Retranscription des premières minutes :
- « Le Petit Matin Sud Radio, 5h-7h, Maxime Trouleau. » « Se dirige-t-on vers la fin du fromage d'abondance ? En 2030, la filière AOP pourrait perdre plus de 40% de sa production de fromage. Bonjour Émilie Jacot. » « Bonjour. » « Merci d'être notre invitée ce matin sur Sud Radio. Vous êtes éleveuse de vaches de race abondance, productrice de fromage d'abondance et présidente du syndicat interprofessionnel du fromage d'abondance.
- Vous êtes du côté du col de Léchaud en Haute-Savoie. Que se passe-t-il ? Est-ce qu'on doit être inquiets pour le fromage d'abondance et pour vos vaches surtout ? » « Alors bonjour à tous. Alors inquiets un petit peu puisque cela fait quelques années que l'appellation est en place et qu'il y a des mises en renforcement du point du cahier des charges.
- Entre autres, nous avons un seuil à respecter en vaches de race abondance.
- Sur l'appellation qui est de 45%. Et ce seuil, il s'érode. Actuellement, alors il y a quelques années, il y avait eu beaucoup d'efforts de fait par rapport aux éleveurs, les syndicats.
- On était autour de 50%. Et là, depuis quelques années, les gens ont un peu tendance à aller vers de la facilité, des races plus faciles à élever, un peu moins locales.
- Et du coup, on se retrouve avec un seuil qui arrive autour des 47% actuellement.
- « Comment vous l'expliquez cette situation qui s'érode ? » « Aujourd'hui, on sait tous qu'on a des métiers difficiles. Élever des animaux, ce n'est pas simple.
- Je pense que vous aviez entendu parler l'année dernière, l'année d'avant, des maladies qu'on connaît.
- Ce qui fait que ces maladies ont un impact sur nos vaches, sur nos races locales.
- Nous, la race abondance, c'est une race qui a faible effectif. On a à peu près entre 50 000 et 60 000 bêtes.
- Et c'est vrai que dès qu'on rencontre un souci sanitaire sur la ferme, pour reconstituer un troupeau, c'est difficile.
- Presque maintenir un troupeau de vaches abondance, ce n'est pas simple.
- Ce qui fait qu'aujourd'hui, quand on perd des animaux, si on s'adresse à un marchand ou qu'on cherche sur le marché, économiquement, de valeur pécuniaire ou même de valeur génétique, au même prix, voire moins cher, on retrouve aujourd'hui des animaux de race qu'ils montbéliardent. C'est ce qui fait que notre taux s'érode.
- « C'est-à-dire que la vache abondance est plus fragile que les autres, c'est ça ? » « Je ne pense pas. Je pense qu'on a tous les mêmes difficultés.
- Simplement, quand vous êtes face à un effectif qui est moins important, derrière, l'impact est tout de suite plus gros.
- Pour vous donner une comparaison, l'abondance, c'est entre 50 000 et 60 000. La montbéliarde, c'est 600 000 têtes.
- Donc, retrouver un animal pour faire du lait de valeur équivalente, ça sera beaucoup plus facile.
- Vous aurez 10 montbéliardes pour une abondance.
- « Conséquences pour le fromage ? » « Je disais dans mon introduction, on pourrait peut-être perdre définitivement le fromage à abondance. Peut-être pas.
- Mine de rien, tout de même, ce chiffre que je rappelle, en 2030, la filière pourrait perdre plus de 40 % de sa production de fromage.
- C'est une réalité que vous vivez au quotidien, Émilie ? C'est une inquiétude aussi à ce niveau-là ? » « C'est vrai que c'est une inquiétude qui s'est creusée depuis. On était attentifs au taux, ce que je vous rappelle, les 45 %.
- On était à 48 %, 49. Et là, cette année, au 1er janvier, on est passé à 47.
- Et on est assez attentifs parce que...
- Si on se rapproche des 45 %, c'est un taux qui va s'appliquer troupeau par troupeau.
- Actuellement, c'est un taux qui s'applique sur la moyenne de l'effectif de la race.
- Et troupeau par troupeau, on sait qu'aujourd'hui, historiquement, on ne jette pas la pierre à ces éleveurs-là, mais historiquement, on sait qu'on a des éleveurs qui sont en pure race montbéliarde ou qui sont avec des troupeaux majoritairement montbéliard.
- Et ces gens-là, si on repasse en taux individuel, ces gens-là ne pourront plus livrer leur lait ou fabriquer leur lait en fromage à abondance.
- Ça sera imposé...
Transcription générée par IA