Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Il est 8h15, Elisabeth Lévy, revenons sur le meurtre de Mélanie.
- On apprend, bon, on a écouté le procureur hier nous parler du meurtrier de Mélanie, ce garçon de 14 ans.
- On a entendu son avocat, l'avocat de ce garçon.
- Plus on entend les uns et les autres, moins on comprend l'acte de cet adolescent.
- Oui, c'est encore peut-être plus inquiétant et même vertigineux, ça a l'air d'être un meurtre, ça ressemble.
- Alors attention, tout ce que je dis, évidemment, c'est avec les informations dont on dispose.
- Donc ça ressemble, aujourd'hui, d'après ce qu'on nous dit, à un meurtre sans pourquoi, peut-être ce qu'on appellerait un crime gratuit.
- Parce que d'abord, il n'y avait aucun contentieux direct entre la victime et le tueur, visiblement.
- Donc je mets tout ça encore au conditionnel, il n'avait pas supporté d'être recadré quelques jours plus tôt pour une histoire d'embrassade dans le lycée, dans le collège.
- Il n'y a pas d'explication sociologique ou culturelle, comme vous l'avez dit Jean-Jacques.
- Son père n'est pas alcoolique, Quentin n'a pas été élevé dans la haine de la France, ni dans une famille visiblement déstructurée, alors ça c'est toujours l'extérieur.
- Ce n'est pas non plus un collège violent, un quartier prioritaire politique de la ville.
- Et tout ça s'est passé en présence des gendarmes, donc on ne peut même pas mettre en cause le laxisme de l'éducation nationale.
- Il était inconnu des services de police, donc ce n'est pas non plus un problème de justice.
- Alors bien sûr, il a été exclu deux fois pour violence, enfin il est facile de dire aujourd'hui qu'on aurait dû détecter un risque plus grave, je suis désolé, il n'y a pas de science exacte.
- On ne peut pas, si vous voulez, non plus psychiatriser l'ensemble d'une jeunesse et c'est difficile de détecter, si vous voulez, dans les différents comportements.
- Alors le résultat, et c'est peut-être ça qui nous déconcerte, eh bien il n'y a pas de coupable à accabler.
- On ne peut pas accuser l'État, on ne peut pas accuser le gouvernement ou je ne sais quel ministre.
- Oui, alors, alors, peut-on parler de faits divers ? Eh bien, alors j'hésite, je ne dirais pas complètement, parce que la récurrence, si vous voulez, aujourd'hui d'une violence inexpliquée, justement, en fait peut-être un phénomène de société.
- Le nombre d'adolescents poursuivis pour assassinat, meurtre, coup mortel ou violence aggravée a doublé depuis 2017, en 8 ans. C'est quand même pas beaucoup, il s'est passé maintenant à 2100.
- 2100 adolescents, donc, poursuivis.
- Cette violence, donc, qui est gratuite, souvent, est totalement disponible, disproportionnée par rapport à l'enjeu de départ, devient banale.
- Un couteau peut sortir pour une casquette volée, une cigarette refusée ou une fille convoitée.
- Alors, il n'y a pas de responsabilité politique, je l'ai dit, mais est-ce que ça veut dire que personne n'est responsable ? Peut-être qu'il y a, en tous les cas, une responsabilité collective.
- Bien sûr, c'est chaque famille, chaque parent qui éduque ses enfants, mais c'est quand même la société toute entière qui fabrique un état d'esprit, peut-être une anthropologie.
- Et là, je voudrais juste citer quelques pistes.
- S'éloigne du cas de Quentin, évidemment.
- Là, je parle du phénomène, parce qu'évidemment, il y a quand même ce phénomène de cette violence des jeunes.
- Alors, je cite quelques pistes.
- D'abord, l'école ne valorise pas l'effort, elle déteste la verticalité, la hiérarchie, l'air du temps encourage, on l'a déjà dit, la plainte, la victimisation.
- Bref, on parle de droit toute la journée, assez peu de devoirs.
- Et si les jeunes ont des mentalités de créanciers à qui tout est dû, c'est peut-être aussi parce que cet état d'esprit est répandu chez leurs parents.
- Qui, aujourd'hui, dans la société, Jean-Jacques ? S'interroge sur ses responsabilités dans ce qui lui arrive.
- C'est toujours la faute des autres.
- Alors, je risque une autre piste.
- Mais je la risque vraiment.
- Oui, François.
- Non, je vous écoute, je vous écoute, ça m'intéresse.
- Je risque une autre piste.
- C'est qu'il y a peut-être aujourd'hui un problème spécifique aux jeunes hommes.
- Pas parce que ce seraient tous des salauds de prédateurs.
- Mais Pierre Vermeuren en a beaucoup...
Transcription générée par IA