Retranscription des premières minutes :
- 7h48, elle met son micro en place, elle est là. T'as eu ça ? Françoise Degoy, bonjour Françoise. Salut Maxime, bonjour.
- Nous sommes le 29 mai 2025, ça c'est un anniversaire aujourd'hui très particulier, celui du référendum sur le traité constitutionnel en 2005.
- Ça va rappeler des souvenirs peut-être à certains de nos auditeurs, une campagne, Françoise, qui radicalement a changé la vie politique française.
- Oui, ça va rappeler des souvenirs parce qu'on en parle encore, et à part quand vous aviez 10 ans, ce qui est votre cas, Maxime.
- Évidemment, eh bien tout le monde se souvient de cette campagne. Je suis d'ailleurs étonnée que personne aujourd'hui ne se remémore dans la presse ce qui a été probablement l'une des plus grandes ruptures de confiance, le point de départ en fait de la fracture entre la classe politique et le pays.
- Ce référendum sur la constitution européenne qui a littéralement embrasé la France, enflammé même.
- Rarement la France aura été saisie d'une telle fièvre politique.
- D'un côté, les partisans du Oui, emmenés par Nicolas Sarkozy, qui n'était pas encore président, bien sûr, François Hollande, qui espérait le devenir dès 2007, mais aussi Valéry Giscard d'Etat, qui était l'un des rédacteurs de ce traité.
- Ça, c'était le camp du Oui, et dans le camp du Non, eh bien il y avait la figure de Proulx, Jean-Luc Mélenchon, je parle du Mélenchon d'avant le 7 octobre, Henri Emanuelli, Laurent Fabius et tous les souverainistes.
- Ce fut une bataille homérique, Maxime.
- Oui.
- Se lancer à longueur de débats. Les débats ne parlaient que de ça. Pendant des mois et des mois, le plombier polonais, tout le monde, en fait, faisait de la politique.
- C'était aussi une bataille dans les rédactions. Et globalement, qu'est-ce qu'on voyait ? Moi, j'étais dans une très grande radio à l'époque.
- Eh bien il y avait les directions, il y avait les éditorialistes, il y avait, si vous voulez, tout l'entre-gens, toute l'élite journalistique qui était pour le Oui.
- Et, en fait, les reporters qui étaient pour le Non, c'était la France d'en haut.
- Contre la France d'en bas. Et vous retrouviez ce schéma partout. Des discussions sans fin, extrêmement violentes, parfois, dans le pays.
- La France refaisait, en fait, de la politique à un point abrasif. Mais c'était particulièrement réjouissant.
- Car si les arguments étaient parfois spécieux, en fait, tout le monde dans ce pays, pendant des mois, est devenu spécialiste de constitution européenne.
- Au final, un record de participation, 70% pour un référendum du jamais vu. Et le Non qui triomphe contre toute attente, 55% ce 29 mai 2005.
- En tête dans 84 départements sur 100. N'importe quelle politique rêverait de ça.
- On se souviendra aussi longtemps de l'édito de Serge Julliet à la lune de Libération qui fustige ce vote de populiste.
- Il insulte littéralement les électeurs. Eh bien, sachez ce qui s'est passé. Libération a perdu des dizaines de milliers de lecteurs.
- Voilà, qu'il n'a jamais pu, en fait, récupérer. Le Non a triomphé. Mais finalement, c'est le Oui qui gagnera sur le tapis vert deux ans après.
- Puisque le traité de Lisbonne sera adopté sans vote, bien sûr.
- Prendra quasiment ce fameux traité constitutionnel rejeté si massivement par le peuple français.
- Et c'est là le point de rupture, Françoise.
- Oui, Maxime. Il n'y a pas eu une manifestation depuis 20 ans. Une joute politique sans qu'à un moment donné, ce référendum de 2005, cette victoire volée d'une certaine manière, ne soit invoquée comme une prière.
- Il était omniprésent, par exemple, dans toute la crise des Gilets jaunes.
- Il est toujours là dans un débat lorsque revient la question de la souveraineté du peuple avec une phrase que personne n'aurait dû oublier.
- Ce que le peuple a fait, seul le peuple peut le défaire.
- Eh bien, Maxime, vous savez, cette trahison, elle a infusé comme un poison lent qui n'a pas été mesuré à sa juste valeur par les dirigeants de l'époque, à commencer par Nicolas Sarkozy, puis François Hollande.
- Il a acté ce traité une fracture réelle et surtout une détestation de l'Europe dans une partie de plus en plus importante de l'opinion.
- En ce sens, ce 29 mai 2005 est...
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