single.php

Malaise dans les institutions : sommes-nous revenus au crépuscule de l'Ancien Régime ?

J’évoquais hier le malaise dans le secteur public. Ce malaise s’étend en réalité à tout le fonctionnement de notre société, nos institutions sociales, politiques et judiciaires.

Il n’est d’ailleurs pas propre à la France. Un peu partout, on a l’impression que tout est en train de se désagréger et que les gouvernants sous-estiment ou minorent ce sujet, comme les commentateurs d’une manière générale. On a le sentiment d’être un peu à la veille de la fin de l’Ancien Régime, quand tout allait mal et que rien ne marchait. Beaucoup d’affaires judiciaires ressemblent à l’affaire du collier de la reine, qui a été l’un des grands ébranlements de la monarchie française. Le rappel par Louis XVI des Parlements qui avaient été renvoyés par Louis XV a marqué le début de la fin de l’Ancien Régime, et on a l’impression d’être dans une situation semblable.

Décomposition de la société, des hiérarchies sociales et des institutions. Regardez le Parlement : il marche tellement mal qu’on gouverne par ordonnances. On nous explique alors que c’est pour moderniser la démocratie car elle ne va pas assez vite. Mme Belloubet a provoqué un scandale hier en expliquant qu’il fallait distinguer le nombre et la qualité des amendements, comme si dans une démocratie il revenait au gouvernement de juger de la qualité des amendements recevables... C’est effarant, toutes les oppositions sont sorties et ça prouve un malaise très profond. Malaise du gouvernement vis-à-vis de ses propres agents publics, de sa capacité à gouverner et à avoir une politique dans la mondialisation et face à l’Europe.

Et puis il y a la question des institutions judiciaires et de son rapport avec les autres institutions. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’il faut sans doute analyser ce qu’il se passe avec Nicolas Sarkozy. Quels qu’en soient les motifs, il me semble qu’il faudra, à la fin de cette histoire, juger de la manière dont les juges font leur travail. Est-ce qu’ils le font avec assez de discernement ? Il est trop facile de dire d’un côté "indépendance de la justice, personne n’a de compte à rendre" et de l’autre "un ancien président de la République est un justiciable comme un autre". S’il était un justiciable comme un autre, on en parlerait pas autant… Il a été président de la République donc il n’est pas tout à fait un justiciable comme un autre, même si ça ne veut pas dire qu’il n’est pas soumis aux lois comme les autres, mais il faut encore plus de discernement quand on le met en cause notamment à partir de témoignages d’intermédiaires douteux.

On retrouve tous les ingrédients : les intermédiaires douteux, les vengeances... Pour faire une boutade de mauvais goût, c’est comme si Hitler avait dit dans son bunker avoir financé la campagne de Churchill et qu’on ait immédiatement ouvert une enquête préliminaire et mis en examen Winston Churchill... Je ne connais pas le dossier, j’ai confiance en Nicolas Sarkozy qui est mon ami. Personnellement, je n’ai jamais perçu d’indices accréditant les thèses de l’accusation. L’essentiel des témoignages viennent de Kadhafi, de ses proches et d’intermédiaires douteux.

Tout cela crée un climat étrange dans lequel l’autorité de l’État s’effrite chaque jour et l’autorité des institutions se désintègre. Sont-ce les effets retardés à long terme de la désintégration et de la destruction de mai 68 ? On peut se poser la question en ce cinquantième anniversaire de cette page pas forcément la plus intelligente de l’histoire de France.

L'info en continu
21H
20H
19H
18H
17H
16H
Revenir
au direct

À Suivre
/