Faut-il craindre une menace terroriste additionnelle en France à cause de la guerre Israël-Iran ?
Gilles Sacaze : "Avec les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, on redécouvre l'impérieuse nécessité de ne compter que sur nous-mêmes"
"En Europe, le terrorisme islamiste qu'on a subi n'a rien à voir avec l'Iran. Alors qu'on a essayé à un moment donné de mélanger l'Iran et les chiites. Les Israéliens subissent ce terrorisme islamiste-là. Nous, on est plutôt sur un islam sunnite, salafiste. Nos intérêts ne convergent pas complètement en termes de menace terroriste, même si les Israéliens sont évidemment nos partenaires. Et ce distinguo-là, il faut le faire, parce que sinon les gens ne comprennent pas", a répondu Gilles Sacaze.
Et que dire de la guerre qui se déroule aux portes de l'Europe ? "Oui, parce que 'Plus jamais ça'. Et on a pensé que la dissuasion nucléaire avait calmé toute envie de guerre de la part de nos ennemis. Et on voit que la réalité est plus complexe et qu'on revient sur des schémas de conflits beaucoup plus classiques, où on est obligés d'engager nos troupes sur le terrain pour défendre nos intérêts. On ne le découvre pas : l'armée française est en guerre depuis plusieurs décennies, à notre échelle bien sûr. Là, avec les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, on redécouvre l'impérieuse nécessité de ne compter que sur nous-mêmes. Parce que on est passés d'un Biden qui était ami avec l'Europe à un Trump qui a une politique un peu plus américano-américaine, 'America first'. On redécouvre le besoin de souveraineté, ce qui est quand même un peu grotesque, parce que l'Europe est composée de vieilles nations qui ont toujours fait de leur souveraineté une priorité."
"On n'a plus l'influence qu'on avait pour pouvoir jouer cette troisième voie"
"L'Europe est-elle devenue spectatrice des grands conflits mondiaux ? "Comment voulez-vous qu'on pèse encore dans le paysage et qu'on soit à la table des négociations? On a détricoté toute notre influence. Cela ne date pas du mandat Macron, ça a démarré bien avant. Mais ça s'est précipité quand même, il faut le reconnaître, sur les dix dernières années. On n'a plus l'influence qu'on avait pour pouvoir jouer cette troisième voie quand on s'est alignés derrière les intérêts américains à l'époque de Biden. On est complètement sortis du gaullisme. Avant, on pouvait faire une bascule d'un côté ou de l'autre en ayant une certaine souveraineté. Du moment qu'on s'aligne derrière un grand, quel qu'il soit, on n'existe plus, ils n'ont plus besoin de nous", a commenté Gilles Sacaze.
"Au-delà de ça, tous les problèmes qu'on a en interne… Quand on parlait du risque de balkanisation de la France… On le voit : on ne peut plus faire une fête, on ne peut plus faire une commémoration, on ne peut même plus organiser un match de foot important sans que l'État perde la main. Comment voulez-vous qu'on pèse à l'international si déjà, au niveau national, on ne maîtrise pas notre territoire en interne ? [Et à l'international,] des puissances intermédiaires se permettent de nous piétiner ou de violer notre souveraineté allègrement sans qu'il y ait de réaction à la hauteur. Qu'est-ce que vous voulez qu'on aille expliquer aux Iraniens, aux Israéliens, aux Américains, aux Russes ou aux Ukrainiens, ce qu'ils ont à faire ? Notre parole, elle ne pèse pas", a poursuivi Gilles Sacaze.
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