Retranscription des premières minutes :
- Le 10h midi, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Gansman.
- Bonjour Gilles. Bonjour Valérie.
- Bonjour Mathilde Damoiselle. Bonjour.
- Vous êtes journaliste réalisatrice et on a eu envie de vous inviter pour que vous nous parliez de ce doc pour donner envie à nos auditeurs d'aller sur la plateforme de arte.tv pour parler de ce documentaire que vous avez réalisé, Le sucre pour la douceur et pour le pire.
- Voilà, c'est en deux volets et c'est absolument remarquable parce que déjà je vais dire une chose, c'est que vous n'êtes pas culpabilisante.
- C'est-à-dire que vous ne dites pas ne mangez plus de sucre.
- Vous nous laissez nous faire une idée.
- Donc il y a à la fois toute la naissance du sucre, l'esclavage, les cannes à sucre et puis après la deuxième partie qui est un peu plus sur la nutrition.
- Comment on se lance dans un doc comme celui-là ? Parce que c'est vertigineux comme sujet.
- C'est vertigineux. Moi j'ai un vrai goût pour ces projets, pour le sucre.
- Terrible, j'ai beaucoup de mal à manger.
- C'est vraiment des fers.
- Mais j'aime beaucoup prendre une denrée, un petit exemple, quelque chose qui est très familier, très simple et tirer les fils pour montrer tout ce qu'il y a derrière.
- Parce qu'aujourd'hui on parle de Chine et des conditions dans lesquelles les Ouïghours et puis de quelle façon sont faits les vêtements.
- Mais quand on regarde votre doc, moi ça m'a fait penser à ça.
- On ne s'imagine pas dans quelles conditions est fait le sucre, le raffinage du sucre, y compris aujourd'hui.
- Alors il y a eu une grande partie sur...
- L'esclavage, où il y a eu beaucoup de populations qui ont été déplacées pour aller couper les cannes à sucre.
- Mais en fait ça m'a fait penser à ça.
- En fait on ne mangerait plus de sucre si on voit votre doc.
- On se dit dans quelles conditions tout ça est fait.
- Vous savez, on le cite dans le film et puis c'est très connu.
- Dans Candide de Voltaire, il y a cette citation de l'esclave que Candide croise et qui lui dit quand on travaille aux sucreries, quand on est blessé on nous coupe le bras, quand on s'enfuit on nous coupe la jambe.
- On m'a fait les deux.
- C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe.
- Et c'est écrit au 18ème siècle par Voltaire.
- Et en fait ça résonne toujours aujourd'hui.
- C'est à ce prix qu'on mange du sucre.
- Mais c'est aussi à ce prix qu'on s'habille bon marché.
- C'est à ce prix qu'on utilise des smartphones qui sont pleins de métaux rares qui sont exploités dans des conditions terribles, notamment dans les grands lacs.
- Donc vous parlez de culpabilité.
- Moi ce n'est pas du tout mon travail de culpabiliser les gens.
- C'est d'informer.
- Absolument.
- On est des clés pour comprendre.
- Or c'est vrai que notre façon de consommer globalement, et moi je parle du sucre mais c'est beaucoup plus large, ça a toujours un coût.
- C'est toujours au prix d'une forme d'exploitation.
- On voit que beaucoup de pays se sont construits grâce au sucre en fait.
- En particulier le Portugal ou le Royaume-Uni, la France aussi mais à moindre échelle.
- En fait le sucre a construit notre économie actuelle.
- Alors oui ça allait un petit peu loin.
- Mais moi ce que j'ai voulu montrer avec ce sucre, c'est que c'est vraiment la denrée première qui crée pour la première fois une économie qu'on pourrait dire mondialisée dès le XVe siècle.
- Et ça commence effectivement avec l'Empire portugais, qu'on connaît pour ses grands navigateurs, qui repousse les limites du monde connu.
- Et en fait dès la fin du XVe siècle, sur l'île de Sao Tomé et Principe, ils mettent en place un système.
- Ce système c'est quoi ? C'est planter de la canne à sucre.
- Parce que la demande explose.
- Il y a une grande demande en Europe.
- Et comme c'est un travail, un travail harassant, extrêmement difficile pour le faire, on déporte des esclaves de la côte ouest de l'Afrique.
- Et donc esclaves et sucre, l'économie de plantation.
- Et cette économie de plantation, elle va se diffuser dans le monde entier.
-...
Transcription générée par IA