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Wauquiez, Colbert et couscous : trois polémiques aussi inutiles que délétères

On a battu des records cette semaine : au moins trois polémiques totalement absurdes et malsaines qui montrent à quel point notre société traverse un profond malaise.

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La première polémique est politicienne, c’est celle qui concerne la retraite de Laurent Wauquiez. On a parlé d’emploi fictif, d’immoralité, de scandale, parce que Laurent Wauquiez a accumulé des droits à la retraite depuis qu’il a quitté le Conseil d’État. Rappelons les circonstances : à la sortie de l’Ena il est nommé au Conseil d’État, fait trois ans d’auditorat comme il se doit puis est nommé maître des requêtes et se met en disponibilité deux mois après pour accomplir des mandats électifs. Les règlements l’autorisent à cotiser pour accumuler des droits à la retraite au régime de la fonction publique, ce qu’il fait. Rien d’illégal, rien d’immoral, pas d’emploi fictif, cette polémique est une polémique politicienne qui ne sert personne dans le climat délétère du tous pourri dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.

Deuxième polémique, la proposition du Cran (Conseil Représentatif des Associations Noires de France), dont le président a publié une tribune dans Le Monde, qui au prétexte que Colbert a rédigé le Code noir, première codification de l’esclavage dans les colonies françaises, de débaptiser les collèges et lycées qui portent son nom. Sans revenir sur ce qu’est le Code noir et le fond de l’affaire, pour avoir une idée de l’absurdité de cette proposition, il suffit d’imaginer où cette logique nous mène si on va jusqu’au bout de celle-ci. Au nom de cette logique, on débaptisera les lycées Voltaire, puisqu’il avait quelques actions de la Compagnie des Indes qui pratiquait aussi la traite négrière, on débaptisera peut-être aussi les lycées Montesquieu, au prétexte que certains jugent des passages de L’Esprit des lois esclavagistes. À ce compte-là, on pourrait peut-être aussi débaptiser les établissements Jules Ferry, qui était colonialiste, ou Robespierre, le père de la Terreur… Bref, on sombre dans le ridicule et cela crée des déchirures et des affrontements inutiles dans la société française. Cet anachronisme et cette guerre des mémoires deviennent délétères.

La troisième polémique, c’est le bouquet. Florian Philippot va dans un restaurant de couscous avec quelques cadres du Front national, et cette "trahison culinaire" a fait au FN une polémique terrible. Là encore, on est en pleine délire. D’abord parce que le couscous est l’un des plats préférés des Français dans toutes les enquêtes, ensuite parce que contrairement à ce que certains militants du FN pensent, le couscous n’a pas été importé par les travailleurs immigrés, mais pour l’essentiel par les rapatriés d’Algérie des années 1960 (une clientèle fidèle du Front national, dans le sud de la France). À ce compte-là, il nous faudrait récuser la tomate, une création des Incas, les pâtes et le riz qui viennent de Chine, l’aubergine qui vient des Indes… On n’en sort pas.

Réécoutez également ici le podcast de l'édito d'Henri Guaino dans le Grand Matin Sud Radio

 

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