"Législatives : les deux France qui se font face" : écoutez la chronique d'Elisabeth Lévy
Du lundi au jeudi à 8h10, retrouvez une Elisabeth Lévy cash. Notre éditorialiste donne son avis sur un sujet d’actualité sans tabou et sans interdit.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 3 premières minutes de votre émission :
"Paris, ville irréelle à la vraie France, qui roule au diesel."
Benjamin Glaise : Sur Radio à 8h15, soyez les bienvenus si vous nous rejoignez, c'est le bon moment pour nous rejoindre Elisabeth Lévy, et là, Lévy sans interdit, bonjour Elisabeth !
Elisabeth Lévy : Bonjour Benjamin, bonjour à tous !
Benjamin Glaise : Bon, on fait le point après les résultats du premier tour, est-ce qu'on peut parler de Deux-Frances après l'annonce de ces résultats ?
Elisabeth Lévy : Oui, d'ailleurs, vos précédents invités en ont déjà parlé, même si ces Deux-Frances ne sont évidemment pas homogènes, mais on a vu, en somme, la réplique de la carte des Européennes, quelques taches roses dans un océan bleu. La France rurale, celle des villes de moins de 1000 habitants, c'est-à-dire l'essentiel du tissu urbain du pays, en réalité, cette France doit être massivement Bardella, même si, Frédéric Dabi me l'a confirmé hier soir, la Macronie s'y maintient. Les métropoles et les villes moyennes, elles sont partagées entre la gauche et le centre, et le cas de Paris est emblématique. Votre doctorant a simplement oublié les conditions matérielles d'existence, il connaît que l'appartenance à la gauche a de grandes valeurs, mais la réalité, si vous voulez, c'est ce que montre le carton du Nouveau Front populaire et notamment des Insoumis, à la fois à Paris et dans les banlieues, c'est que la gauche, c'est le parti des bobos et des immigrés, c'est la stratégie Terra Nova. La France RN, elle, c'est le peuple de la bagnole, comme l'a dit Jérôme Fourquet, celle des foyers à deux voitures, quand un tiers des ménages parisiens en ont seulement une. C'est la France qui se chauffe au fuel, où toute hausse de l'essence signifie un petit plaisir en moins, c'est une France où les enfants doivent partir pour étudier, ou surtout une France où accoucher est un problème, où un AVC risque d'être bien plus fatal que dans une grande ville, où on fait des kilomètres pour aller chez le dentiste, sinon on prend du Doliprane et on serre les dents. Alors, Maurras opposait le pays réel au pays légal, ce matin, Jean-Paul Brighelli, dans Causeur, oppose Paris, ville irréelle à la vraie France, qui roule au diesel, écrit-il, parce que c'est moins cher, et fait des barbecues parce que c'est meilleur.
"4,2 millions de voix à 11 millions, c'est presque un triplement. Que s'est-il passé ?"
Benjamin Glaise : En gros, c'est un peu la France des perdants de la mondialisation, Elisabeth.
Elisabeth Lévy : Oui, mais pas seulement, vous savez, on ne se nourrit pas que de pain. Entre les deux premiers tours des élections législatives 2022-2024, seulement deux ans, le Rassemblement national est passé de 18% à 32% des suffrages, tout de même, et de 4,2 millions de voix à 11 millions, c'est presque un triplement. Que s'est-il passé ? Je vous le disais, on ne se nourrit pas seulement que de pain, et il me semble que la différence, c'est en grande partie, là, des possessions culturelles, la peur de la disparition collective. Les émeutes qui ont suivi la mort de Naël et le meurtre de Crépol, pour prendre simplement deux événements, mais il y en a beaucoup d'autres, ont révélé, pour beaucoup de gens, la fumisterie du vivre ensemble, et que demandent-ils ? Une immigration maîtrisée, réduite, et surtout, une immigration intégrée, puisqu'on ne parle plus d'assimilation. Et que fait le pouvoir quand le bon peuple lui dit cela ? (...)