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Prudhomme : "Après l'étape, Macron me dit 'Moi aussi je vais faire mon échappée'"

Par Benjamin Jeanjean

Directeur du Tour de France, Christian Prudhomme était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce vendredi pour évoquer le prochain départ de la plus grande course cycliste du monde.

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C’est l’un des événements sportifs les plus regardés dans le monde entier, une institution centenaire qui fait la fierté de la France et des Français. Le 7 juillet 2018, à Noirmoutier, le Tour de France s’élancera pour la 105ème fois sur les routes de France. Un départ décalé cette année en raison de la Coupe du monde de football, comme le justifie le directeur du Tour, Christian Prudhomme, invité du Grand Matin Sud Radio ce vendredi. "Il y a toujours une adaptation par rapport aux Jeux Olympiques. En 2020, quand le Tour s’élancera de Nice, il partira le 27 juin, une semaine plus tôt, puisqu’il y aura ensuite la concurrence avec les Jeux de Tokyo qui commenceront cinq jours après la fin du Tour. Là, il y avait une concurrence horaire frontale. Il y aurait eu sept matches à 16h ou 17h, au moment où l’étape arrive. Le cyclisme en général, pas seulement le Tour mais aussi l’Union Cycliste Internationale (UCI) et toutes les équipes, a souhaité que le Tour soit déplacé d’une semaine. Un tout petit regret : on ne passera pas par le Gois en partant de la Vendée, cette route extraordinaire qui relie Noirmoutier au continent. Le hasard faisant bien les choses, c’était marée basse une semaine plus tôt, ce sera marée haute quand on y sera le 7 juillet. On passera par le pont, ce sera aussi très beau !", déclare-t-il.

"Il nous faut une réponse pour Christopher Froome"

Forcément, un nom est aujourd’hui sur toutes les lèvres du petit monde du vélo : Christopher Froome. Le Britannique, quadruple vainqueur de la Grande Boucle, est en effet au centre d’une tempête judiciaire et médiatique depuis la révélation de son contrôle antidopage "anormal" en septembre 2017. Alors que les règles l’autorisent à disputer des courses en attendant que son cas soit définitivement tranché, le leader de l’équipe Sky en profite pleinement, lui qui est actuellement sur le Giro (Tour d’Italie). Mais sa présence sur le Tour reste incertaine. "Je dis et je répète depuis le mois de décembre qu’il faut une réponse rapide. On sait aujourd’hui que ce n’est pas rapide. Il est sur le Giro puisqu’il a parfaitement le droit de courir légalement selon les règles de l’Agence Mondiale Antidopage. Mais il nous faut une réponse. Si j’en crois les propos de David Lappartient, le président de l’UCI, nous l’aurons avant le Tour. Il nous la faut. (…) Ça s’est déjà produit avec Contador il y a quelques années avec le Giro, qu’il a gagné, et on a ensuite expliqué aux gens qu’il n’aurait pas dû être au départ. On ne veut plus vivre ça. Il faut absolument changer la règle pour que ce genre de doute et de suspicion n’existe plus", martèle Christian Prudhomme à ce sujet.

Si le dopage biologique sera donc encore une fois un sujet de discussion cet été, le spectre du dopage mécanique est également de plus en plus présent au sein du peloton. Un fléau que Christian Prudhomme entend bien combattre. "David Lappartient a toujours mis en avant l’éthique. Dès son arrivée, il a nommé Jean-Christophe Péraud, l’ancien coureur vice-champion olympique de VTT, deuxième du Tour de France 2014 et ingénieur chez Areva, à la tête de la lutte contre la fraude mécanique. Des mesures ont déjà été prises puisque dès le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, il y avait un camion de rayons X à l’arrivée. Il travaille aussi avec le Commissariat à l’Énergie Atomique de Grenoble pour développer une puce qui serait – on l’espère dès l’an prochain – sur les vélos non pas pour trancher à l’instant T mais pour pouvoir dire en permanence s’il y a un moteur ou pas. Évidemment, nous sommes à fond derrière pour aider", promet-il.

"Les hôtesses ? Ces jeunes femmes n’ont pas du tout le sentiment d’être mal traitées"

Le directeur du Tour s’est également exprimé sur la polémique sur les hôtesses du Tour, que certaines personnes aimeraient ne plus voir sur les podiums. Christian Prudhomme l’assure : elles seront là et bien là cet été. "Bien sûr qu’il y aura des hôtesses. Ce qu’il faut préciser, c’est que nous avons aussi des hôtes sur nos courses féminines ! Et je n’ai pas entendu une seule fois quelqu’un demander à l’hôte s’il était au bon endroit ou pas. La ministre des Sports a encore répété avant-hier qu’elle n’avait pas le sentiment qu’on se moquait des jeunes femmes, qui sont bien souvent des professionnelles. On les voit sur le podium, mais on ne voit pas ce qu’elles font par ailleurs. Quand vous êtes sur le Tour, les hôtesses de LCL (partenaire principal du maillot jaune) distribuent les journaux, donnent la revue de presse, accueillent les gens. Il y a beaucoup d’étudiantes, et ces jeunes femmes n’ont pas du tout le sentiment d’être mal traitées", affirme-t-il.

"Biensûr, il y aura des hôtesses sur le #TDF2018. Je précise que nous avons aussi des hôtes sur nos courses féminines ! Je n’ai pas entendu une seule fois quelqu’un demander à l’hôte s’il était au bon endroit ou pas" (C. Prudhomme, directeur @LeTour)

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— Sud Radio (@SudRadio) 18 mai 2018

Enfin, l’ancien journaliste n’a pas échappé à la traditionnelle question sur le rapport entre les hommes politiques et le Tour, formidable vitrine médiatique de nos jours. "L’immense majorité comprend ce qu’est le Tour de France et son aspect populaire, au-delà de la compétition. Le Tour de France, c’est 3500 kilomètres de sourire. Ces gens sont heureux d’être là, c’est une parenthèse de bonheur et d’insouciance dans un monde qui n’est pas toujours simple. Et il y a réellement au bord des routes de France ce lien social entre des femmes, des hommes, des anciens, des jeunes, des étrangers, etc. Ce lien social, les élus le comprennent. Après, il y a des vrais spécialistes. Un Nicolas Sarkozy par exemple, ce n’est pas facile de l’avoir sur le palmarès !", glisse-t-il avant de s’attarder plus longuement sur le cas d'Emmanuel Macron.

"Macron me dit : "Je crois que moi aussi je vais faire mon échappée""

"Emmanuel Macron est venu sur le Tour comme ministre de l’Économie en 2015. Le Premier ministre Manuel Valls et son homologue néerlandais avaient décidé de créer une année économique France-Pays-Bas qui débutait avec le Tour de France qui partait d’Utrecht. Il était donc là pour la remise de la Légion d’Honneur aux deux Néerlandais vainqueurs du Tour de France. Il est revenu l’année suivante dans l’étape de Luchon. Dans la descente du col de Peyresourde, Chris Froome s’échappe. À l’arrivée, Emmanuel Macron me dit : "Je crois que moi aussi je vais faire mon échappée". On sait ce qu’il s’est advenu...", conclut-il.

Réécoutez en podcast toute l’interview de Christian Prudhomme dans le Grand Matin Sud Radio

 

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