus. Un mouvement idéologique qui est minoritaire, marginal numériquement, a un bien moindre pouvoir de communication, de conditionnement et d’intimidation", explique Laurent Obertone.

 

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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