Par Cécile de Ménibus et Philippe David avec Sandrine Pegand
Vallauris : le maintien en liberté du motard qui a tué Kamilya vous semble-t-il justifié ?
La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a confirmé ce mercredi 10 septembre le contrôle judiciaire du jeune homme accusé d'avoir mortellement fauché une fillette de 7 ans à Vallauris il y a près de deux semaines. Il reste soumis aux mêmes obligations. Il n'est donc pas placé en détention provisoire, ce que réclamait notamment le parquet, qui avait fait appel du placement du jeune homme sous contrôle judiciaire. On en parle avec l'avocate pénaliste Sandrine Pegand.
Retranscription des premières minutes du podcast :
- Les vraies voix Sud Radio, le grand débat du jour.
- Tête baissée, visage masqué, Mathéo B. a fait face à la justice.
- La cour doit statuer sur une possible détention provisoire du jeune homme de 19 ans et la levée de son contrôle judiciaire.
- Eh bien, le chauffard de 19 ans reste en liberté sous contrôle judiciaire.
- Le comportement de la justice, en fait, je ne comprends pas.
- Quand ton fils te demande le matin, il te dit « Mais papa, comment ça se fait qu'il n'est pas en présent ? » Qu'est-ce que vous lui répondez ? La chambre d'instruction d'Aix-en-Provence a rendu sa décision.
- Le chauffard assure que sa roue arrière était involontaire.
- On vit dans deux mondes différents entre la justice et le peuple.
- Et donc, le procureur ne requiert pas l'incarcération du motard qui a causé la mort de Camélia.
- Il va donc rester en liberté.
- La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence vient de confirmer son contrôle judiciaire.
- Alors, parlons vrai, est-ce que la justice n'a pas donné un mauvais signal au chauffard ? Faut-il remettre sur la table le délit de domicile routier qui avait été évoqué lors de la précédente législature ? Et à cette question, le maintien en liberté du motard qui a tué Camélia vous semble-t-il justifié ? Vous dites non à 87%.
- Vous voulez réagir ? Audatons vos appels au 0826 300 300.
- Et pour nous éclairer, Sandrine Pégan est avec nous, avocate spécialiste et pénaliste, bien entendu.
- Philippe Bilger, et merci d'avoir accepté notre invitation.
- Je vous en prie, merci à vous.
- C'était un plaisir.
- Oui.
- Le regard, finalement, du procureur sur ce sujet-là et du citoyen aussi.
- Alors, je vais d'accord avec Sandrine et je regrette finalement...
- C'est rare, c'est rare.
- Oui, c'est rare que je...
- On peut le rappeler parce que ceux qui viennent nous rejoindre n'ont pas entendu ce qu'elle a dit juste avant la pub.
- Et je suis rarement d'accord dans l'appréciation des défis en judiciaire avec les avocats.
- Mais en l'occurrence, pour cette affaire, je peux comprendre la réaction immédiate, impulsive, de la famille de la victime et même de certains citoyens.
- Qui se disent, sans rien connaître au dossier, j'aurais souhaité qu'ils soient mis en détention.
- Mais quand on lit d'abord la première décision de contrôle judiciaire par le juge des libertés de la décision, elle est très précise et très détaillée.
- Et puis ensuite, la chambre d'accusation, d'instruction, confirme cette décision de contrôle judiciaire d'une manière intéressante.
- Parce qu'elle répond à tous les arguments que le parquet aurait pu opposer à cette libération.
- Et de telle manière qu'en définitive, je suis obligé de dire que pour l'instant, cette décision de contrôle judiciaire n'apparaît pas du tout absurde.
- J'ajoute que si elle était violée, bien sûr, là, il faudrait que la justice réincarcère immédiatement...
- Incarcère, hein. Il n'a jamais été incarcéré.
- Incarcère le mis en cause. Merci.
- Merci, cher Philippe, de m'apprendre la justice.
- Non, mais c'est une précision. Voilà.
- Ça peut porter à confusion.
- François Segoir.
- Moi, je pense que la justice, c'est pas la vengeance.
- C'est toujours le problème de ce genre d'affaires.
- Émotionnellement, c'est très fort parce que c'est une fillette de 7 ans.
- Ça nous touche profondément parce que c'est une petite fille.
- Mais sinon, il n'y a plus de gradation. Sinon, il n'y a plus de justice.
- C'est-à-dire quelle est la différence entre Mathéo, qui fait une roue arrière, d'après ses déclarations, il ne l'a pas fait exprès, et qui n'a pas de casier judicieux, et qui n'est pas, comment dirais-je, qui n'est pas addicté, qui ne roule pas en état d'alcoolémie avancée ou de drogue avancée, et un autre qui n'a pas de permis, qui fait ça régulièrement.
- Donc, il faut une gradation. C'est ça, la subtilité de la justice.
- Je comprends la charge émotionnelle, mais la tendance collective qui est de juger émotionnellement et de transformer la justice en vengeance, eh bien, je pense que cette décision, elle n'est pas courageuse.
- Elle est juste, tout simplement. C'est une décision de justice.
- Et il faut l'accepter comme telle.
- Benoît Perrin.
- Je suis vraiment complètement d'accord avec tout ce qui a été dit. Vraiment.
-...
Transcription générée par IA