Retranscription des premières minutes :
- Celle des archéologues, c'est beaucoup plus inhabituel. On en parle avec notre invité. Benoît Haute, bonjour.
- Bonjour. Vous êtes archéologue, donc. Vous êtes secrétaire général du syndicat SNAC-FSU.
- Les archéologues qui appellent à se mobiliser jeudi prochain dans toute la France contre un recul qui concerne l'archéologie préventive.
- Alors d'abord, il faut qu'on donne deux ou trois définitions à nos auditeurs pour qu'on comprenne bien ce dont on parle.
- Qu'est-ce que l'archéologie préventive ? L'archéologie préventive, il s'agit en fait de... Lorsqu'on ne peut conserver des sites archéologiques, puisqu'il va y avoir des travaux, des travaux d'aménagement ou de construction, on a décidé de mettre en place un dispositif qui permet de sauver non pas les sites, puisqu'il va y avoir des constructions, mais de sauver les informations des sites, l'histoire de nos concitoyens, l'histoire des paysages, et ensuite de laisser faire les travaux tels qu'ils étaient prévus.
- Mais comme ça, on sait ce qu'il y a en dessous. Je prends un exemple. On construit une nouvelle autoroute.
- L'archéologie préventive nous permet de savoir qu'il y a bien une mosaïque romaine en dessous de l'autoroute, c'est ça ? Mosaïque romaine, nécropole, habitat néolithique. Tous les jours, ou presque, il y a des opérations d'archéologie.
- Il y a 2500 opérations d'archéologie préventive chaque année en France.
- Ouais. Et c'est passionnant, d'ailleurs. C'est quelque chose d'absolument fascinant.
- On n'imagine pas ce que la France recède.
- Pourquoi un amendement déposé par les députés Horizon veut supprimer, en tout cas ne plus rendre obligatoire l'archéologie préventive sur les grands chantiers d'intérêt national ? En fait, ça fait déjà plusieurs mois qu'il y a une crise dans le domaine de l'archéologie préventive.
- Pour des raisons budgétaires, il y a eu des grosses restrictions budgétaires dans les services publics, et en particulier dans le domaine de la culture.
- Et depuis le début de l'année, il y a des emplois en moins.
- Et on a 400 collègues au moins qui sont au chômage.
- Et le résultat principal, c'est que là où auparavant, il fallait quelques mois, 4 mois, 5 mois avant les premiers sondages pour aller chercher des sites, aujourd'hui, on annonce aux aménageurs, aux porteurs de projets, aux mairies qu'il va y avoir 18 mois d'attente.
- Donc forcément, ça devient inacceptable. Jusqu'à maintenant, c'était un dispositif qui marchait très bien.
- Et les gens avaient l'habitude, puisque ça coûte relativement peu cher au moins la phase de diagnostic préalable, c'est-à-dire les sondages pour aller savoir si les terrains décèlent des sites archéologiques.
- Et là, lorsqu'on attend, lorsqu'on prévient qu'il va y avoir 18 mois d'attente pour même commencer à savoir s'il y a des sites, ça devient inacceptable.
- Donc soit on essaie de limiter et d'empêcher les opérations préalables, soit les législateurs mettent en place, commencent à préparer des lois pour empêcher l'archéologie sur les grands projets.
- Donc on se retrouve dans un cercle vicieux. En gros, il y a de moins en moins d'archéologues ou du moins de moins en moins de fouilles.
- Ça fait que les délais pour fouiller sont de plus en plus longs. Ça retarde les chantiers.
- Donc on essaie de passer un amendement pour dispenser les chantiers d'une obligation de fouiller avant, c'est ça ? Pour dispenser les gros chantiers. C'est-à-dire qu'en fait, on voudrait faire reposer le dispositif uniquement sur les particuliers et les petits aménageurs ou les communes.
- Et c'est pour ça que vous allez manifester un peu dans toute la France ? C'est-à-dire qu'actuellement, depuis des années, il y a une taxe d'archéologie préventive sur tous les projets. Et cette taxe, actuellement, est supérieure au coût de l'archéologie.
- Sauf que...
- Sauf que cette taxe ne va pas à l'archéologie.
- Comment on explique ce recul, en tout cas cette difficulté aujourd'hui ? Pourquoi l'archéologie perd des moyens, finalement, dans le cadre de ces chantiers ? Aujourd'hui, si un particulier fait l'extension de sa maison, par exemple, il va payer, dans les différentes taxes d'équipement, il va payer 8 euros, par exemple.
- Et ça fera l'arché, 8 euros de taxes d'archéologie préventive. Et aujourd'hui, sur ces 8 euros, 5 euros vont aller à l'archéologie.
- Et le reste va partir dans le budget général de l'État.
- Si les 8 euros...
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