Retranscription des premières minutes :
- Bonjour, Benjamin Morel. Bonjour.
- Merci d'être avec nous. Vous êtes politologue et maître de conférence en droit public à l'Université Paris II.
- Alors notre sondage refraite un peu celui du dernier sondage d'OXA Backbone Consulting pour le Figaro.
- 8 Français sur 10 considèrent le macronisme comme un échec.
- Pour 59% des Français, le macronisme n'est pas un courant de pensée politique.
- Constat sévère. Comment vous analysez-vous ces résultats ? C'est quelque chose qui est, je dirais, relativement évident.
- C'est-à-dire que vous n'avez aujourd'hui pas une idéologie, quelque chose de construit qui permettrait au macronisme de survivre, comme Naguère, ce qu'on a pu appeler le bonapartisme, qui avait été théorisé d'ailleurs plus par Napoléon III que par Napoléon Ier, le gaullisme évidemment, etc.
- Donc il n'y a pas d'idéologie macronienne. Il y a peut-être une pratique du pouvoir, mais il y a surtout un individu.
- Et un individu qui, à la différence peut-être de De Gaulle, n'a pas construit de succession.
- De Gaulle, on le dit souvent, n'aimait pas les partis, etc.
- Mais De Gaulle a passé toute sa vie à construire des partis politiques.
- Et ces partis politiques, ils ont été structurels et structurants dans les politiques françaises.
- De Gaulle était un homme de parti, alors que du côté d'Emmanuel Macron, la construction du parti, ça a toujours été une arlésienne.
- Et il finit Renaissance aujourd'hui.
- Et plus un mouvement structuré autour d'un homme que vraiment un parti.
- Si Renaissance survit, ce sera grâce à un Gabriel Attal ou à quelqu'un d'autre.
- Bref, quelqu'un qui fera le seul du macronisme pour reprendre le véhicule à sa charge et à son profit.
- Ou Elisabeth Borne.
- Ou bien d'autres qui sont dans les starting blocks.
- C'est ça. Est-ce qu'on peut dire qu'au-delà de ce constat que vous faites, Benjamin Morel, je n'ai pas les chiffres en tête, époque peut-être Hollande ou même Sarkozy, mais est-ce que jamais un président n'a été aussi impopulaire ou pas ? Alors, on a pu avoir des records plus forts d'impopularité pour François Hollande.
- Ce qui est vrai pour Emmanuel Macron, c'est qu'il y a une impopularité, mais il y a également une très forte défiance.
- C'est-à-dire que ce n'est pas simplement une forme d'indifférence.
- On a quelque chose qui est quand même très structurant dans l'opinion.
- Naguère, vous aviez des soutiens extraordinaires.
- Extrêmement à la fois solides et en même temps extrêmement motivés.
- Et vous aviez des opposants tout aussi solides et tout aussi motivés.
- Ce qui change ces derniers temps, c'est que la base de soutien d'Emmanuel Macron, qu'il avait soutenue même au moment de la crise des Gilets jaunes, commence réellement à fondre.
- Et ça, c'est le marqueur, en effet, plutôt d'une fin de quinquennat.
- On peut peut-être parler aussi de l'usure de deux mandats, ou sinon ? Alors, il y a l'usure de deux mandats.
- Et il y a des choses qui n'ont pas été comprises par sa propre base électorale, notamment la dissolution.
- Et donc, quand vous faites votre politique et que vous êtes impopulaire pour ça, ceux qui, malgré tout, vous ont portalisé, sont quand même plutôt contents que vous teniez vos promesses.
- En revanche, quand vous tirez une balle dans votre propre camp, si vous voulez, quand vous vous sabordez, d'une certaine façon, vous sabordez votre politique, vous sabordez votre majorité, ça, c'est quelque chose qui n'a toujours pas été compris par l'électorat centriste.
- Oui, mais ce qu'on note dans ce sondage-là, 59%, c'est ça, de sympathisants de Renaissance, qui considèrent, eux aussi, que le macronisme disparaîtra en 2027.
- C'est ça, tout bêtement, parce que là encore, il n'y a pas de véhicule, il n'y a pas de construction.
- Et ce que l'on semble voir, c'est qu'en fait, l'électorat entre Bercail, c'est quoi le macronisme de 2017 ? C'est deux tiers d'un électorat de centre-gauche qui est relativement orphelin et un tiers d'électorat de centre-droite qui est pris sous les difficultés de l'affaire Sillon.
- Ensuite, aujourd'hui, on est plus à deux tiers centre-droite, un tiers centre-gauche.
- Mais demain, si le macronisme disparaît, on voit qu'il est assez probable que cet électorat rentre au Bercail.
- C'est tout le pari de la droite, avec des candidatures comme Philippe ou Retailleau,...
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