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Élisabeth Allaire, la faiseuse de champions

Nom : Allaire

Prénom : Élisabeth

Profession : Entraineur

Dans le Calvados, à Crèvecœur-en-Auge, les matins s’éveillent au bruit des sabots et aux regards acérés d’un entraîneur pas comme les autres. Élisabeth Allaire n’est pas tombée dans le monde hippique : elle y est née. Fille de l’immense entraîneur de trot Philippe Allaire, petite-fille de Pierre-Désiré Allaire, driver victorieux du Prix d’Amérique en 1978, elle grandit entre paddocks et poteaux d’arrivée. Pourtant, la jeune femme ne se contente pas d’un héritage : elle le transcende.

Une apprentie en selle sur le monde

Avant de devenir entraîneur, Élisabeth Allaire a beaucoup observé, écouté, appris. Elle débute comme lad-jockey dans les écuries familiales et signe plus de 60 victoires à cheval, notamment à Vincennes. Après ça, elle part se former auprès des plus grands entraîneurs de galop : deux ans chez Alain de Royer-Dupré à Chantilly, des stages à Keeneland (États-Unis), chez John Gosden en Angleterre, Willie Mullins en Irlande, ou encore Joseph O’Brien. De retour en France, elle affine ses armes dans l’écurie d’obstacle de François Nicolle. À chaque étape, elle tisse une vision globale du métier, à la croisée du galop et de l’obstacle, du trot et du plat, de la rigueur et de la passion.

L’éclosion d’une écurie, la naissance d’un style

En 2022, elle saute le pas : elle fonde sa propre écurie, au Haras de Beauvatier, dans les anciens boxes de Peter Derycke, un lieu est chargé d’histoire. Elle démarre avec une quarantaine de chevaux, dont plusieurs AQPS, et des propriétaires fidèles à son regard. Très vite, les résultats suivent. Le 20 juin, Jolimone du Gouet lui offre sa première victoire. Quinze jours plus tard, Go Fast s’impose sur les obstacles. En six mois, elle signe six succès pour seulement 31 partants.

Kamaro, Kamsinéa et la conquête du Groupe 1

En 2023, Élisabeth Allaire entre véritablement dans la lumière. Avec Kamaro d’Huez, elle s’impose dans trois des plus belles épreuves AQPS de la saison : le Prix de l’Isle-Briand (Groupe 3), le Prix du Bourbonnais (Groupe 2), et le Jacques de Vienne (Groupe 1). En parallèle, Kamsinéa, montée par son compagnon Théo Chevillard, décroche le prestigieux Prix Bournosienne (Groupe 2). Ces deux chevaux la propulsent dans le cercle fermé des entraîneurs de black-type. En moins de deux saisons, elle a transformé l’essai.

Ce qui frappe chez Élisabeth Allaire, c’est son approche méticuleuse. Héritière du trot, elle conserve cette rigueur dans la préparation physique, la gestion des soins, la lecture fine de la condition. À cela, elle ajoute une vision moderne du métier : travail collectif avec ses jockeys, soin du mental des chevaux, attention portée à chaque détail du quotidien.

Une ascension mesurée mais irrésistible

Aujourd’hui, ses statistiques parlent pour elle. En 2024, elle affiche un taux de réussite à la place supérieur à 50 %, avec des résultats constants sur l’obstacle comme sur le plat. En quelques mois, elle a conquis la confiance de nouveaux propriétaires et élargi son effectif. À seulement 31 ans, elle est déjà courtisée et scrutée, preuve que son nom commence à peser dans les paddocks.

Élisabeth Allaire n’a pas choisi la facilité. Elle a refusé l’étiquette, le confort de la filiation. Elle s’est construite ailleurs, autrement, en multipliant les expériences et en forgeant une méthode qui lui est propre. Aujourd’hui, elle incarne cette nouvelle génération d’entraîneurs qui ne se contentent pas de faire courir : ils comprennent, adaptent, innovent. Avec elle, l’avenir des courses se conjugue au féminin… et au présent.

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Rédigé par Luc Boué-Lahorgue

Crédit photos : ©Sud Radio / Pierre Olivier

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