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La guerre en Ukraine et l’unanimisme des médias et de l’opinion


Élisabeth Lévy réagit à l'unanimisme au sujet de la guerre en Ukraine.

Élisabeth Lévy réagit à l'unanimisme au sujet de la guerre en Ukraine.

Pas d’ambiguïté : la condamnation unanime de Poutine est justifiée. Il y a bien un agresseur et un agressé. Le problème c'est que cette affaire nous empêche de penser parce que sur fond d’éditions spéciales des chaines d'informations, le tryptique des temps de guerre revient : unanimisme, manichéisme, sentimentalisme. Que Poutine soit coupable ne doit pas nous dispenser de nous interroger sur les responsabilités américaines, européennes et ukrainiennes dans la montée aux extrêmes. Or, il n'y aucun débat et quiconque ose un bémol, ou tente de comprendre le point de vue russe est un suppôt de Poutine. On assiste au triomphalisme un peu malsain des libéraux sur le mode, on vous l’avait bien dit. 

Certes Eric Zemmour et Marine Le Pen ont été trop complaisants avec Poutine mais primo comme le dit Hubert Védrine, le Poutine d’aujourd’hui n’est pas le même que celui de 2000, ni même de 2015, personne n'imaginait qu'il envahirait l'Ukraine et deuxièmement, on pouvait critiquer le traité de Versailles sans être un partisan de Hitler. On doit pouvoir critiquer notre politique vis-à-vis de la Russie. Or, dans cette ambiance pesante d’union sacrée c’est quasiment impossible. 

Le manichéisme va de pair avec l’unanimisme. C'est le combat du bien contre le mal. On nous explique que c'est le retour de Hitler et Staline.

Des centaines de micros sont tendus à des centaines de gens qui souffrent. Certes, cela fait partie du tableau. Le problème c’est qu’on n’a rien d’autre. Des réfugiés qui parlent de leurs malheurs, ce n’est pas une analyse. De même, on nous explique qu’il y a des explosions à Kiev et ailleurs. Certes, mais qu’est-ce qui explose ? Sur le plan militaire, on ne sait à peu près rien alors qu’il y a des centaines de journalistes sur place. Moi j’aimerais bien savoir ce que pensent les Russes. 

Bref, on a un récit irénique et assez peu d’explications convaincantes. Le risque est que, comme toujours et comme le disait un sénateur américain en 1917, the first casualty, la première victime de la guerre soit la vérité. 

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