Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
- Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
- Academicien français, vous défendez sous la coupole la sauvegarde de la langue française.
- Romancier, vous menez d'autres combats, à commencer par le retour sous les projecteurs d'un homme qui a mis bien des écrivains en lumière.
- Bonjour Frédéric Vitoux.
- Bonjour.
- Alors, on va vous redécouvrir, car vous étiez déjà venu dans les clés d'une vie, mais au début.
- Donc là, j'ai trouvé d'autres dates sur votre parcours d'écrivain et d'académicien.
- Et on évoquera aussi la mort du procureur impérial, votre dernier livre chez Grasset, qui est un livre historique et ancien et moderne.
- On expliquera pourquoi.
- Alors, le principe des clés d'une vie, vous le savez, c'est d'évoquer des dates clés d'un invité.
- La première date que j'ai trouvée, c'est le 25 septembre 1988, un prix à Nancy.
- Le livre de la place, qui sont des journées littéraires.
- Cette année-là, en plus.
- L'Académie Goncourt est présente, car elle confie à la ville de Nancy toutes ses archives, y compris celles des académiciens.
- Et vous, vous vous êtes récompensé pour un livre.
- Vous vous en souvenez ? Très bien.
- Je crois que c'était le grand prix de la biographie pour mon ouvrage, La vie de Céline.
- Exactement.
- Et c'est un prix prestigieux.
- C'était un moment émouvant.
- C'était un moment très émouvant pour un livre important pour moi.
- Parce que c'était, au fond, la conclusion.
- Je dirais de 15 à 20 ans de travaux sur Céline, à commencer d'abord par une thèse de doctorat.
- Et c'était un livre auquel je tenais beaucoup à cœur.
- Et l'accueil critique de ce livre et public m'a comblé.
- Parce que j'ai eu, en effet, le concours de la biographie après le Fumina Essai, après le grand prix de la critique de l'Académie française pour le même livre, qui était exceptionnel.
- Je n'en revenais pas.
- Et je me souviens très bien d'un déjeuner.
- D'un déjeuner avec les membres de l'Académie Goncourt.
- Et je crois que c'était François Nourissier qui m'avait dit « Je dois vous dire, Frédéric Vitoux, que ce prix vous a été remis à l'unanimité. » Et j'étais surpris parce qu'en face de moi, il y avait un homme tout à fait remarquable qui était André Steele, tout à fait important, qui était directeur de l'Humanité.
- Et je lui dis « Mais vous avez voté pour moi ? » Un peu surpris.
- Et il me dit « Oui, entre nous, Céline, c'est le plus grand. » Alors que j'avais eu, pour mes premiers livres sur Céline, des insultes de l'Humanité.
- Que l'Humanité avait, pour des raisons qu'on peut comprendre, bien sûr, mais avait cessé d'insulter.
- Céline, même jusqu'à sa mort, lui avait demandé le renvoi d'un journaliste de la télévision française qui avait osé dire que Céline était morte la veille.
- Donc c'est un souvenir très important pour moi.
- Il se trouve que « Voyage au bout de la nuit » s'est paru le 15 octobre 1932.
- Le livre a manqué de deux voix le Goncourt.
- Il a été traduit en 37 langues.
- Et que vous, ça a été la grande découverte de vos jeunes années, Frédéric Vitoux ? Je pense que oui.
- Il y a beaucoup de livres qui vous marquent et qui vous frappent et qui vous émerveillent.
- Je crois qu'il y a très peu de livres dont on peut dire qu'on n'est pas le même avant et après la lecture.
- Et le choc que j'ai éprouvé à 17 ans et demi, je ne sais plus exactement, mois près bien sûr, la lecture de « Voyage au bout de la nuit », ça m'a mis à tel coup que ça m'a fait voir un peu après le monde différemment, la littérature différemment, bien entendu, mais plus encore une sorte de vision crépusculaire, tragique du monde, traversée.
- Par des éclairs de tendresse, parfois.
- Ça a été, pour moi, peut-être avec « Guerre et paix » de Tolstoy ou « Crime et châtiment » de Dostoevsky, pour d'autres raisons, l'un des chocs littéraires qui m'a profondément ébranlé.
- Oui, ce livre, vous l'avez découvert dans la bibliothèque familiale ? Oui, je l'avais découvert dans la bibliothèque...
Transcription générée par IA