Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face-à-face.
- Est-ce que vous savez depuis combien de temps la France n'a pas connu le référendum ? N'a pas connu un seul référendum ? Et puis depuis exactement 20 ans, c'est-à-dire que demain, le 29 mai 2025, ça rappellera le 29 mai 2005, le dernier référendum tenu sur la Constitution européenne.
- On va en parler parce qu'il y a eu un véritable scandale d'État.
- On va en parler avec André Bonnet. André Bonnet, bonjour.
- Bonjour.
- Vous avez écrit justement aux éditions L'Artilleur les preuves de la trahison démocratique sortie dans les états de Lisbonne.
- Et on rappelle qu'est-ce qui s'est passé justement.
- Le 29 mai 2005.
- Après une campagne intense et une obligation massive des citoyens, 54,8% des Français ont refusé de ratifier le projet de Constitution européenne.
- C'est-à-dire 55% des Français.
- Ça veut dire une sacrée majorité.
- Eh bien, qu'est-ce qui s'est passé ? Eh bien, il faut le dire de façon peut-être triviale, mais vraie.
- On s'est assis dessus.
- On s'est assis dessus en 2007 avec le traité de Lisbonne.
- Vous êtes maître en philosophie.
- Vous êtes ancien élève de Sciences Po.
- Vous êtes avocat.
- Aujourd'hui, c'est bien ça.
- Après avoir exercé comme président de tribunal.
- Et on en parlera aussi.
- Parce que vous allez me dire pourquoi vous avez quitté la fonction de présidence de tribunal.
- Volontiers, volontiers, oui.
- Magistrat.
- Parce qu'on dit fonction de démissionnaire par objection de conscience.
- Mais je voudrais d'abord revenir à cela, voyez.
- C'est intéressant d'ailleurs, comme vous le savez, aux lecteurs de Sud Radio, résistants de Sud Radio.
- Plus un seul référendum.
- Alors que l'article...
- Le droit de la Constitution met le référendum au même rang.
- Et corrigez-moi si je me trompe, André Bonnet, que la fonction représentative.
- C'est-à-dire l'autorité s'exercera du peuple par le peuple pour le peuple au moyen des élections et du référendum.
- Oui, la souveraineté nationale appartient au peuple.
- C'est l'article 3 de la Constitution.
- Qu'il exerce par ses représentants et par la voie du référendum.
- Voilà.
- Alors rappelez d'abord ce qui s'est passé.
- Rappelons ça.
- Remettons 20 ans en arrière, pratiquement jour pour jour.
- Une campagne très, très, très, je dirais, violente, forte en tout cas, entre les partisans du oui et les partisans du non.
- Les partisans du non, racontez-nous, qui ils étaient, je veux dire, non pas les noms, enfin, qui représentaient quand même tout l'establishment, et puis du oui, et puis ce qui s'est passé.
- Et rappelez-le, c'était sur quoi très exactement portait ce référendum.
- En fait, ce qui est très intéressant, la France était vraiment divisée.
- C'est-à-dire qu'il y avait même, dans les mouvements européistes de gauche, le Parti Socialiste, certains membres éminents de ce Parti Socialiste qui s'étaient élevés contre le projet de traité.
- Pourquoi ? Parce que c'est ce qui a permis d'ailleurs la victoire ensuite du non.
- Indépendamment des clivages politiques, un certain nombre de Français se sont retrouvés sur le rejet de certains éléments clés de ce qui était proposé par la convention qui avait rédigé le projet de traité constitutionnel.
- Et parmi ce qui était mis en avant, il y avait notamment toute une dimension, alors pour les gens sensibles à gauche, relative à l'achat des droits fondamentaux, qui parlait d'un droit de travailler et non pas d'un droit de se voir offrir un travail, qui prévoyait ce qu'on appelait le lock-out, c'est-à-dire la fermeture d'une entreprise pour mettre fin à une contestation de la part des salariés, etc.
- Puis de l'autre côté, il y avait également d'autres personnes qui étaient très sensibles à tout ce qui était perte de souveraineté.
- Mais même chez les gens de gauche, cette sensibilité à la perte de souveraineté était très importante.
- Donc en fait, il y a eu, si on est arrivé à une différence de 10%, 55% de non et puis 45% de oui, c'est parce qu'il y a eu, au-delà des clivages, une réunion des volontés des Français qui n'ont pas voulu faire de l'Union Européenne ce dont ont rêvé pendant des années et des décennies ce qu'on appelle les eurocrates, en quelque sorte.
- Mais qui n'ont pas voulu faire de l'Union Européenne ce qu'elle est devenue.
- Exactement.
-...
Transcription générée par IA