Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Nous sommes avec Elisabeth Lévy. Elisabeth, bonjour.
- Bonjour Jean-Jacques, pardon. Bonjour à tous.
- Bon, je voudrais que, et vous avez souhaité, revenir sur l'incident entre Rachida Dati et Patrick Cohen.
- Pourquoi ? Parce que la profession de journaliste, et notamment le service public, se sert les coudes.
- Ah oui, alors là c'est une montée au rideau, la république des lettres, enfin la république des médias est en danger.
- Bon, il faut rappeler l'histoire rapidement quand même peut-être.
- Donc le 18 juin, Rachida Dati était sur le plateau de C'est à vous, donc Pat Co, comme on l'appelle dans la profession, l'interroge sur les accusations de conflits d'intérêts qui ont été portées par complément d'enquête, et l'Obs je crois.
- Donc Queen Dati, qu'est-ce qu'elle fait ? Elle lui renvoie à la tête un article de Mediapart qui l'accuse de harcèlement quand il était à France Inter.
- C'est vrai, vous harcelez vos collaborateurs, c'est vrai ça ? Et elle sert dans la foulée, Anne-Elisabeth Lemoyne, un article de Marianne, un article de Couloir qui parle d'une ambiance épouvantable dans l'équipe.
- Alors les deux nient et font bien sûr les indignés.
- Ce que vous faites est déshonorant, lâche Patrick Cohen.
- Alors la réplique de la ministre aurait été absolument calibrée sans la menace voilée.
- Après l'article de Mediapart, je pourrais faire un article 40.
- Alors rappelons tout de même.
- C'est vrai, elle aurait mieux fait de s'abstenir.
- Mais tout de même, rappelons que plusieurs enquêtes judiciaires ont été ouvertes sur la base d'articles de Mediapart ou du Canard Enchaîné ou l'affaire Fillon a débuté comme ça par exemple.
- Et que ça n'a choqué personne.
- Et l'article 40 que Rachida Dati invoque fait partie du sacro-saint état de droit.
- Donc c'est pas absolument scandaleux mais enfin c'est quand même maladroit.
- Et surtout ça a permis à toute la presse d'irruter contre cette ministre qui menace un journaliste.
- Les confrères, en réalité, s'ils sont si outrés par ces accusations, ils auraient dû dénoncer Mediapart.
- Seulement Don Plenel, c'est le parrain et toute la profession lui baisse la main.
- Donc eux, on les critique jamais.
- Alors France Télévisions et Radio France, vous l'avez dit, Jean-Jacques soutiennent les pauvres petits journalistes attaqués.
- La profession s'indigne.
- La ministre de tutelle attaque les médias de public, dit-on.
- En fait, c'est faux.
- C'est pas une tutelle en réalité.
- Puisque les nominations et la police de l'antenne relèvent de l'ARCOM.
- Et d'ailleurs, Rachida Dati n'a pas eu, comme elle le voulait, le scalp de Delphine Ernaut.
- Et puis par ailleurs, moi j'aimerais bien savoir où étaient ces grands résistants contre la gérance du pouvoir quand Rima Abdul-Malak menaçait Seigne aux EC8 de perdre leur fréquence tout à fait explicitement.
- Est-il normal qu'une ministre mette en cause un journaliste ? Je ne sais pas.
- D'abord, je ne sais pas, est-ce que c'est le rôle du président de danser la lambada ? Alors bon, pas la lambada mais en fait danser.
- Mais bon.
- Je ne sais pas si c'est son rôle mais en tous les cas, je trouverais assez réjouissant ce petit léger rééquilibrage du rapport de force.
- Parce qu'autrefois, qu'est-ce qui s'est passé ? Autrefois, les journalistes craignaient les gouvernants.
- Eh bien aujourd'hui, c'est le contraire.
- Et on assiste à quoi ? La soumission des politiques devant les médias.
- Pourquoi ? Parce que les médias sont en réalité devenus le premier pouvoir et en prime un pouvoir qui refuse absolument tout contre-pouvoir.
- On n'a pas le droit de les critiquer.
- Ce serait une attente à la démocratie.
- Et qui s'indigne par exemple quand toute la presse accuse un homme présumé innocent et en fait un coupable et un banni ? Pas grand monde.
- Ou quand le monde accusait Baudis, rappelez-vous, d'organiser des soirées...
- Edouard Plenel ? Le monde d'Edouard Plenel, absolument.
- Vous avez tout à fait raison, c'est important.
- Quand le monde accusait Baudis, donc Dominique Baudis, d'organiser des soirées pédophiles quand même, quelle sanction il y a eu ? Eh bien Edouard Plenel.
- Et je vous l'ai dit, voilà la sanction, le parrain de la profession.
- En plus, bon, les journalistes ou des journalistes, il ne faut vraiment pas généraliser, mais...
Transcription générée par IA