Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Claire Fourcade, bonjour.
- Bonjour.
- Merci d'être avec nous, vous êtes médecin soins palliatifs à Narbonne, vous êtes présidente de la Société Française d'Accompagnement et de Soins Palliatifs et auteure d'un livre publié chez Fayard qui a pour titre « Journal de la fin de vie », Claire Fourcade, « L'aide à mourir, les soins palliatifs », deux textes qui seront mis au vote demain à l'Assemblée Nationale.
- Je dis bien à l'Assemblée Nationale, ensuite ces textes iront au Sénat puis reviendront à l'Assemblée Nationale.
- Seront-ils définitivement adoptés ou pas avant l'élection présidentielle de 2027 ? Nous verrons.
- En attendant, dans le texte sur l'aide à mourir, les députés ont approuvé samedi la création d'un délit d'entrave à l'aide à mourir, caractérisé par le fait d'empêcher ou de tenter d'empêcher de pratiquer ou de simplifier.
- Informez sur le sujet.
- Vous protestez, vous n'êtes pas contente.
- Alors, je proteste bien sûr parce que ce texte prévoit qu'on puisse exercer des pressions morales ou psychologiques à l'encontre des personnes qui chercheraient à s'informer.
- Or, nous, soignants, qu'on soit médecins de soins palliatifs ou qu'on soit, par exemple, psychiatres, notre travail est d'essayer de soutenir le désir de vie des patients et pouvoir être accusés en soutenant ce désir de vie, de vouloir empêcher les gens de mourir, c'est notre travail d'empêcher les gens de mourir.
- Et c'est pour nous une vraie attaque contre les soignants, ce délit d'entrave qui, non seulement a été voté par les députés, mais a été aggravé, les peines encourues ont été aggravées en séance.
- Et donc, c'est pour nous un vrai déni de notre travail et de ce qui fait notre quotidien.
- Alors, Catherine Vautrin, la ministre de la Santé, a tenu à calmer tout le monde en disant, rassurez les députés, ce que l'on est conduit à dire, et vous-même, dans un cercle amical, familial, est évidemment une approche personnelle qui n'est pas constitutive d'un délit d'entrave.
- Alors, comme beaucoup de choses dans ce texte, beaucoup de choses sont floues et beaucoup de choses sont sujettes à interprétation.
- Le même article de la loi rend possible, pour une association, de se porter partie civile.
- Qu'est-ce qui se passe si un patient change d'avis ? On a déjà parfois des pressions de certaines associations favorables à l'euthanasie et au suicide assisté.
- Comment ce texte va-t-il être interprété, quelle pression ça va mettre sur les équipes soignantes ? Le désir de mourir exprimé par certains patients est souvent quelque chose de flou, quelque chose d'ambivalent, quelque chose qui doit s'écouter.
- C'est toujours des situations extrêmement complexes et des situations douloureuses.
- Comment on peut travailler sous la pression judiciaire d'une association qui nous menace ou qui nous accuse de ne pas écouter correctement ? Claire Fourcade, est-ce que ça veut dire qu'un soignant qui ne voudra pas aider un patient à mourir pourra être poursuivi ? Dans le texte, il est prévu qu'un soignant puisse utiliser sa clause de conscience.
- C'est particulièrement vrai pour les médecins qui peuvent se retirer à condition d'avoir trouvé quelqu'un pour les remplacer, ce qui n'est pas forcément quelque chose de facile.
- Mais cette clause de conscience, autant elle est assurée pour les médecins, autant elle est beaucoup plus floue pour les autres professionnels de santé qui sont également impliqués.
- Nous travaillons en équipe et donc tous les professionnels de santé sont impliqués, l'infirmière, l'aide soignante à qui une clause de conscience a été refusée, l'ensemble des personnes qui interviennent dans une équipe de soins.
- Et donc là aussi, il y a de vraies difficultés pour nous à envisager l'avenir.
- En ce qui concerne le texte sur les soins palliatifs, est-ce qu'il vous convient ? Oui, globalement, c'est un texte qui est plus technique et médical sur l'accès aux soins.
- Ce qu'on espère, c'est qu'il va améliorer l'accès des personnes qui en ont besoin.
- Tous les jours en France, 500 personnes meurent sans avoir eu accès aux soins dont elles auraient eu besoin.
- Ça fait une toutes les six minutes.
- Ce texte va contribuer, mais bien sûr, ce qui va compter le plus, c'est le budget qui sera voté au mois d'octobre prochain, plus que...
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