Par Elisabeth Levy
Future station de métro Serge Gainsbourg aux Lilas : une pétition lancée pour changer le nom
Une pétition lancée contre le nom de la future station de métro « Serge Gainsbourg » à Paris : écoutez la réaction d'Elisabeth Lévy
Du lundi au jeudi à 8h10, retrouvez une Elisabeth Lévy cash. Notre éditorialiste donne son avis sur un sujet d’actualité sans tabou et sans interdit.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des premières minutes de votre émission :
"Apparemment, les pétitionnaires ne connaissent pas la différence entre l'art et la vie."
Patrick Roger : Lévy sans interdites. Bonjour Elisabeth Lévy.
Elisabeth Lévy : Bonjour Patrick.
Patrick Roger : Serge Gainsbourg, Lemon Incest. Alors une pétition s'oppose à une future station de métro à Paris. Serge Gainsbourg, Elisabeth Lévy.
Elisabeth Lévy : C'est pas à Paris en fait, à la Consulte Culture, Patrick. Givien frappe à tour de bras les vivants et les morts. Et c'est donc la mairie de la ville des Lilas qui est limitée.
Patrick Roger : Oui, le peuple de Paris, non mais c'est ce que je dis, c'est le métro parisien.
Elisabeth Lévy : Voilà, c'est le métro parisien, mais c'est la mairie des Lilas. Et veut donner le nom du chanteur à une station de métro qui ouvrira en 2024. Et une pétition dénonce l'honneur fait à un artiste qui, je cite, a chanté des féminicides sadiques, ça c'est pour Marie-Lou sous la neige, et des viols incestueux, c'est donc Lemon Incest qu'il chantait en Dieu avec sa fille Charlotte. Apparemment, les pétitionnaires ne connaissent pas la différence entre l'art et la vie. Le réel et sa représentation, ils ne comprennent rien. Évidemment, à la provocation, il faut donc brûler Gainsbourg. Et franchement, c'est un sale temps pour les génies. Les mêmes meutes vertueux se déchaînent contre Gérard Depardieu depuis la diffusion d'une émission, on le voit en Corée en 2018, me semble-t-il, faire des blagues graveleuses, très graveleuses, même notamment sur une fillette qui fait du cheval. Alors, il sexualise une enfant, c'indignent les commerces qui n'ont jamais lu Freud, et donc ne savent pas que les enfants n'ont pas attendu Depardieu pour être sexualisés et s'intéresser à la gougoutte lolo ? Après, précisons évidemment que le comédien dans cette séquence ne parle absolument pas à la fillette qui ignore tout de cette polémique qui fait de la grosse provocation.
"Foutez la paix à Gainsbourg !"
Patrick Roger : Bon, on a le droit de détester les chansons de Gainsbourg et les blagues Depardieu qui par ailleurs est mis en examen, donc pour viol aussi.
Elisabeth Lévy : Oui, donc présumé innocent, de même que Frédéric Bec-Bd, dont on a appris hier, alors qu'on n'avait vraiment pas besoin de le savoir, pardon, qu'il était entendu dans une drôle d'affaire de viol, puisque la victime présumée admet un rapport consenti, suivi la même nuit dans le même hôtel d'un rapport non consenti, puisqu'on est invité dans la chambre à coucher, bah il faut tout dire. Alors la justice tranchera, mais le tribunal médiatique n'attend pas pour dresser les bûchers. Cependant, Patrick, vous avez évidemment raison, on a le droit de ne pas aimer Gainsbourg et Depardieu et leur débordement. On a le droit de ne rien comprendre à l'humanité, à la masculinité, à la transgression et de détester les tableaux nus et les blagues grossières. Mais il y a deux choses qu'on n'a pas le droit de faire, je dis ça sous le regard sévère de François, chassés en meute, condamnés au bannissement social des hommes qui n'ont pas été condamnés par la justice, et même d'ailleurs une fois qu'ils ont purgé leur peine, mais bon. Et surtout, on n'a pas le droit de censurer et de dénigrer des œuvres d'art au prétexte que leurs auteurs seraient infréquentables ou leur contenu leur propose scandaleux en matière d'art comme en matière de fantasme. La seule loi, c'est la liberté. D'ailleurs, cette opinion libérale est largement partagée parce que la ridicule pétition n'a recueilli que 3000 signatures, ce qui est vraiment misérable. Alors c'est un message au vestal de la bienséance auquel je m'associe: foutez la paix à Gainsbourg !
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