Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, Benjamin Gleize.
- 8h15 sur Sud Radio, nous sommes vendredi et c'est l'heure de la chronique de Guy Carlier.
- Bonjour mon cher Guy.
- Bonjour Benjamin, bonjour Arlette, bonjour à tous.
- Bon, comme chaque vendredi, vous allez nous dire ce qui a retenu votre attention dans l'actualité de la semaine qui s'achève.
- Oui, les historiens diront plus tard que ce fut un instant suspendu, une gifle dans l'air lourd de l'Asie tropicale, une gifle à la jointure exacte de l'humiliation et du grotesque, une scène trop parfaite, trop théâtrale pour ne pas être vraie et que pourtant on a voulu faire passer pour fausse.
- Oui, je me suis appliqué pour donner à ce début de chronique une patine littéraire, vu le niveau auquel elle se situe.
- L'avion présidentiel venait de se poser sur le tarmac d'Hanoï, la caméra montait astucieusement sur un trottinette.
- France Palette était là, curieuse, innocente, à hauteur d'homme, ou plutôt à hauteur de vaudeville.
- Un officier ouvre la porte, laissant apparaître dans l'embrasure un rectangle de lumière et dans ce cadre net, presque cinématographique, apparaît furtivement un visage, celui d'un homme d'État, et soudain, une main fuse.
- Pas celle d'un ennemi infiltré, non, une main conjugale, la main de Brigitte qui lui assène un bourre-pif avec l'autorité et la colère de l'épouse contrariée.
- En un coup d'œil, le président aperçoit la caméra, sur le Transpalette, alors dans un réflexe de survie médiatique, en une fraçon de seconde, il tente de se ressaisir, essaye de donner le change en affichant un sourire niais et d'une main tremblante, fait un coucou un peu ridicule du genre « Ah tiens, coucou le Vietnam, vous êtes là ? » C'est le coucou stupide, vous savez, de l'amant qui sort de la chambre et se retrouve face au mari cocu.
- Cet instant me revient, à cet instant me revient cette formule usée des éditorialistes, vous la connaissez, Arlette, qui, pour souligner, la médiocrité des personnages politiques contemporains, ont pris l'habitude de dire « Imagine-t-on le général de Gaulle dans cette situation ? » Non, on n'imagine pas Tante Yvonne balancer une droite au général, à la porte de l'avion présidentiel.
- « Imagine-t-on le général de Gaulle ? » Elle est terrible cette phrase, car à chaque fois, la comparaison est cruelle pour les politiques contemporains.
- Cette scène a fait le tour du monde, mais le pire, c'est que comme d'hab', il y a un conseiller en communication à l'Élysée, il faudrait parvenir à le trouver, ce type qui n'a que des idées, à la congue, et ce jour-là, il s'est dit « Tiens, on va publier un communiqué pour dire que ce sont des images générées par l'intelligence artificielle, un fake créé par les Russes. » Tellement il craigne notre président.
- Seulement, les images de la baigne font l'ouverture des journaux télévisés du monde entier.
- C'est la risée, personne ne croit une seule seconde que Poutine, avec son Photoshop, soit puéril au point d'inventer une scène de théâtre de boulevard pareil.
- Alors, le président, acculé, bredouille, vous interprétez les images, on se chamaille, comme tous les couples, et dans l'entourage du président, on en rajoute, ce sont des querelles de tourtereaux, du genre, vous savez, c'est toi qui raccroches, non c'est moi, on en était à peu près là.
- Bon, sur le strict plan ornithologique, tourtereaux me semblent un peu exagérés, Brigitte, en tourterelles, franchement, j'y crois pas.
- C'est pas plus une tourterelle qu'un perdreau de l'année.
- Quant au président, sur l'échelle des rapaces, plus proche de la buse que de l'aigle royal.
- Oui, je sais, c'est cruel, je ne peux pas m'en empêcher.
- Finalement, c'est moins humiliant que cette situation pour le président et sa femme.
- Je sais, c'est même pas une prise de position politique.
- Toujours est-il que la BBC envoie un expert en lecture labiale qui révèle qu'au moment où elle évite la main de son mari en descendant l'escalier, Brigitte murmure « Dégage, espèce de loser ».
- Et là, le président de la République française répond « Essayons, s'il te plaît ».
- Et ces mots claquent plus fort que la gifle, parce qu'ils trahissent une vérité plus profonde, plus douloureuse.
- La comédie...
Transcription générée par IA