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Pascal Dupraz : "Le club entier vit une belle histoire"

Par Mathilde Régis

Le TFC est à seulement un match pour assurer son maintien en Ligue 1 : une remontée incroyable que de nombreux observateurs attribuent à Pascal Dupraz et à son management. Aujourd'hui, l'entraîneur croit plus que jamais dans son équipe, il était invité pour une interview exclusive sur Sud Radio Sports.

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Judith Soula : Quand vous avez rejoint Toulouse début mars vous aviez annoncé la couleur à vos joueurs, "les neuf premiers matchs c'est pour vous, le dernier c'est pour moi, je sais faire". Quel est maintenant le discours, parce qu'on y est au dernier match ?Pascal Dupraz : C'est surtout qu'ils ne changent rien, parce que j'ai encore besoin d'eux. S'ils s'imaginaient que j'allais enfiler les cuissards et les chaussettes, ils se sont mis le doigt dans l'oeil. C'est bien eux, les joueurs, qui maintiendront le TFC samedi soir après la rencontre d'Angers. Vous savez que désormais, on vous appelle Dieu-Praz. C'est parce que vous avez ressuscité l'équipe ? Je crois en Dieu, mais je sais depuis toujours que ce n'est pas moi. Ça vous fait sourire ? Oui ça me fait sourire parce qu'un jour on m'appellera Diable-praz, ou je ne sais pas, Lucifer ou Belzébuth. Le football est versatile. En tout cas, pour ceux qui l'aiment, ceux qui en vivent, ceux qui le dirigent et je reste très humble par rapport à ça. Ça me fait quand même chaud au cœur de savoir que les gens sont très sympathiques avec moi. Les gens sont ici discrets, mais me saluent chaque fois qu'ils me croisent et ils me disent merci. C'est quelque chose qui me surprend, très honnêtement. En tout cas vous leur avez redonné confiance, aux joueurs, mais aussi au public ? Ma tâche était de redonner confiance aux joueurs. Mais après, ma conception du football, je crois que chacun l'a compris, se rapproche du football amateur au sens noble du terme. Cela veut dire qu'on aime le foot. Et le foot est aimé par beaucoup. Donc c'est un grand rassemblement, c'est une grande fête, un grand cirque, chaque quinzaine. Ce qui me comble de plaisir, c'est de m'être rendu compte que sur les cinq matchs pour lesquelles il m'a été donné de diriger l'équipe du TFC, chaque fois l'affluence a été croissante. C'est bon signe.

"Mon espoir est que l'on s'assoit tous sur la pelouse d'Angers pour communier"

C'est le dernier match, le match décisif face à Angers. Vous avez déjà vécu ce type de situation, comment on prépare ce genre de match, est-ce que vous allez reproduire la même chose ? Si les joueurs pouvaient reproduire la même chose : on menait 2-0 à la mi-temps et on a gagné 3-0. Alors je dis oui, s'il s'agit de plagier ce qui a été fait par l'ETG à Sochaux. Je dis oui de suite et sans l'ombre d'un doute. Mais comme un match ne ressemble jamais a un autre... Non, c'est une tout autre paire de manches, une autre approche. À mon avis, le tort serait de changer quoi que ce soit parce que je suis très content des contenus des matchs. Mon rôle aujourd'hui est de rassurer les joueurs tout doucement et une fois n'est pas coutume, de nous placer dans notre bulle, de nous nourrir des encouragements des supporters qui viennent de plus en plus nombreux chaque jour. Demain, nous allons participer à une opération So foot et nous allons encore une fois puiser notre énergie dans le regard des enfants. Parce qu'il y a des enfants qui rêvent d'être footballeur professionnel ou en tout cas demain, qui vont rêver de les voir. Ça, c'est important à mes yeux. À l’occasion du match contre Troyes, nous sommes restés longtemps à faire un tour d'honneur, non pas que nous ne soyons pas conscients que le maintien n'est pas assuré, mais parce que c'était la der au stadium et qu’on voulait absolument communier avec le public. Il nous a porté, nous a soutenu, nous a galvanisé, nous a donné l'envie de se dépasser. Le match était tendu, mais à la fin du match, il fallait qu'on en profite. Ce que j'ai dit ce matin aux joueurs, c'est que mon espoir est qu'on s'assoit tous dans la pelouse à Angers samedi. Non pas parce que nous sommes effondrés, mais simplement pour savourer et se parler. C'est important de se parler. Dans ce monde qu'on dit de communication, je constate qu'on ne se parle pas assez. Donc si je pouvais réunir tous les joueurs et tout le staff à la fin du match pour qu'on s'asseye sur le pré, on pourrait communier. C'est le seul espoir que j'ai.Pendant que vos joueurs défieront Angers, Reims recevra Lyon et le Gazélec se rendra sur la pelouse de Lorient. Est ce qu'à la mi-temps vous allez prêter attention aux scores de ces deux équipes qui sont encore à la lutte avec vous pour le maintien ?Non. Dans mon management, il y a aussi beaucoup de croyances, vous vous en êtes aperçu. Mais il y a aussi beaucoup de confiance. Donc ce que je vais demander aux joueurs, mais aussi au staff et à tout ceux qui sont dans le vestiaire de ne pas allumer leurs portables, de laisser faire les évènements. Allumer les portables, ça voudrait dire que l'on doute. À titre personnel, je ne doute pas. Notre mission est simple, il faut gagner à Angers. En gagnant à Angers, on ne se soucie pas des autres. Le TFC a son destin en main ? Ça paraît complètement invraisemblable, en tout cas ça le paraissait il y a de ça deux mois et demi quand je disais que mon objectif était de conduire les joueurs au maintien. Ce sont toujours les joueurs qui se maintiennent qui réalisent des performances, moi je suis juste un accompagnateur. Beaucoup me rigolaient au nez, certains se disaient : "mais qu'est-ce qu'il nous sert encore comme soupe celui-là". Il se trouve que j'ai menti parce qu'en fait il nous a fallu neuf matchs pour récupérer les 10 points. Mais malheureusement, le règlement veut qu'on joue la trente-huitième journée. On est allé trop vite.

