Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Nous sommes avec Gilles Babinet, qui est entrepreneur, coprésident du Conseil national du numérique.
- Il est bien placé, bien placé pour savoir s'il est possible ou pas... Je dis bien s'il est possible ou pas d'interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans.
- Gilles Babinet, bonjour. Bonjour.
- Merci d'être avec nous, Gilles Babinet. Hier, au salon VivaTech, le président de la République a répété qu'il était possible d'interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans.
- Il faut que les réseaux sociaux vérifient l'âge, dit-il. Ils ont les techniques pour cela. Est-ce vrai, Gilles Babinet ? C'est plus ou moins vrai. C'est-à-dire qu'en fait, on peut vérifier à peu près. La mesure qui a été énoncée par le président, c'est d'utiliser des technologies biométriques. C'est-à-dire, par exemple, on vous prend en photo et puis on regarde si les traits de votre visage correspondent à quelqu'un qui a plus ou moins 15 ans. La limite qu'on comprend immédiatement, c'est que vous avez des gens qui sont plus ou moins physiquement développés à cet âge-là. Et donc, c'est une limite qui va être, par définition, assez approximative.
- C'est-à-dire, certains auront 13 ans et on dira, OK, ils ont l'air d'être matures. Et on le voit dans les enfants, en fait.
- De tous les jours, tout le monde n'a pas dans une classe d'âge le même développement physique. Et puis d'autres auront 17 ou 18 ans.
- Et puis ils seront encore jugés par l'algorithme comme ayant moins. Donc c'est très imparfait comme approche.
- Et ce qui poussera évidemment à recourir à l'utilisation de la carte d'identité. On a un cas, on a un précédent, c'est l'Australie, qui a limité à 16 ans.
- Ils y arrivent ou pas ? Non, c'est très... On considère qu'ils n'y arrivent pas, en fait, qu'ils y arrivent très mal, notamment parce qu'il y a une utilisation massive de ce qu'on appelle des VPN, c'est-à-dire des technologies de contournement qui permettent de faire croire que vous êtes à l'étranger et donc de ne pas être soumis à cette limite d'âge.
- Ah oui. Alors hier, Emmanuel Macron disait qu'ils ont les réseaux sociaux, les techniques pour vérifier l'âge, identifiant par la reconnaissance faciale dont vous venez de parler et l'identification. On l'a utilisé avec le fameux DSA. Expliquez-nous.
- Non mais effectivement, on peut très bien mettre la charge de la preuve sur les réseaux sociaux.
- Oui. C'est-à-dire ? C'est ce qu'on a fait. Le texte du DSA a dit « Vous devez maintenant vous occuper de modérer les contenus, de vous assurer que lorsque l'on s'en prend à quelqu'un, vous réagissez rapidement ». Et donc ça a montré qu'on pouvait leur mettre un certain nombre de responsabilités qu'ils n'avaient pas auparavant, ou peu, en tout cas, les prendre en charge.
- Et donc, fort de cette expérience, il dit « Mais en fait, ils peuvent aussi s'occuper de prendre le contrôle de l'âge ». Et finalement, c'est pas tellement de la responsabilité de l'État, c'est plus de leur responsabilité de dire « Écoutez, vous avez tout moyen pour faire en sorte que vous contrôlez l'âge, et puis voilà, vous devez le faire ».
- Et si vous ne le faites pas, vous serez soumis à des amendes. C'est-à-dire TikTok, c'est-à-dire, je sais pas, moi, Facebook, Snapchat, etc., etc.
- Ah bah tous les réseaux sociaux, ouais. Tous les réseaux sociaux devraient être obligés de vérifier l'âge des utilisateurs.
- Exactement. Exactement. Eh oui. Eh oui, oui. C'est-à-dire qu'on reporte la responsabilité sur les réseaux sociaux.
- Ouais, on la reporte sur les réseaux sociaux. Alors moi, si vous voulez...
- Je pense qu'on peut y arriver avec quelques accommodements, notamment sur les données privées. C'est-à-dire que vous allez être obligés de révéler les détails de votre carte d'identité.
- Voilà. Le vrai problème, en réalité, que je vois là, c'est que finalement, on détourne le problème premier des réseaux sociaux, qui est que les algorithmes sont complètement opaques et nous influencent massivement, que les discours violents sont six fois plus valorisés que les discours un peu articulés, un peu développés sur ce genre de choses, que c'est un modèle qui est basé sur la publicité, et...
Transcription générée par IA