Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Patrick Roger.
- Sud Radio vous explique à 7h40. Alors parmi les revendications de certains manifestants, la taxe sur les plus riches, notamment la fameuse idée de la taxe Zucman, vous avez dû en entendre parler, qui prendrait 2% du patrimoine des très grosses entreprises et sociétés.
- Je l'ai résumé, mais c'est ainsi. Antoine Lévy, économiste et professeur à Berkeley en Californie, est avec nous. Bonjour.
- Bonjour. Bon. Revenons donc sur cette idée. C'est bien ça, l'idée de la taxe Zucman.
- On prendrait 2% du patrimoine des très grosses entreprises et sociétés, en quelque sorte.
- Voilà. On prendrait 2% du patrimoine de tous ceux qui ont plus de 100 millions d'euros. Et on prend en compte dans ces 100 millions d'euros non seulement leurs avoirs bancaires, leurs liquidités, mais aussi la propriété des entreprises qu'ils contrôlent.
- Oui. Alors certains, notamment à gauche, disent « Bah oui, 2% pour ces sociétés qui ont plus de 100 millions de patrimoine, c'est pas grand-chose ».
- Qu'est-ce que vous dites, vous, en tant qu'économiste, Antoine Lévy ? Non. 2%, c'est énorme, en fait. 2%, c'est très important relativement aux revenus que ces sociétés procurent à leurs propriétaires.
- C'est une part substantielle de ce revenu annuel. Et donc ça conduirait à des taux parfois supérieurs même à 100% sur les revenus que rapportent ces fortunes, certes importantes, mais qui seraient taxés chaque année à hauteur de 2%.
- Oui, c'est ça. Parce que c'est un patrimoine professionnel, quoi. C'est pas un patrimoine personnel.
- Voilà. Donc le principal risque, c'est que vous avez aujourd'hui des dirigeants d'entreprises qui possèdent des actions de leur entreprise fortement valorisées, mais qui n'ont pas les liquidités pour payer cette taxe, parce que tout simplement, ils ne se versent pas du tout des revenus à la hauteur de ce 2% de la valeur de leurs actions.
- Prenez un exemple simple, celui d'une jeune entreprise valorisée 1 milliard d'euros, parce que dans très longtemps, elle fera peut-être, si elle réussit, des profits très élevés.
- Mais aujourd'hui, elle n'en fait pas. Évidemment que ces dirigeants n'ont pas les moyens de payer chaque année 20 millions d'euros avec leur simple salaire, qui est très, très, très inférieur à cela.
- Oui. Est-ce qu'il y a des idées de taxes un peu similaires qui existent à l'étranger et qui seraient applicables en France sans remettre en cause l'économie ? Il existe dans un certain nombre de pays des impositions sur la fortune. En général, ils incorporent soit une exclusion complète des actifs professionnels, soit un placement de l'impôt sur la fortune en fonction des revenus disponibles, donc ceux qui sont vraiment à la disposition du contribuable, mais c'est pas forcément de cela dont la France a besoin. Si on devait essayer de taxer plus les grandes fortunes ou les riches, ce serait surtout au niveau des grandes successions et au niveau des plus-values, notamment réalisées et qui sont jamais taxées avant le décès des plus fortunés.
- Et c'est là qu'il faudrait sans doute agir. Oui, c'est ça. Alors il y a l'exemple qui est beaucoup cité en ce moment d'Arthur Mensch. C'est le patron d'un fleuron français, Mistral, qui travaille sur l'intelligence artificielle, qui est symbolique, parce qu'évidemment, l'entreprise est fortement valorisée parce qu'elle a du potentiel.
- Mais lui dit « Si ça s'était appliqué, moi, je ne pourrais pas la payer ». C'est vrai ? Ça remettrait en cause l'entreprise ? Oui, c'est évident que ça remettrait en cause l'entreprise. Simplement, il n'a pas aujourd'hui la liquidité pour la payer. Cette valorisation de Mistral, elle reflète l'espoir potentiel de profits futurs.
- Mais je pense que le cas de Mistral, loin d'être anecdotique...
- Oui. Il révèle quelque chose d'assez important. Vous avez 50 fondateurs de licornes, c'est-à-dire d'entreprises valorisées plus d'un milliard, qui sont françaises.
- Seulement, ces 50 fondateurs, la quasi-totalité, ils sont aux États-Unis. Ils ne sont pas en France. Et donc la question de l'imposition des grandes fortunes, elle devrait plutôt être celle de comment s'assurer que ces innovateurs qui produisent des nouvelles entreprises innovantes, capables d'améliorer la productivité et la croissance, comment s'assurer que ces innovateurs restent en France plutôt que de s'exiler dans d'autres pays ?...
Transcription générée par IA