Retranscription des premières minutes :
- En toute vérité, chaque dimanche, entre 11h et midi, sur Sud Radio, sécurité, économie numérique, immigration, écologie, pendant une heure chaque semaine, nous débattons sans tabou des grands enjeux pour la France d'aujourd'hui et de demain.
- Et ce dimanche, nous avons le plaisir de recevoir Raphaël Doran, haut fonctionnaire et agrégé de lettres. Il est l'auteur de « Faire de la France une démocratie », aux éditions Passé Composé.
- Nous recevons également le philosophe André Bonnet, auteur de référendum de 2005, « Les preuves de la trahison démocratique », sortir du traité de Lisbonne.
- C'est aux éditions de l'Artilleur. C'était le 29 mai 2005. 54,8% des Français refusaient de ratifier le projet constitutionnel européen, alors que l'écrasante majorité des élites politiques et médiatiques s'était prononcée pour le « oui ». Il y a quelques jours, on a donc fêté, si j'ose dire, ce 20e anniversaire du nom au traité constitutionnel européen. Traité constitutionnel refusé. Mais deux ans plus tard, le projet a été voté par la voie parlementaire sous la forme du traité de Lisbonne. Peut-on parler de trahison démocratique ? Est-ce la source de la défiance politique actuelle ? La France est-elle toujours une démocratie ? Faut-il un nouveau référendum pour sortir de la crise ? Tout de suite, les réponses de Raphaël Doran et André Bonnet en toute vérité.
- En toute vérité, sur Sud Radio, Alexandre Devicchio.
- André Bonnet, Raphaël Doran, bonjour.
- Bonjour.
- Heureux de vous avoir sur ce plateau.
- On va reparler du référendum du 29 mai 2005. C'était il y a 20 ans et ça paraît incroyablement d'actualité devant la crise politique qu'on connaît aujourd'hui, alors qu'Emmanuel Macron agite la possibilité d'un nouveau référendum mais semble se rédracter immédiatement après.
- C'est aussi une manière de parler de la crise démocratique actuelle avec une très grande défiance pour le monde politique.
- André Bonnet, est-ce que ce référendum, qui s'est traduit par un nom, mais finalement on a adopté le traité, deux ans plus tard, est-ce que cette trahison démocratique, comme vous le dites, est à la source finalement de la défiance actuelle et de la crise politique et peut-être de régimes que nous traversons ? Oui, en fait, ce qui s'est passé est une gravité sans précédent dans toute l'histoire démocratique française, de façon absolument classique et incontestable.
- On place toujours la volonté populaire qui s'exerce directement par la voie du référendum au-dessus de toutes les autres.
- Je rappelle qu'en 1902, par exemple, le Conseil constitutionnel, qui avait été saisi d'une contestation quant au recours au référendum de l'article 11 pour l'élection du président de la République au suffrage universel, avait répondu qu'il ne pouvait pas exercer de contrôle sur l'expression directe de la souveraineté populaire.
- Et les constitutions, d'ailleurs, sont toujours adoptées par le référendum de façon à donner à un système politique son assise, sans laquelle il n'y a pas de consentement libre et éclairé.
- Il n'y a pas de consentement libre à la volonté, soit qu'elle soit nationale, soit qu'elle soit populaire, ou soit qu'elles soient les deux à la fois, comme c'est le cas du régime de la Ve République.
- Et ce qui s'est passé, c'est qu'en 2005, vous l'avez rappelé, avec un écart de plus de 10% des voix, le référendum proposé aux Français pour l'adoption d'un nouveau traité à valeur constitutionnelle de l'Europe, qui devait fonder la nouvelle Europe, a donné lieu à un vote négatif des Français.
- Et pour contourner ce vote négatif, il y a eu un vote négatif des Français.
- Enfin, on a organisé immédiatement au niveau européen, et je dirais avec la connivence de l'ensemble du dirigeant, et notamment, il faut dire, la connivence de, non seulement la connivence d'ailleurs, mais l'action vraiment effective de Nicolas Sarkozy, le contournement de ce vote, en mettant en place ce qu'on a appelé ensuite un mini-traité, c'est-à-dire un traité censé être uniquement technique, dans lequel on ne mettait rien qui a pu être...
- C'est l'une des thèses de votre livre, parce qu'effectivement, Nicolas Sarkozy vous dira, après tout, la démocratie a été respectée, puisqu'il...
- Il a fait campagne en 2007, en expliquant qu'il allait faire ce mini-traité.
- C'est là, en fait, il y a deux réponses à cet...
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