Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
- Bonjour à tous, bienvenue pour votre rendez-vous avec l'actualité judiciaire, une émission réalisée en partenariat avec la revue trimestrielle Affaires Criminelles.
- Avec moi aujourd'hui, Jade Serrano, journaliste d'investigation.
- Bonjour Jade.
- Bonjour.
- Jean-Marie Bordrier est également avec nous, la voix des matinales sur Sud Radio le week-end.
- Bonjour Stéphane.
- Adrien Pelletier, expert en communication.
- Et aujourd'hui, nous allons parler de l'affaire du Rainbow Warrior, du nom de ce bateau affrété par Greenpeace, qui fut sabordé en juillet 1985 par les services secrets français, qui fit un mort et qui restera une des affaires lamentables du premier septennat de François Mitterrand.
- Lamentable par l'état d'impréparation de l'opération, nous allons le voir avec notre invité, mais également aussi lamentable par la manière dont le pouvoir politique va lâcher ses agents et comment chacun va essayer de sauver sa peau en refusant d'assumer sa part de responsabilité.
- Nous accueillons et nous sommes rassurés.
- Ravis de l'accueillir, Hervé Gattegnaud, journaliste d'investigation bien connu, et pas seulement des services de police, je précise.
- Bonjour.
- Auteur de deux bombes sous le Rainbow Warrior, les derniers secrets de l'affaire qui auraient pu couler Mitterrand aux éditions Flammarion.
- Alors, votre livre est absolument passionnant, je le dis pour nos auditeurs.
- Il est redoutable de précision, c'est certainement ce que l'on fait de mieux en termes d'enquête journalistique, franchement.
- Et pour la rédaction de cette enquête, vous avez eu accès à des tas de sources, dont les archives personnelles de l'amiral Lacoste, qui dirigeait à l'époque de la DGSE.
- Oui, l'amiral Lacoste était donc le directeur des services secrets français de la DGSE, donc en 1985.
- Ses archives, il en avait mis lui-même de son vivant une partie au service historique de la Défense, qui est donc le service d'archives du ministère de la Défense.
- Et ensuite, sa famille a mis ce qu'elle a trouvé dans ses vieux papiers, en quelque sorte, à son tour, au service historique de la Défense.
- Moi, j'ai accédé à un grand nombre de ces documents, malheureusement pas la totalité, pour deux raisons.
- D'une part, il est évident, je le déduis et je le constate dans mon enquête, il est évident qu'une partie des documents a été détruite à l'époque, en 1985-86.
- Et d'autre part, une partie reste probablement couverte de tampons ultra-secrets-défense, encore aujourd'hui, sans doute parce qu'il y a des noms de personnes, qui n'ont jamais été désignées dans le cours de cette affaire.
- Alors, on va revenir dans un instant sur les faits, mais je voudrais mettre tout de suite en appétit nos auditeurs, qui aiment les scoops, ici.
- Jusqu'à présent, la version officielle est que le Président de la République et son Premier ministre, je le rappelle, en 1985, c'est Laurent Fabius, n'étaient au courant de rien, et que c'est une opération, finalement, ratée des services secrets.
- Un dérapage qui a impliqué, quand même, le ministre de la Défense, Charlie Hernu, à l'époque.
- On en est resté, même, aux récusations du Président de la République, François Mitterrand, qui dira « C'est une affaire idiote des services secrets, peuplée de minables et de malandrins. » Alors, rien de tout ça n'est réellement incompatible, en fait, quand je vous entends énumérer ces arguments, ces vérités et ces contre-vérités.
- Elles sont toutes plausibles, et on ne peut pas s'empêcher de penser que ça s'est peut-être réellement passé comme ça.
- Pourquoi je dis ça ? François Mitterrand savait, en effet, depuis le 15 mai 1985, qu'une opération allait être lancée contre Greenpeace.
- Je le dis, et je crois le démontrer dans mon enquête.
- Il savait, non seulement, qu'une opération allait être menée contre ce bateau, mais il savait que l'objectif, c'était de détruire ce bateau.
- Donc, la thèse du sabotage du sucre dans le moteur, etc., ne tient pas la route.
- Et la thèse selon laquelle l'amiral Lacoste serait resté dans le bateau, dans le flou en face du Président, ne tient pas la route non plus, pour des raisons chronologiques, psychologiques, et pour des raisons qui sont démontrées par les documents que j'ai consultés.
- Donc, le Président savait, contrairement à la version officielle retenue depuis cette époque, depuis 40 ans, le Président ne s'est pas...
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