Retranscription des premières minutes :
- Allez, à 9h20 sur Sud Radio, on se pose cette question.
- Les détenus doivent-ils contribuer au coût de leur détention ? C'est en tout cas une des pistes du ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui a acté son soutien à une future proposition de loi visant à rétablir les frais d'incarcération qui avaient été supprimés il y a plus de 20 ans.
- On en parle avec vous, Sylvie Corfdière. Bonjour.
- Bonjour.
- Vous êtes présidente de la maison d'accueil des familles de la maison d'arrêt de Bonneville en Haute-Savoie.
- Comment vous avez réagi à cette annonce et notamment les familles que vous accueillez ? Moi, de suite, j'ai pensé aux familles parce qu'en fait, les détenus, en général, pas tous, mais en général, ont la visite de leur famille.
- Et les familles qui sont confrontées à l'incarcération ont parfois des moyens limités, ont souvent des moyens limités.
- Il faut qu'ils payent les frais de route pour venir.
- Et il faut qu'ils donnent de l'argent.
- Il faut qu'ils donnent de l'argent aux détenus pour cantiner.
- Cantiner, ça veut dire pouvoir acheter des cigarettes, du savon, améliorer pour, je ne sais pas, de la sauce tomate, des épices, des choses comme ça.
- Et quand le compagnon est incarcéré et qu'il n'y a qu'un salaire, il n'y a plus de salaire.
- Donc ça veut dire que les familles se privent, privent les enfants.
- Et ce n'est pas possible.
- Ce n'est pas possible de faire payer des détenus dans les conditions dans lesquelles ils sont incarcérés.
- Oui, parce que pour ces familles, ça serait une double peine.
- Il faut quand même rappeler que seuls 31% des détenus travaillent, ont un emploi dans des prisons surpeuplées.
- Donc finalement, ce serait à la charge de ces familles, c'est ça en fait.
- Voilà. Et puis ce qu'il y a comme danger aussi, ce dont moi j'ai peur, c'est que les détenus travaillent.
- Ça les fait sortir des cellules.
- Quand ils sont trois par cellule dans neuf mètres carrés, c'est quand même bien de sortir de cette cellule.
- Et quand ils gagnent un peu d'argent, eh bien, un grand nombre d'entre eux dédommagent les victimes.
- Mais ça veut dire que s'ils ont de l'argent, qu'on leur prend de l'argent pour payer l'incarcération, ils n'ont plus dédommagé les victimes.
- Donc qu'est-ce qui va pâtir de cette situation ? Les familles et les victimes.
- Et en plus, il faudrait leur donner des conditions d'incarcération respectables.
- Je ne sais pas si les gens s'imaginent.
- Neuf mètres carrés, ça fait à peu près, disons, une chambre d'enfants dans un HLM, par exemple.
- Vous mettez trois hommes, deux lits, à l'avabo, de quoi ranger les habits.
- Ils ne peuvent plus bouger. Ils sont enfermés là-dedans 24 heures, 22 heures sur 24, par contre.
- Donc ce n'est pas des conditions...
- On parle de surpopulation carcérale, 135% au 1er juin 2025.
- Là, on est à 85 détenus.
- 62 000 places.
- Il faut peut-être rappeler, Sylvie Corvidier, parce qu'on ne se rend pas forcément compte, la vie coûte cher en prison.
- Parce que, par exemple, tous les produits d'hygiène du quotidien, je pense aux papiers toilettes, brosses à dents, tubes de dentifrice, ça coûte bien plus cher qu'hors les murs, c'est ça ? Alors, non, pas du tout.
- Non, pas du tout.
- Nous, à la maison d'arrêt de Bonnefille, j'ai eu les tarifs.
- Ils achètent en grande surpasse, ça, je ne vais pas vous donner le nom.
- C'est le même prix.
- On a les tarifs, c'est le même prix.
- Non, non, ce n'est pas plus cher.
- Peut-être que certains endroits, c'est plus cher, mais à Bonneville, non.
- D'accord, à Bonneville, oui, là où vous travaillez, vous.
- Moi, je ne connais que Bonneville, je ne sais pas.
- Vous voyez, par exemple, moi, j'ai une dame qui vient avec trois enfants.
- C'était lui qui avait le permis de conduire, elle ne conduit pas.
- Donc, maintenant, elle vient en train.
- Il faut payer le train pour tout le monde.
- Ils avaient acheté une maison.
- Elle me dit, moi, je suis obligée de vendre la maison.
- Vendre la maison, ça veut dire changer de logement, changer les enfants d'école.
- Oui, j'imagine.
- C'est tout ça qu'il faut penser.
- C'est...
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