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Violences conjugales: le nombre de victimes, en hausse, a doublé depuis 2016

Quelque 271.000 victimes de violences conjugales, en très grande majorité des femmes, ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2023, un doublement depuis 2016 dans un contexte de "libération de la parole".

Jacques DEMARTHON - AFP/Archives

Quelque 271.000 victimes de violences conjugales, en très grande majorité des femmes, ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2023, un doublement depuis 2016 dans un contexte de "libération de la parole".

Le nombre de victimes enregistrées a augmenté de 10% entre 2022 et 2023, selon l'étude annuelle du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), qui inscrit cette hausse continue dans le "contexte de libération de la parole et d'amélioration des conditions d'accueil des victimes".

Comme les années précédentes, la très grande majorité des victimes sont des femmes (85%) alors que les mis en cause sont le plus souvent des hommes (86%) et de nationalité française (83%), relève le SSMSI.

Ce doublement depuis 2016 "montre que les femmes continuent d'être de plus en plus nombreuses à sauter le pas de porter plainte et c'est une excellente nouvelle", estime auprès de l'AFP la présidente de la Fondation des Femmes Anne-Cécile Mailfert.

"Maintenant il faut que les budgets suivent, il faut des moyens supplémentaires pour accompagner, enquêter, auditionner, juger et puis surtout aussi accompagner les victimes qui, à partir du moment où elles portent plainte, se mettent en danger", ajoute-t-elle, évoquant les risques de représailles du conjoint ou de l'ex-conjoint.

Selon le ministère de l'Intérieur, les deux tiers des violences conjugales (64%) consistent en des violences physiques.

Trente-deux pour cent des victimes ont subi des violences verbales ou psychologiques, dont du harcèlement moral (17%), des menaces (12%), des atteintes à la vie privée (1%) ou des injures et diffamations (1%). Quatre pour cent ont été victimes de violences sexuelles.

Pour 2% des victimes de harcèlement moral, les faits ont mené au suicide ou à une tentative de suicide, précise le SSMSI. Au total, 115 homicides conjugaux et 437 tentatives d'homicides ont été commis en 2023.

Comme en 2022, le Pas-de-Calais, la Réunion, le Nord, la Somme et la Seine-Saint-Denis "figurent parmi les départements qui affichent les plus forts taux de victimes enregistrées pour 1.000 habitantes" âgées de 15 à 64 ans, selon le ministère.

- Données partielles -

Ces données ne sont pas représentatives du phénomène des violences conjugales dans son entier, les victimes enregistrées par les services de sécurité ne représentant qu’une partie des personnes ayant subi ce type de violence chaque année, "ces faits pouvant n’être jamais signalés ou l’être plus tardivement", relève le SSMSI.

Selon l’enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS), seules 14% des victimes ont ainsi porté plainte auprès des services de sécurité pour les faits qu’elles ont subis en 2022.

"Bien sûr, les choses ont évolué depuis le Grenelle de 2019, évidemment que les forces de police améliorent leur pratique" mais l'heure n'est pas à crier cocorico, il faut redoubler d'efforts", estime Mine Günbay, directrice générale de la Fédération nationale Solidarité Femmes.

"Il y a encore beaucoup à faire", abonde Ernestine Ronai, responsable de l'Observatoire des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis. "On a besoin de permettre aux femmes d'avoir confiance dans les forces de sécurité et dans la justice, on a besoin que l'ensemble des professionnels qui sont en lien avec des femmes victimes soient formés, on n'y est pas encore."

Dans un communiqué publié mercredi, la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité femmes-hommes Salima Saa a promis qu'elle annoncerait "des mesures concrètes et efficaces" le 25 novembre, à l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Ces mesures, précise-t-elle, viseront "à améliorer les dispositifs d'aller-vers" les victimes notamment en milieu rural, renforceront "l’accueil et de la prise en charge des victimes" via une "formation des acteurs en première ligne, et porteront également sur l'accompagnement des victimes.

AFP / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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