Basket/Mondial-2023: Francisco, le meneur "américain" des Bleus

"Il joue comme un Américain!": le meneur Sylvain Francisco, avec ses appuis rapides et sa détente impressionnante, présente au sein des Bleus un profil atypique, formé aux Etats-Unis dans la concurrence féroce des lycées et poli en Europe, qui pourrait s'avérer précieux au Mondial de basket.

Philip FONG - AFP/Archives

"Il joue comme un Américain!": le meneur Sylvain Francisco, avec ses appuis rapides et sa détente impressionnante, présente au sein des Bleus un profil atypique, formé aux Etats-Unis dans la concurrence féroce des lycées et poli en Europe, qui pourrait s'avérer précieux au Mondial de basket.

La formule vient de Moustapha Fall, le pivot de l'équipe de France et de l'Olympiakos qui s'est frotté cette saison à Francisco dans le championnat grec.

A 25 ans, "The Arrow" ("La Flèche", son surnom), y évoluait sous les couleurs de Peristeri, six ans après être rentré des Etats-Unis où il a développé ses qualités de meneur à l'américaine: explosivité, capacité à gagner ses duels, qualité de tir et détente verticale.

Francisco, qui dit mesurer 1,85 m (1,79 m selon la Fédération française), revient en France à l'été 2017 en signant à Boulogne-Levallois avant de faire un crochet de deux ans par la deuxième division (Paris), Roanne puis Manresa en Espagne.

Ce parcours sinueux le mène à l'été 2022 à Peristeri en Grèce, où la légende nationale Vasilios Spanoulis le polit.

Sous les ordres du meilleur marqueur de l'histoire de l'Euroligue, il s'installe dans un rôle de créateur et étoffe sa palette, y ajoutant des caractéristiques propres au jeu européen, plus collectif.

Mais le technicien grec ne veut pas dénaturer le jeu du gamin de Sevran (Seine-Saint-Denis).

"Spanoulis me disait tout le temps que quand j'hésite, je suis un joueur lambda, mais quand je joue avec mon instinct, je suis un +One million dollar player+", un joueur à un million de dollars, capable de rendre fou ses adversaires, racontait Francisco à l'AFP il y a quelques semaines.

"C'est un gars qui peut déverrouiller des défenses juste par sa présence, c'est toujours bon d'avoir un joker comme ça dans l'équipe", estime Moustapha Fall.

- Carte à jouer -

Le meneur français Sylvain Francisco lors d'un match de préparation au Mondial face au Japon, le 17 août 2023

Le meneur français Sylvain Francisco lors d'un match de préparation au Mondial face au Japon, le 17 août 2023

Philip FONG - AFP

Vincent Collet, le sélectionneur des Bleus, compte lui aussi sur les capacités déroutantes de Francisco, auxquelles il a fait appel pour la première fois en février 2022.

"Je sais qu'il peut mettre des tirs à 3 points mais je préfère quand il attaque le cercle, c'est quand même le joueur le plus rapide de l'équipe", soulignait-il après le succès contre le Venezuela en match de préparation, début août.

Ces qualités, qui vont le conduire cette saison à découvrir l'Euroligue avec le Bayern Munich, pourraient être d'autant plus précieuses au Mondial en l'absence de Thomas Heurtel.

Le meneur titulaire à l'Euro-2022, lui aussi capable de débloquer des situations par quelques fulgurances, s'est mis hors jeu en signant à l'automne 2022 avec le club russe du Zenit Saint-Pétersbourg, ce qui le rend inéligible pour la sélection selon la règle édictée par la Fédération française après l'invasion de l'Ukraine.

Derrière Nando De Colo, meneur du cinq de départ, Elie Okobo a davantage un profil d'arrière, alors que Frank Ntilikina a dû renoncer à la Coupe du monde, blessé.

- "Je ne parle pas assez" -

Alors Francisco, bandeau blanc et t-shirt sous le maillot, engrange du temps de jeu, comme face au Japon le 17 août, sa prestation la plus aboutie de la préparation, avec 23 minutes passées sur le parquet pour 14 points et 3 passes décisives. Et quelques jolies incursions dans la raquette.

Nouveau venu (13 sélections) après avoir gagné ses galons pendant les dernières fenêtres internationales en l'absence des joueurs NBA et d'Euroligue, il apprivoise petit à petit le fonctionnement d'un groupe aux cadres bien installés (Gobert, Batum, Fournier, De Colo etc.).

"Au début, je ne réalisais pas, mais dès que j'ai été avec eux, j'ai vu que je ne parlais pas assez sur le terrain", explique-t-il.

"Rudy m'a tout de suite expliqué des choses sur les défenses, Nando aussi, et je me suis dit qu'il fallait que je me lâche: si Rudy veut que je joue d'une certaine façon, moi aussi je peux lui demander des choses", assure le meneur.

Avant d'ajouter, en riant: "Ce sont des grands joueurs, mais ils ont deux bras, deux jambes comme moi, ce sont des humains!" Bien décidés à aller chercher le premier titre mondial des Bleus.

Par François BENEYTOU / Jakarta (AFP) / © 2023 AFP


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