Retranscription des premières minutes :
- Bonjour, Elie Lemaire. Bonjour.
- Vous êtes rabbin hier sur la place du marché. C'était à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine.
- À un moment, un individu s'approche de vous et vous agresse. Il vous frappe avec une chaise.
- Est-ce que vous avez eu le temps de comprendre ce qui vous est arrivé hier ? Alors écoutez, je suis assis donc à la terrasse d'un café avec une personne.
- Et puis j'avais rendez-vous. Je prends un coca, tout simplement.
- Et puis à un moment, j'ai l'impression qu'il y a une cheminée qui me tombe sur la tête.
- Au début, je me dis « Waouh ! » Il y a une cheminée qui vient de tomber.
- Je me retrouve par terre avec un énorme coup. Et puis j'entends crier « Arrêtez-le ! Arrêtez-le ! ».
- Et là, je comprends que quelqu'un vient m'agresser. Il me donne un coup vraiment très violent sur la tête.
- Il m'a donné un coup très violent sur la tête avec une chaise qu'il a prise, je pense, sur la terrasse.
- Et c'est comme ça que vous l'avez compris. Vous avez mis quelques instants à vous remettre de vos émotions, je présume.
- Est-ce que vous avez eu le temps de voir l'agresseur ? Est-ce qu'il a prononcé des mots ? Écoutez, je suis incapable de le dire, parce que d'abord, c'est la place du marché à nuit.
- Donc il y a le marché en plus. Je suis avec une personne en train d'échanger.
- Donc j'essaie d'être concentré sur ce qu'on me dit. Et puis il y a du monde autour.
- Donc voilà. Il a peut-être dit. Je ne sais pas. Je l'ignore complètement.
- Vous avez ensuite été hospitalisé brièvement pour qu'on voit comment vous alliez.
- Vous en êtes ressorti. Comment allez-vous ? Écoutez, je vais bien. Je n'ai même pas eu besoin d'être hospitalisé, disons.
- On m'a fait tous les examens nécessaires, parce que c'est un coup violent à la tête.
- Et grâce à Dieu, je remercie le ciel. Oui, c'est vrai que le coquard est important.
- La bosse est importante. Mais il n'y a pas d'autres choses.
- Et donc pour moi, c'est quand même quelque chose de fondamental.
- Voilà. Vous sentez comme on se peut sentir après une agression.
- On sent comme on peut se sentir après deux agressions, en quelque sorte, en une semaine, puisque malheureusement pour vous, il y a à peu près une semaine, à Deauville, dans le Calvados, vous avez également été agressé.
- Oui.
- La semaine dernière, à Deauville, vendredi, je me promène.
- Puis il y a trois personnes qui me barrent le passage dans une des rues de la ville.
- J'avance. Et puis arrivé à leur hauteur, ils m'écartent.
- Et puis je reçois un bon coup dans le ventre.
- Non, oui. Alors est-ce que c'est parce que j'ai une kippa et une barbe ? Je pense. Maintenant, c'est vrai que tant que les gens ne me disent pas clairement...
- Oui, c'est toujours compliqué. Mais vous supposez que c'est ça et que vous êtes victime, en quelque sorte, d'un délit de sale gueule ? Ça s'appelle un délit de faciès.
- Et je pense qu'on est en train de faire un délit de faciès. Mais c'est interdit, quel que soit le faciès.
- Est-ce que vous avez peur, en tant que rabbin, maintenant, que vous vous dites « En une semaine, je peux me faire agresser deux fois », probablement pour la même raison ? Écoutez, vigilant, oui, clair. Et c'est terrible. Mais eh bien il y a des mots qui font du mal.
- Des mots M-O-T-S, qui créent des mots M-A-U-X. Et on en voit aujourd'hui la conséquence.
- Et je pense que c'est très bouleversant. Je vais vous dire, j'ai été très touché par l'intervention.
- De toutes les personnes qui m'ont porté sourd et qui ont arrêté cette personne.
- Parce que, comme je le dis souvent, si je suis ici aujourd'hui en France, c'est parce qu'il y a des dizaines d'années, des paysans français ont sauvé mes grands-parents en les cachant au péril de leur vie.
- Et c'est dans ce pays où j'ai grandi qu'on se retrouve aujourd'hui avec des choses pareilles.
- Et ça, ça me touche énormément. Parce que je ne pense pas...
Transcription générée par IA