Des enquêtes pénales vont être diligentées "selon les situations" sur des révélations de violences sexuelles au sein du collège-lycée Saint-Stanislas, à Nantes, a annoncé jeudi le parquet, destinataire depuis le mois d'août d'une trentaine de courriers.
Le parquet de Nantes a dit avoir reçu à ce jour 31 courriers concernant Saint-Stanislas. Fin septembre, un mois après la conférence de presse qui évoquait de premiers témoignages - courant des années 1950 à 1990 - le diocèse avait dit avoir récolté 63 signalements concernant cet établissement.
"Quinze courriers émanent de victimes et seize émanent de témoins", portant sur des faits "commis principalement dans les années 1960", a précisé le procureur de la République de Nantes, Antoine Leroy.
"Certaines personnes se sont également rendues dans des commissariats de police pour donner des informations ou déposer plainte", a-t-il expliqué, sans préciser leur nombre.
Neuf personnes sont mises en cause, principalement des membres du clergé, certaines décédées.
"Selon les situations, des enquêtes pénales vont être diligentées", a ajouté le procureur.
Une enquête avait déjà été ouverte début septembre après le suicide en 2024 d'un quadragénaire ayant confié avoir été victime de violences sexuelles lorsqu'il était interne.
Fin septembre, un collectif de victimes a été fondé. "C'est en le constituant qu'on a découvert qu'on était passés dans le même système de prédation", a expliqué à l'AFP Emmanuel Cocaul, 60 ans, élève à Saint-Stanislas entre 1976 et 1984.
Dès 2020, il avait témoigné auprès de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) d'agressions sexuelles commises par un aumonier - décédé depuis - entre ses 11 et 14 ans.
"J'ai toujours su que c'était anormal, mais le système ne reposait pas, à la différence de Bétharram par exemple, sur de la violence physique directe. C'était plus doucereux. On se pensait seul", a-t-il déclaré.
"Peut-être que ce type de prêtre repère les élèves solitaires. J'étais la brebis fragile, facile à attraper", raconte un autre membre du collectif, préférant rester anonyme, ajoutant avoir ressenti une "grande tristesse" mais aussi une "once de soulagement" après avoir appris qu'il n'était pas la seule victime.
Le rapport de la Ciase publié en 2021 estimait à 330.000 le nombre de mineurs victimes de violences sexuelles au sein de l'Eglise. 108.000 d'entre elles auraient été agressées dans le cadre de l'enseignement scolaire catholique, a estimé depuis le président de la Ciase, Jean-Marc Sauvé.
AFP / Nantes (AFP) / © 2025 AFP