Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Sylvain et Dorian sont avec nous. Messieurs, bonjour.
- Bonjour.
- Merci d'être avec nous ce matin. Pourquoi ? Vous êtes enseignant au collège Lucie Aubrac d'Argenteuil.
- Bien.
- Tous les deux. L'une de vos collègues a reçu une lettre avec des menaces de mort mentionnant Samuel Paty et Dominique Bernard, les deux enseignants qui ont été assassinés.
- Menaces de mort. Cette lettre a été envoyée au collège même.
- Vous êtes venu pour témoigner, pour évidemment la soutenir, pour interpeller la ministre de l'Éducation nationale.
- Et toute l'institution, et pas que, et même tous les parents, et même tous les élèves.
- Oui, elle a reçu cette lettre par courrier. Comment ça s'est passé ? Oui, donc c'est l'objectif de notre venue aujourd'hui.
- La lettre, elle a été reçue jeudi, d'accord, par courrier au collège.
- On a effectué un droit de retrait du coup, après avoir été mis au courant de cette lettre, ce qui signifie que nous n'avons pas fait cours le jeudi après-midi.
- C'était pas hier, jeudi d'avant ? Jeudi dernier.
- Jeudi dernier, oui.
- Jeudi 12 juin.
- À la suite, le vendredi, nous n'avons pas fait cours.
- Il y a eu une mise en place d'une cellule psychologique au sein du collège.
- Le collège a rouvert ses portes le lundi.
- Oui.
- Pour accueillir les élèves dans un dispositif particulier.
- Et toujours avec, du coup, cet accompagnement psychologique pour nos collègues.
- Alors, pourquoi est-ce que vous avez choisi de témoigner ? Au-delà, évidemment, de la volonté de protéger votre collègue.
- Pourquoi ? Nous avons choisi de témoigner parce que nous refusons d'acter la mort sociale de notre collègue à l'heure actuelle.
- C'est-à-dire la mort sociale de votre collègue ? Oui, c'est-à-dire qu'aujourd'hui...
- Notre collègue, suite à ces menaces, est partie.
- Elle est partie, oui.
- Elle n'enseigne plus.
- Elle est toute seule.
- Et on veut interpeller pour ça.
- Et on ne veut pas laisser notre collègue toute seule et acter cet isolement social en reprenant les cours normalement.
- Ça veut dire que l'institution l'abandonne ? Alors, nous, ce qu'on aimerait mettre en avant, c'est que l'institution l'abandonne.
- En fait, ce sentiment d'abandon, il est aussi présent dans notre collège.
- C'est-à-dire que le sentiment d'abandon, là, aujourd'hui, cette lettre-là, c'est la goutte d'eau qui vient faire déborder un vase qui était bien plein par rapport à ce qui s'est passé ces dernières années.
- Il y a un sentiment de peur et de colère parmi nos collègues, mais de colère aussi.
- Parce que, du coup, là, on nous demande de faire toujours plus avec moins de moyens humains.
- Ce qui, aujourd'hui, arrive...
- Oui, tout à fait.
- C'est-à-dire qu'on nous demande...
- On nous demande toujours de faire plus, c'est-à-dire d'individualiser l'enseignement, d'individualiser l'éducation.
- Et le problème, c'est que, forcément, l'individualisation, c'est très bien, mais toujours avec de moins en moins de moyens humains.
- Et nous ne pouvons plus individualiser.
- Et nous sommes un petit peu tout seuls.
- Et de plus en plus, les violences montent.
- Et ça devient vraiment problématique.
- Alors, ces menaces de mort, est-ce qu'il y a des raisons ? Est-ce que, dans la lettre...
- Je ne sais pas, l'auteur donne des raisons.
- Des raisons pour lesquelles il menace de mort votre collègue.
- Pas vraiment.
- Pas vraiment, comme ça ? Pas vraiment.
- Je pense que là, on a fait vraiment une menace qui est gratuite.
- Mais parce que ? Est-ce qu'elle aurait puni un élève ? Est-ce qu'elle aurait... Je ne sais pas, moi.
- D'autant plus qu'il n'y a pas eu de problème apparent.
- On a vraiment affaire à une collègue qui est vraiment dynamique, solaire, qui aime son métier.
- Qui a un très bon relationnel avec les élèves.
- Et là, justement, d'une part, cette lettre fait froid dans le dos.
- Mais au-delà de ça, ça met en colère vraiment...
- Bien sûr.
- C'est vraiment énorme.
- Toute la communauté éducative.
- Toute la communauté.
- Et les parents, comment se comportent les parents ? Alors, du coup, on est soutenus par les parents d'élèves.
- Oui.
- Il faut savoir que, du coup, la lettre qui est parue, du coup, dans Le Parisien, elle a été aussi soutenue et envoyée aussi aux parents d'élèves du collège.
- On se sent soutenus,...
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