Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Avec nous Jean-Christophe Colombeau et je le remercie d'être là en direct.
- Jean-Christophe Colombeau, bonjour.
- Bonjour.
- Merci vraiment d'être avec nous.
- Vous êtes chauffeur de bus à Bordeaux depuis combien de temps Jean-Christophe ? Ça va faire 28 ans le 27 juin.
- 28 ans le 27 juin.
- Oui, c'est pas d'hier que vous conduisez des bus à Bordeaux Jean-Christophe Colombeau.
- Que s'est-il passé dans votre bus à la mi-mai ? Écoutez, le 7 mai, précisément à 11h10, je m'en souviens encore, je roulais, j'arrivais à Naray, il y avait du monde et j'ai accueilli, comme je le fais tous les jours depuis 28 ans, individuellement chaque passager avec un bonjour et un sourire.
- Et il y a un jeune d'une vingtaine d'années qui était avec une casquette et des écouteurs et j'ai pensé qu'il me fallait...
- Il ne m'avait pas entendu parce qu'il avait les écouteurs.
- Donc je lui ai juste tapoté un petit peu sur l'épaule et réitéré mon bonjour avec le sourire.
- Donc ce n'était pas une réprimande, ce n'était pas...
- Et là, c'était le bonjour de trop puisqu'il s'est retourné en me disant qu'il n'avait pas à me dire bonjour et que j'étais un fils de pute et d'aller me faire enculer.
- Donc forcément, ça a fait un quart de seconde, j'ai réagi.
- Je lui ai demandé.
- De descendre gentiment, poliment.
- Je lui ai demandé de descendre puisque je ne pouvais pas le transporter tout en étant tout ce qu'il m'avait dit.
- Donc il ne l'a pas fait.
- Et donc je suis effectivement descendu de mon poste de conduite pour aller au milieu du bus, ouvrir la porte.
- Et je lui ai redemandé de descendre gentiment.
- Il ne l'a pas fait, donc je l'ai un peu accompagné.
- Et là, j'ai pris deux uppercuts au visage, un coup de boule et je me suis retrouvé allongé cinq mètres plus loin sur un enfant.
- Il se situait derrière mon siège conducteur.
- Et là, j'ai tapé contre une barre.
- Je me suis fait mal à l'épaule.
- Je saignais de partout et je me suis vu partir parce que même avec mes deux mains, je n'arrivais même plus à lui tenir sa propre main et il continue à frapper.
- Je sens votre émotion.
- On la comprend, Jean-Christophe.
- On la comprend.
- Cet homme vous a frappé dans le bus.
- On sent d'abord physiquement.
- Comment allez-vous ? Écoutez, je sors d'une opération puisque j'ai en fait une rupture de deux ligaments de l'épaule.
- Donc, il a fallu réparer ça.
- Donc, je pense qu'il va y en avoir pour quelques temps pour s'en remettre.
- Et puis, mais après ça, c'est le physique, j'ai envie de dire.
- Mais moralement, j'ai beau être délégué syndical, syndicaliste depuis aussi une vingtaine d'années.
- Eh bien, ce n'est pas quelque chose d'habituel.
- Donc, j'ai plutôt l'habitude d'accompagner mes collègues.
- Mais là, je suis de l'autre côté.
- Oui.
- Je n'arrive pas à faire face.
- Oui.
- Alors, vous n'arrivez pas à faire face.
- Pourquoi ? Parce que votre direction vous a convoqué pour un entretien préalable avant sanction.
- Avant sanction.
- Mais que vous reproche votre direction ? Eh bien, ma direction me reproche de ne pas avoir respecté les consignes qui sont qu'il ne faut pas quitter son poste de conduite.
- C'est une procédure qui n'est écrite nulle part.
- Alors, je m'en intérieure, mais après, ça paraît de bon sens quand on l'écrit au calme derrière un bureau et que ça paraît sensé pour tout le monde.
- Mais sur le moment, quand vous voulez ça, ce n'est pas la réflexion qui l'emporte, c'est l'instinct.
- Souvent, on se fait insulter tous les jours.
- Je ne suis pas le seul, mais on est des êtres humains.
- Donc, fatigué, vos problèmes personnels, vous ne les laissez pas au vestiaire ou au dépôt avant de rentrer dans le bus.
- Donc, je ne sais pas pourquoi j'ai réagi comme ça, mais c'est un instinct.
- Donc, on me le reproche, mais après, je ne comprends pas parce que s'il se passe quelque chose au fond du bus, est-ce que je dois quitter mon poste de conduite ? Est-ce que si une petite fille se fait agresser, je...
Transcription générée par IA