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Annie Ernaud : "C'est l'écriture du deuxième sous-sol"

Par Adélaïde Motte

L'écriture féministe en mérite-t-elle le nom ? André Bercoff en parle sur Sud Radio le 11 décembre.

écriture
Philippe Pichon, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Philippe Pichon, auteur de “Pourquoi la littérature [du vagin] respire mal” aux éditions du Verbe Haut était l'invité d'André Bercoff lundi 11 décembre sur Sud Radio.

"Annie Ernaud n'est pas un écrivain de seconde zone, c'est pas une écrivaine du tout"

Philippe Pichon n'est pas tendre avec un certain nombre d'écrivaines actuelles. "Annie Ernaud n'est pas un écrivain de seconde zone, c'est pas une écrivaine du tout", assène-t-il concernant celle qui a pourtant reçu le prix Nobel de littérature. Elle a pourtant revendiqué avoir un style plat et neutre, et pour Philippe Pichon, "quand on a un style neutre ou plat, on ne fait pas œuvre de littérature". Non seulement le style d'écriture d'Annie Ernaud ne vaut rien, mais son fond même n'a pas d'intérêt, puisqu'elle fait de l'autobiographie. "Elle n'aurait dû donner qu'un seul ouvrage, or elle lui donne une sorte d'allure feuilletonesque, on en a pris pour vingt ans."

Annie Ernaud n'est pas la seule qui ne trouve pas grâce aux yeux de Philippe Pichon, qui cite dans Pourquoi la littérature [du vagin] respire mal un certain nombre d'auteurs de bas étage. Ainsi en est-il de Christine Angot. "C'est ce que j'appelle la chiffonnerie de la littérature, de la malbouffe livrée au narcissisme." Car pour être valable, une œuvre ne peut pas être égocentrique, et c'est justement le problème de la littérature féminine qui se contente de se plaindre. "Le je n'est pas exclusivement du moi", même si "on peut aller chercher un matériel autobiographique", cela ne vaut rien s'"il n'y a pas un retravail derrière". "L'âme utérine de Christine Angot ne m'intéresse pas, tout ça me tombe des mains. Ce n'est que mon avis, elle ne me force pas à la lire mais elle ne peut pas m'interdire d'écrire ce que je pense d'elle quand je l'ai lue."

Dans l'écriture moderne, "la cause l'emporte sur le style"

Philippe Pichon n'est pas pour autant allergique à tout écrivain féminin. "Colette, Sagan et Dormann, ce sont des écrivains, il y a une gouaille littéraire", "il peut y avoir un regard féminin mais pas une écriture féminine." Concernant les auteurs plus récents, il cite notamment Virginie Despentes : "j'avais beaucoup aimé Baise-moi, on était descendu de quelques marches avec Subutex", en revanche, tout s'écroule avec le troisième : "tout ça n'a absolument aucun intérêt". Il n'est pas pour autant question d'être d'accord ou non avec les thèmes et la façon de les aborder, puisque c'est d'abord l'écriture qui compte. "Murielle Cerf, que je trouvais formidable, je ne partageais pas forcément l'opinion mais il y avait du fond".

Quand Philippe Pichon décide décrire Pourquoi la littérature [du vagin] respire mal, ou plutôt de se pencher sur la question, c'est en réaction à Sandrine Rousseau, qui crie à l'Assemblée nationale "lâchez nos utérus". "Je me suis dit, est-ce que ce j'entends là ça se retraduit dans la littérature." Il se trouve que oui, et que les résultats sont dramatiques. "La cause l'emporte sur le style, on est dans quelque chose qui n'a plus de goût."

"On ne pourra pas revenir à un bien-vivre ensemble s'il n'y a pas de pacification"

Avant la retraite, qui lui a permis de se consacrer à la lecture, Philippe Pichon a été policier. Il regrette ainsi de nombreux dysfonctionnements qui existaient déjà entre les années 90 et 2000. "La parole du policier était remise en cause, le policier était présumé coupable, on demandait neuf fois sur dix d'arrêter la poursuite", égrène-t-il, affirmant qu'"on a des temps de retard, il faudrait donner des moyens conséquents à la police judiciaire qui ne les a pas, elle n'a quasiment aucun moyen , il faudrait redoubler, quadrupler, tripler les services de renseignements." Sans compter le système aberrant de comptage, "il faut que toutes les petites cases soient vertes, pendant un mois, parce que le politique a décidé que la priorité, c'était les vols à la roulotte, hop ! On ne fait plus que ça." Un problème qui existait déjà à l'époque et qui "va crescendo".

Entre la montée de la délinquance et le désintérêt politique, la police tombe dans la tourmente. "On rentre dans la police comme on pourrait être boulanger, la base a un petit peu changé, on a appris ce métier comme on serait postier", regrette Philippe Pichon qui parle d'un problème de vocation. "Depuis une petite dizaine d'années, il existe la rupture conventionnelle dans la police nationale, et le nombre de ruptures conventionnelles ne cesse d'augmenter, quel que soit le grade", alors même que "quand on est commissaire de police, on est quand même appelé à avoir une carrière sympathique".

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff du lundi au jeudi  à 13h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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