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Une professeure du collège Jacques-Cartier à Issou (Yvelines) diffamée pour avoir montré une œuvre d’art montrant des femmes nues à des élèves de 6e


Une professeure du collège Jacques-Cartier à Issou diffamée pour avoir montré une œuvre d’art montrant des femmes nues à des élèves de 6e

Du lundi au jeudi à 8h10, retrouvez une Elisabeth Lévy cash. Notre éditorialiste donne son avis sur un sujet d’actualité sans tabou et sans interdit.

Elisabeth Levy & Patrick Roger

Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des premières minutes de votre émission :

"Après le cours, la machine à rumeurs s'emballe, on parle de propos islamophobes et racistes, des parents s'en mêlent, viennent au collège le soir."

Patrick Roger : Lévy sans interdit avec vous, Élisabeth Lévy, bonjour.

Elisabeth Lévy : Bonjour Patrick.

Patrick Roger : Une professeure de français, on en a parlé dans le journal à l'instant, menacée, donc pour avoir montré un tableau, vous voulez y revenir.

Elisabeth Lévy : Oui, donc cinq belles dénudées qui sèment les mois dans ce collège d'Issou dans les Yvelines. Alors, donc, les cours ont été suspendus. Gabriel Attal a dû y aller hier pour proclamer que dans l'école française, on ne détourne pas les yeux devant un tableau, sauf que si, justement. Donc, ça commence jeudi quand cette professeure de français montre ce tableau à ses élèves de sixième, c'est Diane et Actéon. C'est un tableau du 17e siècle et on voit Actéon qui surprend Diane et ses suivantes qui sont en train de se baigner en tenue d'Eve. Alors, quelques élèves, semble-t-il, sont choqués, détournent les yeux et puis ensuite, après le cours, la machine à rumeurs s'emballe, on parle de propos islamophobes et racistes, des parents s'en mêlent, viennent au collège le soir. Les professeurs exercent leur droit de retrait et tout ça ne se passe pas dans un climat très serein parce que depuis la rentrée, il y a des familles de sixième qui sont récriminatrices systématiquement. En novembre, le principal envoyait une lettre aux parents et il parlait de parents qui mettent en cause de plus en plus systématiquement les pratiques pédagogiques avec des accusations graves envers des personnels de l'établissement. Il y a des procédures même pour les empêcher d'entrer. Bref, Patrick, il y a une ambiance plutôt pourrie dans ce collège.

"Et bien, cette seconde chance, justement, Samuel Paty, Dominique Bernard et toutes les victimes du terrorisme islamiste ne l'ont pas eue."

Patrick Roger : Alors que penser de cette nouvelle affaire ?

Elisabeth Lévy : Evidemment, on ne peut pas ne pas penser à la mécanique fatale qui a assassiné Samuel Paty. Alors d'abord, on a un groupe d'élèves et de parents qui sont imprégnés par un fantasme victimaire, ce fantasme qu'une partie des élites leur a mis dans le crâne. Ce sont des éternels offensés, ils ne sont jamais responsables de rien. Et ça révèle aussi le fossé culturel énorme, parce que si ses élèves et ses parents étaient capables de symbolisation, ils seraient enchantés par le tableau, puisque après avoir regardé ces fameux actéons échanger en serre et manger par ces chiens, ça devrait ravir les pudibonds de toute confession et les féministes d'ailleurs. Bon, alors ce qu'on peut voir dans cette affaire, c'est que le pas de vague n'a pas disparu même dans le Figaro. Le responsable du SNES et celui du rectorat, donc le SNES, le grand syndicat et celui du rectorat étaient à l'unisson. Rien ne prouve que l'incident est une dimension religieuse. Bon, alors cette fois ci, c'est vrai, il y a des différences. Quand même, le principal a réagi. Le ministre aussi l'a annoncé des conseils de discipline, des postes d'assistants, une équipe valeur de la République. Bon, c'est très bien. Mais ça ne va pas empêcher les mauvais coucheurs de se monter le bourrichon à la moindre occasion. Et finalement, cette affaire, elle est glaçante parce qu'elle est presque devenue banale et qu'elle révèle notre impuissance collective. Pourquoi ? Parce qu'on ne sait pas changer les mentalités. Par ailleurs, il est impossible de protéger tous les professeurs de France et que donc, pour l'instant, notre seule arme est plutôt émoussée. C'est la justice. Vous l'avez vu, les collégiens qui ont désigné Samuel Paty ont écopé de peine tout de même légère. 14 mois avec sursis, à 6 mois fermes sous bracelet. Stéphane Simon, qui a écrit un livre sur le sujet, disait Donc, aux heures, au lieu de faire un exemple, on a voulu leur donner une seconde chance. Et bien, cette seconde chance, justement, Samuel Paty, Dominique Bernard et toutes les victimes du terrorisme islamiste ne l'ont pas eue.

Patrick Roger : Merci, Elisabeth Lévy.

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