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Viols de Mazan: un séropositif, un menteur invétéré... huit nouveaux accusés passés au crible

Bien que séropositif, l'un est accusé d'être venu violer six fois Gisèle Pelicot sans préservatif ; un autre d'avoir voulu reproduire le même procédé de soumission chimique sur sa propre compagne. Les cas de huit nouveaux accusés sont entendus cette semaine au procès des viols de Mazan.

Benoit PEYRUCQ - AFP/Archives

Bien que séropositif, l'un est accusé d'être venu violer six fois Gisèle Pelicot sans préservatif ; un autre d'avoir voulu reproduire le même procédé de soumission chimique sur sa propre compagne. Les cas de huit nouveaux accusés sont entendus cette semaine au procès des viols de Mazan.

Après une semaine d'interruption, la cour criminelle de Vaucluse a repris ses travaux par l'examen de personnalité de ces hommes qui figurent parmi la cinquantaine accusés d'avoir agressé sexuellement Mme Pelicot, à l'invitation de son ex-mari qui la droguait.

Absente lundi, Gisèle Pelicot devrait faire son retour mardi à Avignon. Dominique Pelicot, 71 ans, a assisté en silence aux débats dans le box des accusés.

Une fois encore, les enquêtes ont révélé chez certains des accusés des vécus de violences sexuelles.

Le récit de l'enfance de Romain V., célibataire séropositif de 63 ans, qui s'est rendu à six reprises à Mazan sans jamais porter de préservatif, a laissé sans voix le président de la cour Roger Arata.

Romain V. a vécu dans le Nord de la France une enfance digne des "Misérables" de Victor Hugo: enfermements à la cave, privations de nourriture, violences physiques, psychiques et sexuelles de la part de parents dignes des Thénardier, le tout dans un climat incestueux.

Cet homme, qui n'a par la suite connu qu'une succession d'échecs, sera interrogé plus tard dans la semaine sur la manière dont il a contracté, aux abords de la cinquantaine, le VIH, sujet qu'il n'a jusqu'ici pas clairement évoqué.

- "forts besoins" sexuels -

La cour s'est aussi penchée sur le cas de Cédric G., un technicien en informatique de 50 ans aux "forts besoins" sexuels, selon l'enquête de personnalité.

Violé par un oncle vers 12 ou 14 ans, il a été recruté comme les autres sur le site coco.fr par Dominique Pelicot pour venir violer son épouse, sédatée à son insu.

Mais il est aussi soupçonné d'avoir eu l'intention de reproduire, avec l'aide de Dominique Pelicot, qui aurait souhaité en faire son disciple, le même procédé de soumission chimique sur sa propre compagne, un projet auquel il aurait finalement renoncé.

Entendue comme témoin, une de ses anciennes compagnes a raconté l'avoir quitté après s'être rendue compte qu'il diffusait des vidéos intimes d'elle sur des sites échangistes, vidéos accompagnées de toutes ses coordonnées, comme il l'a fait pour d'autres femmes.

Une autre ex-partenaire de Cédric G. a affirmé qu'il l'avait poussée à se prostituer après lui avoir promis le mariage. Une troisième, avec qui il entretenait une relation en parallèle et à qui il avait également promis le mariage, a assuré que Cédric G. lui avait expliqué après son arrestation "savoir qu'il était déviant mais qu'il avait continué parce qu'il ne se faisait pas attraper".

- un viol au domicile de la fille de Gisèle Pelicot -

Ludovick B., intérimaire de 41 ans au chômage, est pour sa part soupçonné d'avoir violé Gisèle Pelicot en 2019 avec la complicité de son ex-mari, au domicile de leur propre fille Caroline Darian, en région parisienne.

Lui aussi avait révélé tardivement à ses proches avoir été victime à l'adolescence de viols commis par le père d'un ami, commandant chez les pompiers, ce qui l'aurait marqué à vie, selon son médecin de famille venu à la barre lui apporter un soutien sans faille, tout comme la mère de ses deux enfants et deux amis.

Les autres accusés de cette semaine sont Cendric V., manager de restaurant de 42 ans ; Saifeddine G., chauffeur routier de 36 ans ; Paul G., ouvrier de 31 ans, âgé de 22 ans au moment des faits ou encore Omar D., agent d'entretien de 36 ans. Hassan O., 30 ans, toujours visé par un mandat d'arrêt international, sera jugé in absentia.

Après l'audition des experts psychologues mardi, les faits qui leur sont reprochés seront abordés à partir de mercredi.

Sur les 51 accusés de ce procès, emblématique des questions de la soumission chimique et du consentement, 36 ont défilé depuis le 2 septembre. Le verdict est attendu pour le 20 décembre.

La plupart sont poursuivis pour viols aggravés et risquent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle. Mais très peu assument ces faits, persistant avoir été invités voire appâtés par Dominique Pelicot pour participer au scénario d'un couple libertin.

Par Philippe SIUBERSKI / Avignon (AFP) / © 2024 AFP

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