Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Nous sommes avec Marc Chassillon qui est ingénieur défense et professeur à l'école militaire de Paris.
- Marc Chassillon, bonjour.
- Bonjour Jean-Jacques Bourdin.
- Merci d'être avec nous Marc Chassillon.
- Marc Chassillon, on parle beaucoup de l'enrichissement d'uranium en Iran, par l'Iran.
- Il y a deux centres importants.
- D'abord à Natanz, en partie détruit, si j'ai bien compris, ce site par l'aviation israélienne.
- Marc Chassillon ? Oui, c'est ce qu'on a, des comptes rendus d'opérations israéliens.
- Effectivement, l'aviation israélienne aurait en partie détruit le site.
- Mais encore une fois, ce sont des sites extrêmement difficiles à détruire puisqu'il y a une partie qui est en surface, mais il y a aussi une partie qui est en sous-sol.
- Et c'est le cas en particulier de Forneau.
- Donc ça, c'est un autre...
- Justement, j'allais y venir...
- C'est un autre type d'objectif.
- Voilà, j'allais y venir parce que Natanz, bon, c'est la plus grande installation d'enrichissement d'uranium par centrifugation gazeuse d'Iran.
- Elle est opérationnelle depuis février 2007.
- L'usine compte des dizaines de cascades centrifugeuses, des machines utilisées pour enrichir l'uranium et pour un jour fabriquer une bombe atomique.
- Mais il n'y a pas que ce site-là.
- Qui est déjà atteignable, Natanz, plus facilement que l'autre site auquel vous venez de faire allusion, Fordo, qui est un site qui est situé à 180 kilomètres au sud de Téhéran, qui est situé dans une zone granitique et souterraine, dans la montagne en fait.
- Sous une montagne, dans la montagne.
- Et là, ce site est beaucoup plus difficile à atteindre, Marchassian.
- Oui, alors en fait, les Iraniens n'ont pas choisi le site par hasard puisqu'ils connaissent la qualité de la protection naturelle qui est offerte par les roches granitiques qui sont effectivement très dures.
- Et donc, si on arrive à installer des laboratoires et des usines très profondément sous cette couche naturelle que l'on vient valoriser par ensuite des couches de béton et d'acier, ça devient un objectif extrêmement difficile à détruire par voie aérienne puisque tout le monde aujourd'hui est focalisé sur cette grosse bombe GBU-57 qui est une bombe de 13 tonnes que seuls les Américains peuvent mettre en œuvre puisqu'il n'y a qu'eux qui possèdent le bombardier capable de larguer cette bombe.
- Israël n'a pas d'avion capable de larguer cette bombe, soyons tout à fait clairs.
- Et donc, pour pénétrer les dizaines de mètres de roches granitiques, de béton et d'acier pour atteindre le laboratoire, il faudra sûrement plus d'une bombe, clairement.
- Mais ça, moi, je n'ai pas techniquement la réponse à ça.
- J'espère que certains l'ont.
- Et qui ont étudié le site en détail.
- Et donc, il faudra sûrement plusieurs impacts successifs au même endroit pour commencer à saper la structure et faire en sorte qu'en bas, ça s'écroule.
- Donc, c'est un vrai travail à la fois plutôt brutal, on va dire, mais aussi d'extrême précision parce qu'il ne s'agira pas de disperser les tirs pour disperser les effets.
- Voilà, donc c'est extrêmement compliqué par voie aérienne.
- Oui, extrêmement compliqué.
- C'est bien de le préciser parce que quand j'entends ici ou là sur les plateaux, on nous dit qu'on balance une bombe là sur ce site et l'affaire est réglée.
- Pas du tout, Marc Chassillon, mais pas du tout.
- Il faudra plusieurs impacts.
- Et finalement, la meilleure façon de rendre ce site inopérant, ce serait de le pénétrer à terre.
- Humainement, si je puis dire.
- Voilà, effectivement.
- En fait, il n'y a pas...
- Il n'y a pas 36 options pour aller détruire un site comme ça.
- C'est soit le bombardement par voie aérienne, mais avec toutes les restrictions qu'on peut imaginer et toutes les remarques qu'on peut faire à ce sujet d'un point de vue technique.
- Ensuite, c'est tout simplement d'y aller.
- Voilà, avec le couteau entre les dents et le fusil, avec des commandos spécialisés qui puissent rentrer par les bouches d'aération, les cages d'ascenseur, enfin tout ce qui permet à l'usine, qui est sous terre, d'être reliée à la surface, créer un périmètre de sécurité autour du site pour que les commandos puissent agir sans être trop inquiétés par les défenses iraniennes.
- Donc là, on est dans un autre type d'opération parce...
Transcription générée par IA