Retranscription des premières minutes :
- 14h-16h, Brigitte Lahaye, Sud Radio.
- ...
- Et j'ai vu que vous aviez écrit, il y a quelque temps, un livre sur la culpabilité.
- Et je me suis dit, mais qui peut mieux que vous parler de culpabilité ? Alors d'abord, c'est quoi ? Un ressenti, une émotion, un sentiment ? C'est un ressenti. Il y a du ressenti, voire du ressentiment de la culpabilité.
- Ça fait partie...
- C'est partie des émotions qu'on nomme volontiers émotions secondaires.
- C'est-à-dire qu'elles ont une dimension sociale importante.
- Et elles sont plus que courantes.
- C'est-à-dire qu'elles font partie vraiment de nos échanges, dans le travail thérapeutique, c'est presque vécu comme une évidence.
- Évidemment, je suis coupable. Évidemment, c'est de ma faute. Évidemment, c'est moi.
- C'est probablement plus souvent abordé par les femmes que par les hommes, qui ne sont absolument pas épargnés. Ils se sentent aussi coupables.
- Et donc, c'est un des sujets qui fait partie intégrante du travail analytique, du travail d'écoute, que d'écouter et de décoder ce qui se joue d'intime dans la culpabilité.
- Et d'autant plus que la culpabilité peut devenir une véritable solution.
- C'est un piège, c'est une prison.
- C'est un piège, c'est une prison, c'est un enfermement terrible.
- Et pour ajouter une petite anecdote dans le livre sur la culpabilité, qui s'appelle « Apprivoiser sa culpabilité », en fait, c'est ma fille aînée, Aurore, qui est aujourd'hui journaliste à Psychologie Magazine, qui m'a appelée un jour en me disant « Écoute, j'ai un sujet, qu'on pourrait écrire ensemble sur la culpabilité ».
- J'ai failli m'étrangler en disant « Ah, tu veux dire que, mère-fille, nous allons écrire un sujet sur la culpabilité ? » Et j'entends… Pourquoi pas ? Moi, je ne vois pas pourquoi pas.
- Mais ça m'a quand même énormément surprise.
- Oui, je sais bien, je me présente.
- Et nous nous sommes embarqués dans cette aventure.
- Ça a été une aventure qui a généré, comment dire, pas mal de frictions entre eux.
- « Tu ne peux pas écrire ça. » « Mais pourquoi tu dis ça ? » « Donc, ce n'est pas assez clair. » Donc, elle a été ferme, mais dans l'intention vraiment d'écrire un livre utile, pratique, utile, et justement qui permet de décoder, non pas pour se libérer de la culpabilité, parce que ça, c'est un leurre, mais pour en faire un meilleur usage.
- Et donc, nous nous sommes attelés.
- C'est le premier livre qu'on a écrit ensemble, qu'on a co-écrit.
- Après, il y en a eu d'autres.
- C'est sur la culpabilité et sur ce mécanisme, on va dire, intime, profond, qui nous touchaient inévitablement toutes les deux aussi, et l'une par rapport à l'autre.
- Donc, c'est ça aussi que nous avons pu nommer ensemble.
- Ça a été difficile.
- Il y a eu des moments dont je me souviens, et elle aussi, parce qu'on en a reparlé il n'y a pas si longtemps.
- Tellement, inévitablement, nous sommes concernés par un modèle qui a une composante sociale, une composante religieuse, une composante...
- Mais sociale.
- Sociale au sens de la culpabilité est évidemment un système qui permet à la société de vivre ensemble.
- Parce que ça vient évidemment de ce que vous évoquiez tout à l'heure, c'est-à-dire que la responsabilité est en jeu.
- Mais de quoi parlons-nous quand nous parlons de responsabilité ? Et je pense que c'est ça qui va aider les auditeurs à comprendre.
- Est-ce que vous ne croyez pas, Catherine Hémelé-Périssol, et je pense que c'est peut-être ce qui va déjà éclairer pas mal, les auditeurs, est-ce qu'au fond, se donner de la culpabilité, c'est se donner une responsabilité dans une histoire ? Alors que parfois, on n'y est absolument pour rien et on n'a pas à se sentir coupable.
- Mais si on se donne un peu de culpabilité, au moins, ça prend du sens.
- Sinon, c'est totalement absurde.
- Sinon, c'est absurde.
- Sinon, nous sommes absents de l'histoire.
- Donc ça nous donne une place, ça nous donne un rôle, ça nous donne de la valeur, ça nous donne aussi du sens.
- C'est-à-dire que, ah bah oui, ok, je comprends, c'est ça, c'est moi qui, donc quelquefois, nous nous chargeons inutilement de cette place et de...
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