"J'aimerai tellement que le club se maintienne"

En rejoignant Toulouse, vous pensiez revivre de telles émotions ? Cette fin de saison est-elle à l'échelle de ce que vous aviez imaginé ?Il faudrait poser la question au président Sadran pour s'apercevoir que je ne mens pas, je dis simplement ce qu'il se passe, ce que j'ai fait et ce que j'ai dit. J'ai dit au président Sadran que je ne voulais pas parler de Ligue 2, non pas que je trouvais ça avilissant d'entraîner en seconde division, mais quand il reste 30 points à distribuer et dix matchs à disputer et qu'on en a 10 de retard, on se retrousse les manches, on change le management et puis on voit ce qu'il se passe match après match. Ce qu'il s'est passé, depuis deux mois et demi, c’est que je ne dois pas être le seul à vivre une belle histoire : je pense que le club dans son entier vit une belle histoire. J'ai eu aussi beaucoup de plaisir et j'aimerai tellement que le club se maintienne. Égoïstement, j'aimerai pour le groupe, mais j'aimerai aussi pour moi, ne le cachons pas. Ils le méritent de se maintenir ? Oui. Vous savez quand un enfant, parce que malgré tout, même si quelques-uns avancent dans l'âge, ce sont pour la plupart de grands enfants... Et bien si vous avez des enfants et que vous les aimez, vous vous êtes rendu compte que leur éducation n'a pas toujours été linéaire, quelquefois ils ont fait des bêtises. S'il faut se souvenir quand on était jeune, on faisait aussi quelques conneries, ça nous arrive d'en faire encore aujourd'hui. Il ne faut pas toujours punir, il faut savoir pardonner, mais il faut aussi savoir mettre les outils en place pour expliquer ce qui ne va pas et ce qu'on doit améliorer. Vous êtes arrivé sur le banc du TFC à la 28e journée. Si vous étiez arrivé là bas un petit peu plus tôt, est-ce qu'on ne se dit pas qu'une nomination pour les trophées UNFP qui ont lieu ce dimanche en tant qu'entraîneur de l'année aurait pu être possible pour vous ? Si Fernandez vote, c'est impossible. Est-ce qu'il y a dans cette semaine, dans cette préparation de match, un fil rouge ? Oui, mais je ne peux pas vous le livrer parce que je dois faire la surprise aux joueurs. Il faut le vivre de l'intérieur pour savoir ce qu'il se passe. Mon management est un management, je le répète, extrêmement particulier.

"Wissam Ben Yedder mériterait d'être en équipe de France"

En tout cas, vous avez dit aux journalistes que vous les inviteriez au restaurant si le maintien avait lieu. Alors où ira-t-on ? Ils vous ont mal briefé et je reconnais là leur pingrerie. Si je ne me maintiens pas, je les invite, si je me maintiens, c'est eux qui m'invitent. Lundi, je pense que les téléphones des journalistes vont être fermés.Jeudi, Didier Deschamps donnera sa liste pour l'Euro, Wissam Ben Yedder pourrait y figurer selon vous ? Ça pourrait être la surprise ?Je voudrais qu'il soit couché sur cette liste, mais je suis un entraîneur modeste comparé à Deschamps. J'ai pour habitude de ne pas critiquer ou commenter ce que font mes collègues entraîneurs. J'ai toute confiance en Didier Deschamps, il est certain que Wissam, au train où vont les choses, et au rythme qui est le sien quant à sa propension à marquer des buts, mériterait d'être en équipe de France. Je suis certain que ça viendra pour lui. En tout cas, il est fort probable qu'après ce dernier match contre Angers, Wissam quitte le club. Même si je n'ai pas d'impact sur cette décision-là, je tiens à dire avant le coup que je sais qu'il va être très performant face à Angers, comme il l'a toujours été. Surtout, j'ai fait la rencontre d'un excellent footballeur, mais aussi d'un garçon charmant, formidable, qui a une vraie valeur humaine. C'est une vraie belle personne. J'étais fier d'être son entraîneur l'espace de deux mois et demi.

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