Retranscription des premières minutes :
- Le Petit Matin Sud Radio. Maxime Trouleau.
- Vous avez peut-être vu ces images impressionnantes, effectivement, hier, de l'effondrement de ce glacier en Suisse qui a littéralement rayé de la carte le petit village de Blatenn, de l'autre côté de la frontière.
- Il y a toujours, ce matin, un disparu. Bonjour, Jean-Marc Payex.
- Bonjour.
- Merci d'être notre invité ce matin sur Sud Radio. Vous êtes le maire de Saint-Gervais-les-Bains, en Haute-Savoie.
- En fait, vous n'êtes qu'à une centaine de kilomètres du drame, c'est ça ? On est en plein sur cette chaîne des Alpes, à l'est d'Annecy et de Genève.
- Monsieur le maire, est-ce que vous êtes inquiet, ce matin, que cela vous arrive aussi du côté de Saint-Gervais-les-Bains ? Alors, inquiet, si vous voulez, on ne pourrait plus vivre si on était inquiet tous les jours.
- Je crois que les risques naturels, il faut accepter déjà une chose, c'est que ce n'est pas l'homme qui décide, l'humain qui décide, mais c'est la nature.
- Et elle décidera de faire ce qu'elle veut quand elle veut.
- Donc c'est à nous de...
- d'être humble, et puis peut-être de faire un petit examen de conscience aujourd'hui.
- On a cru pendant des décennies qu'on pouvait dompter la nature, on a fait n'importe quoi.
- On a construit des autoroutes, on a imperméabilisé des sols, on a construit des voies de chemin de fer, on a construit des maisons dans des lieux de risque, que ce soit des lieux d'éboulement, de glissement, sous des couloirs d'avalanche, sous des glaciers.
- Eh bien, il y a un moment où, effectivement, les choses changent, et les maisons restent, mais peuvent être détruites.
- Et ce n'est pas tout à fait ce qui s'est passé en Suisse, mais c'est que ça, on est sous des glaciers.
- Eh bien, le jour où ça se passe, la théorie de l'instant T, elle existe, et c'est ce qui est terrible.
- Ils ont eu un très bon réflexe, c'est d'anticiper, bien évidemment, et d'évacuer.
- Mais vous savez, la difficulté d'un maire, c'est surtout de convaincre sa population que ça peut arriver.
- On le voit notamment souvent dans les questions d'incendies ou d'inondations.
- Il faut expliquer aux gens que, malheureusement, il y a trop de risques et qu'il faut quitter leurs habitations.
- Parfois, les gens sont propriétaires depuis qu'ils sont tout petits.
- C'est toujours difficile.
- Est-ce que, du côté de Saint-Gervais-les-Bains, M. le maire, vous êtes dans une zone, justement, une zone à risque dont vous parliez à l'instant ? Alors, on n'a pas le même risque d'être sous des glaciers et d'avoir construit dessous.
- Par contre, on a eu une grosse catastrophe en 1892.
- Oui.
- On a un glacier qui a explosé.
- Alors, il y avait beaucoup moins de construction.
- Alors, il a explosé la nuit.
- Il a explosé, c'était dans la nuit du 12 au 13 juillet.
- Et ça a fait à peu près 175 victimes.
- Alors, quel était le risque ? Et à cette époque-là, c'est simplement que la lave torrentielle, à un moment, a été bloquée par une gorge.
- Et il y a eu une élévation.
- Et donc, c'est reparti comme un bouchon.
- Et ça a tout rasé sur son...
- Il y a eu un passage.
- Et la lave a rencontré une deuxième gorge.
- Et il y a eu la même chose au terme de Saint-Gervais.
- Donc ça, depuis, on surveille.
- On a eu un épisode où on a cru, en 2009-2010, retrouver la même poche dans le glacier et le même risque.
- Et on a tout fait pour protéger la population.
- Mais on n'a pas pu supprimer le risque.
- Oui, il y a toujours ce risque.
- Est-ce que, justement, pardon, je vous coupe, M. le maire, est-ce que vous vous en discutez ? J'imagine que vous avez dû en discuter avec ce qui s'est passé du côté de la Suisse, avec vos administrés, avec vos habitants.
- Est-ce qu'eux, ils craignent le pire ? Est-ce qu'ils sont prêts, en tout cas, au pire ? Alors, si vous voulez, nous, on est le glacier, maintenant, le plus surveillé du monde.
- Il y a des capteurs.
- On fait des études tous les ans depuis 2010.
- On vide les poches quand elles sont trop...
Transcription générée par IA