Peines minimales, travail en prison... : le ministère de la Justice promet enfin des réformes.
"Souvent, quand on arrive en détention, les peines sont lourdes du fait d'une accumulation des sursis
Béatrice Brugère est revenue sur l'interview de Gérald Darmanin sur BFMTV-RMC ce jeudi 12 juin 2025, et notamment son souhait de réinstaurer les peines minimales. "Ce matin Gérald Darmanin a dit : 'Moi, je suis peut-être pour les peines minimales'. J'ajoute tout de suite que c'était le système en 1994. Les peines minimales, ce n'est pas les peines plancher. En 1994, notre Code pénal prévoyait un maximum de peines : trois ans, cinq ans, dix ans… Et un minimum de peines sous lequel le magistrat ne pouvait pas descendre. Cela a été supprimé par Badinter avec le nouveau Code pénal en 1994, et on a gardé que les seuils maximum. Donc, le ministre dit : 'Aujourd'hui, revenons au minimum, parce que je veux m'assurer que sur certaines infractions, notamment les atteintes contre les forces de l'ordre, on puisse avoir des peines qui ressemblent à des peines et qu'elles ne soient trop faibles'."
La suppression du sursis est elle aussi sur la table du ministre de la Justice. "Deuxièmement, Gérald Darmanin annonce la suppression du sursis. Pourquoi ? Parce qu'on s'aperçoit aujourd'hui qu'en France, avant d'aller en prison, on a en moyenne 7 à 8 condamnations. Et chez les mineurs, c'est sans doute davantage. Donc, le sursis a perdu son sens. C'est censé être un rappel. La première fois, si c'est pas trop grave, on vous rappelle le cadre, vous êtes quand même sous surveillance pendant cinq ans. Et si dans un délai de cinq ans vous recommettez un crime ou un délit, à ce moment vous faites votre première peine en plus de l'autre. Mais en 2013, Christiane Taubira a supprimé la révocation automatique du sursis. Donc, aujourd'hui on peut accumuler des sursis, ce qui fait qu'on ne comprend pas. Et souvent, quand on arrive en détention, les peines sont lourdes. C'est ce qui fait la surpopulation : c'est pas qu'il y a beaucoup de gens qui rentrent en prison, mais quand ils rentrent, ils rentrent pour des détentions qui sont très longues", a expliqué Béatrice Brugère.
"La Suisse et l'Allemagne font des peines ultra-courtes, mais dès la première fois"
Béatrice Brugère rappelle par ailleurs qu'en matière de peines, nos voisins font l'inverse. "La Suisse et l'Allemagne font exactement l'inverse. La Suisse et l'Allemagne ont un taux de détention qui est entre deux et quatre mois. Nous, on est à un an. Eux, ils font des peines ultra-courtes, mais dès la première fois. Donc, il y a une pédagogie dans la sanction."
Béatrice Brugère pointe aussi le fait que le travail en prison n'est pas ce qu'on aurait aimé qu'il soit. Mais on peut espérer que cela change. "En France, on n'a pas investi les prisons, aujourd'hui le travail en prison est difficile. Les prisonniers ne travaillent pas comme on pourrait l'imaginer. Éric Dupond-Moretti voulait faire ça, mais ça ne marche pas. Et donc, le temps de la prison n'est pas utile : on rentre trop tard en prison, trop long, et le travail de probation n'est pas efficace. Donc, on voit bien que c'est tout le système qui dysfonctionne. Et je dis bravo à Gérald Darmanin qu'il réexamine ça. Mais il va falloir se battre contre des préjugés, des habitudes, un conservatisme et parfois de l'idéologie."
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