Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Benjamin Gleize.
- Et oui, Sud Radio à 7h13, c'est à la une, c'est une décision, une mesure inédite et assez incroyable face à la pénurie de professeurs.
- L'Académie de Dijon propose à des enseignants d'autres disciplines de donner des cours de français.
- Bonjour Sophie Vénétité.
- Bonjour.
- Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio, vous êtes la secrétaire générale du SNES-FSU.
- Alors si je comprends bien avec cette mesure, à partir de la rentrée prochaine, ça veut dire que des enseignants de mathématiques ou d'histoire-géographie pourraient se retrouver à enseigner le français dans les faits, c'est ce qui pourrait arriver dans certains collèges ? Oui, c'est tout à fait ça, c'est ce qui pourrait arriver dans l'Académie de Dijon, c'est-à-dire qu'il y a cette expérimentation qui est lancée.
- Il suffit, quand on lit les documents du rectorat, ils disent bien qu'il ne s'agit pas d'être spécialiste en français, mais de montrer un certain intérêt pour le français.
- Pour pouvoir, avec un dossier, éventuellement prétendre à cette attestation et donc pouvoir enseigner le français à des élèves de collège ou de lycée.
- Donc en gros, pour résumer, si vous montrez que vous aimez bien le français, vous pouvez peut-être être amené à l'enseigner.
- De la même manière que si on suit cette logique, il suffirait d'avoir voyagé trois fois au Royaume-Uni et d'avoir lu Shakespeare pour enseigner l'anglais.
- Donc on voit bien qu'on est dans une situation qui est scandaleuse.
- Il n'y a même plus besoin d'être vraiment...
- qualifié pour enseigner le français, tellement on manque de professeurs dans cette académie et ailleurs.
- Alors on parle ici de remplacement ponctuel avec des conditions, vous l'avez dit.
- Alors il faudra notamment avoir suivi durant son cursus des études littéraires, rédigé un rapport d'une dizaine de pages pour justifier de ses expériences et aux français, passé au final un oral de 30 minutes.
- C'est clairement trop léger selon vous, Sophie Vénétité ? C'est beaucoup trop léger.
- Là, on est quand même dans une situation où on s'aperçoit que ce rectorat, comme le ministère, en fait, n'a que des mauvaises idées pour faire face au manque de professeurs.
- On a quand même dans l'éducation nationale un vrai problème de recrutement, d'attractivité.
- Ça fait des années que ça dure.
- Et que fait l'institution ? Elle recrute en job dating, vous savez, ces entretiens qui durent 30 minutes.
- On a vu des rectorats faire ça.
- Elles recrutent sur petites annonces.
- Il n'y a pas longtemps, on a vu des parents d'élèves qui se sont portés volontaires pour être professeurs.
- On a vu une députée se porter volontaire.
- On a même vu des remplacements se faire en vidéo.
- Et maintenant, on a cette attestation.
- Il suffirait de dire, je suis vaguement intéressé, je suis un peu intéressé par la discipline.
- Donc, j'aimerais bien pouvoir faire aussi ces cours-là.
- Il y a quand même des choses beaucoup plus simples qui seraient de revaloriser nos métiers pour davantage recruter.
- Là, on est quand même dans une situation où c'est extrêmement dévalorisant, extrêmement méprisant pour nos métiers, mais aussi pour les familles et les élèves qui vont avoir des enseignants.
- Voilà, il ne faut pas oublier les familles, les élèves.
- Déjà qu'on parle du niveau des élèves.
- En français, qui n'est clairement pas optimal, on risque de le dégrader encore plus avec ce type de décision, non ? Voilà, c'est méprisant pour nos métiers, mais c'est aussi très méprisant pour les élèves et leurs familles.
- On leur fait croire que la situation s'est arrangée d'un coup de baguette magique, qu'on a des professeurs qui seront devant les élèves.
- Mais en réalité, ce que fait l'éducation nationale, là, c'est qu'elle met des adultes devant les élèves.
- Elle ne met pas des professeurs qui sont formés.
- Et c'est là qu'on voit que ça peut aussi avoir des conséquences sur la scolarité des élèves parce que ça ne sera clairement pas un enseignement de la même qualité que celui donné par des professeurs de français qui ont été formés pour faire ça.
- Est-ce que vous savez, Sophie Nibé-Vénétité, si cette mesure, cette expérimentation est à l'étude dans d'autres académies ou en tout cas...
Transcription générée par IA