Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h. Patrick Roger.
- Il est 7h41. Ça va tous vous intéresser. Sud Radio vous explique. Est-ce que les entreprises recrutent dans ce contexte qui est très incertain économiquement et surtout, évidemment, politiquement ? Nous sommes avec Benoît Serres, qu'on connaît bien, coprésident du cercle des réflexions Humania, qui réunit des centaines de DRH, au moins 600, je crois. Bonjour.
- Bonjour. Alors qu'en est-il ? Parce que j'ai vu que France Travail dit que le nombre de projets de recrutement a baissé, a chuté de 12,5% en 2025 par rapport à 2024.
- Que se passe-t-il dans les entreprises ? On est dans une situation paradoxale. C'est-à-dire que vous connaissez les chiffres de la démographie qui devraient nous engager à avoir un taux d'emploi meilleur.
- Or, on projette pour l'année prochaine 8% de taux de chômage en France, alors qu'on était descendus à peu près à 7%. C'est majoritairement lié à l'instabilité...
- dans laquelle nous sommes. Il y a beaucoup d'inconnus pour les entreprises. Vous savez, une entreprise déteste l'instabilité, parce qu'elle sait pas comment construire son budget, elle sait pas quels risques prendre, etc. Ça, c'est le premier phénomène. Le deuxième phénomène, c'est que pour les individus, la situation politique est aussi très instable.
- Et donc chacun reste wheelé. Donc il n'y a plus de mobilité, on va dire. Et donc dès lors que des gens ne passent plus d'une entreprise à l'autre, il y a moins de recrutement.
- Et ça fait deux bonnes raisons pour que le taux de recrutement chute. Oui, il est en train de chuter. Et puis parce que vous, les DRH, vous êtes en première ligne, que vous dit-on dans les directions ? Parce que souvent, on se dit « Bon, bah allez-y, il faut recruter. Là, on a tel projet, tel projet. » Et aujourd'hui, on est un peu à l'arrêt, on ralentit. Non, là, c'est fini. Vous avez un phénomène qui vient se surajouter. Alors c'est un mot pas très joli, mais c'est ce qu'on appelle la réallocation de ressources. Autrement dit, la transformation des métiers, le déploiement de l'IA, tout un tas d'éléments de transformation des organisations font qu'on essaye d'abord de couvrir les besoins qu'on a en interne. On a l'emprunte des gens à un endroit pour les mettre à un autre.
- On les formation, on les forme à d'autres métiers, etc. Donc ça, c'est le premier sujet. On nous dit beaucoup moins recruter. On nous dit « Faites avec ce que vous avez ».
- Parce qu'on a trop d'inconnus budgétaires, fiscales, politiques, économiques pour prendre les risques d'eux. On sait par exemple que là, les négociations annuelles obligatoires sur les salaires vont pas tarder à démarrer. On présume que ça va être assez tendu tout de même. Parce que l'inflation est basse, donc ça veut dire que probablement les négociations ne seront pas très élevées. On est autour de 2% quand on a été jusqu'à 4% il y a 3 ans. Mais c'est normal, puisque quand vous regardez...
- Alors j'ai vu que le projet de budget de recettes n'avait pas été voté par la Commission. Ça va être en débat à l'Assemblée. Soyez honnêtes. Personne ne sait qui va être taxé, comment et combien. Une entreprise, elle attend. Et puis pendant ce temps-là, d'autres pays avancent. La concurrence internationale est redoutable.
- Et ce que je dis ne vaut pas que pour les grandes entreprises.
- Ça vaut pour les PME qui sont fournisseurs des grandes entreprises. Bien sûr. Donc sans faire de la politique, Benoît Serres, mais si vous aviez un message quand même à passer à la classe politique, au personnel politique aujourd'hui. C'est pas de la politique, ce que je dis. Je dis que quand on regarde le débat, quand on regarde les propositions qui sont faites ici ou là, on a presque l'impression que la négociation budgétaire ou la préparation de ce budget s'est faite, ce qui se fait tout le temps, pour des raisons politiques, mais sans prise en considération de la réalité de l'économie. Et donc comme s'il y avait une sorte de dichotomie entre la vie politique qui tourne sur elle-même et puis les entreprises et leur réalité, parce...
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